Pour une Europe de l’Insertion : conférence « Les politiques d’insertion en réponse aux défis de la relance »

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La conférence ministérielle « Les politiques d’insertion en réponse aux défis de la relance » a eu lieu le 2 mars, au Beffroi de Montrouge, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. À cette occasion, les représentants du trio de présidences – Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l’Insertion en France, Kateřina Štěpánková, Vice-Ministre tchèque pour lʼEmploi et Roger Mörtvik, Secrétaire d'État auprès de la ministre à l'Emploi et à l'Égalité des Genres en Suède – ont appelé de leurs vœux une « Europe de l’Insertion », qui permette d’accompagner au mieux les personnes fragiles vers l’emploi pour répondre aux besoins du marché du travail.

L’Europe sociale, en particulier sa dimension inclusive, nourrit des attentes fortes de la part des citoyens européens. Selon l’Eurobaromètre sur les questions sociales publié en mars 2021, 88 % des répondants jugeaient l’Europe sociale importante.

En phase avec ces préoccupations, la Commission européenne a accordé au cours des dernières années une place croissante à l’Europe sociale, de la publication du socle de droits sociaux en 2017 à l’annonce, en mars 2021, d’un plan d’action pour le mettre en œuvre. L’objectif : réduire d’au moins 15 millions le nombre de personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale d’ici 2030 et inclure 78 % des adultes entre 20 et 64 ans dans le marché du travail.

Pour ce faire, les initiatives et instruments européens sont nombreux pour encourager et soutenir l’action des États membres : la stratégie européenne en matière de compétences, le plan d’action récent qui vise à stimuler l’économie sociale et créer des emplois, ou encore le Fonds Social européen (FSE+) et le programme ALMA sur la mobilité des jeunes « ni en emploi, ni en formation ».

Les tables rondes de la matinée les ont mis en exergue et ont permis d’échanger sur les politiques d’insertion, avec des acteurs institutionnels des États membres et de la Commission européenne, les partenaires sociaux et des représentants de la société civile :

- Les échanges de la première table ronde ont mis en lumière la nécessité d’une coopération forte et agile entre les acteurs de l’accompagnement social et professionnel pour lever ensemble les freins que rencontrent les personnes qui sont éloignées de l’emploi (mobilité, garde d’enfants, accès au soin, précarité financière, illectronisme, etc.) et permettre des parcours plus fluides.

- La seconde table ronde a ouvert la réflexion sur la façon dont les dispositifs d’insertion évoluent pour développer l’employabilité des personnes et répondre aux besoins du marché du travail. La formation proposée par les entreprises sociales inclusives dans de nombreux pays européens, le mentorat de formation en Suède ou encore les contrats de professionnalisation en France en sont quelques exemples.

L’après-midi, des porteurs de projets des trois États membres ont partagé leurs expériences et débattu de leurs pratiques et résultats. Tout d’abord, les acteurs de projets répondant aux besoins des secteurs en tension, tels que Social Builder en France ou Rubikon en République tchèque, ont fait part de la contribution de leur dispositif au dynamisme économique dans un contexte de relance. Ensuite, des associations, comme Agil’ess en France ou Equal Entry en Suède, ont présenté des projets permettant de lever les freins spécifiques en proposant un accompagnement vers l’emploi adapté à chacune et à chacun (solutions de mobilité ou de gardes d’enfant). Cette conférence a également mis en avant des projets d’accompagnement des grands exclus, à l’image de Convergence France ou Romodrom en République tchèque. Enfin, les dirigeants de projets, comme les Français Lulu dans ma rue, les Tchèques Etincelle ou les Suédois Samhall, ont présenté leur solution d’entrepreneuriat comme un moyen d’insertion professionnelle efficace pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, en particulier les personnes en situation de handicap. Ces interventions ont ainsi nourri les réflexions sur la construction de l’Europe sociale au service des personnes qui en ont le plus besoin.

La conclusion de cette conférence a été l’occasion pour les ministres chargés de l’insertion en France, en République tchèque et en Suède de lancer un appel pour renforcer la prise en compte de l’inclusion sociale et professionnelle des publics fragiles dans les politiques des États membres
et au niveau européen : il faut plus d’Europe dans l’insertion et plus d’insertion en Europe !