Un service méconnu du ministère du Travail : le Centre d’orientation et de réemploi (1946-1952)
Lettre du comité Jeunes chercheurs du CHATEFP n°4 | Octobre 2025
Publié le Mis à jour le 31/10/2025 |
La lettre de Quentin Lohou nous fait découvrir un service méconnu du ministère du travail, le centre d’orientation et de réemploi (COR), créé en 1946. L’objectif porté par les ministres du travail, de la fonction publique et de l’économie, est de répondre au « plan de dégagement » des fonctionnaires voté en février 1946 pour faire des économies budgétaires par l’instauration d’un « droit au reclassement » des fonctionnaires licenciés.
L’augmentation du nombre des fonctionnaires, l’une des raisons du plan de dégagement des cadres, est indéniable. 402 000 en 1914, 857 000 en 1946. Leur doublement s’explique principalement par l’augmentation du nombre des non-titulaires, recrutés pendant les deux guerres pour remplacer les agents absents (mobilisés, prisonniers…) ou dans des services considérés comme temporaires.
Les non-titulaires inscrits, « public cible » du COR, sont 79 300 pour 3 134 titulaires sur la période allant de la création du COR en 1946 au 31 décembre 1952. Les reclassements, sur la même période, s’effectuent dans le secteur privé (29 000 soit 35 % des inscrits) et public (23 000 soit 28 %), 26 000, soit 32 % étant considérés comme « reclassés par eux-mêmes ».
Au-delà de ces chiffres, le COR marque une innovation institutionnelle. Il élargit aux fonctionnaires licenciés le droit au reclassement. Il fonctionne de façon paritaire, avec une commission nationale composée de représentants de l’administration et de syndicats.
L’encadrement du reclassement qui apparait au travers des nombreuses circulaires citées par Quentin Lohou, révèle la permanence des enjeux. L’ANPE, créée en 1967, puis Pôle emploi et France travail se posent les mêmes questions que les acteurs de l’époque.
- Les procédures de contrôle, qui varient dans le court temps d’existence du COR.
- La nature de l’emploi que doit accepter un demandeur d’emploi, discutée en fonction des contraintes géographiques, de l’âge des demandeurs d’emploi.
- Le devenir inconnu d’une part importante des demandeurs d’emploi, les promoteurs du COR recourant au terme optimiste de « reclassés par eux-mêmes ».
- Le recours à la formation, pour lequel la période récente montre des chiffres très différents, la part des inscrits au COR ayant suivi un stage étant de 1,3 %.