Transformation de la validation des acquis d’expérience

Publié le Mis à jour le 24/07/2025 | Temps de lecture : 6 minutes

Le 22 juillet 2025, s’est tenu au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles le premier comité stratégique de la validation des Acquis de l’Expérience (VAE), co-présidé par Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi et avec la participation de Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. 

Ce comité a également réuni des acteurs engagés dans la transformation de la VAE : Régions de France, certificateurs publics et privés, France Travail, services déconcentrés, branches professionnelles, opérateurs et fédérations des accompagnateurs.

La VAE aujourd’hui : un outil puissant mais sous-exploité

La validation des acquis d’expérience (VAE), bien qu’adaptée aux enjeux actuels du marché du travail, demeure une voie peu empruntée. Le taux de déperdition reste élevé, avoisinant 30 % entre la recevabilité et la certification. Malgré les réformes récentes, telles que la loi du 21 décembre 2022 qui visait à multiplier par cinq les diplômés en instaurant un accès universel à la VAE, la procédure demeure perçue comme complexe, coûteuse ou mal accompagnée. 

Se lancer dans une VAE : un accès difficile, peu connu et désincitatif

Une lisibilité insuffisante sur le processus et les bénéfices pour le travailleur et l’entreprise

Jusqu’ici, le dispositif souffrait d’un déficit de lisibilité : des informations dispersées, sans point d’entrée unique, une complexité d’accès, notamment pour les publics éloignés de la formation ou du numérique, des bénéfices peu visibles pour le salarié (reconnaissance, évolution, employabilité, mobilité interne).

Les entreprises, de leur côté, étaient souvent mal informées des possibilités offertes par la VAE, tant pour le développement des compétences que pour la gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels. Faute de lisibilité sur les démarches à entreprendre, sur les bénéfices à court terme pour l’organisation, ou encore sur les coûts mobilisables, elles investissaient peu dans le dispositif.

Cette méconnaissance limitait leur engagement dans une logique de valorisation des parcours internes, alors même que la VAE aurait pu constituer un levier stratégique pour fidéliser les talents, accompagner les reconversions ou anticiper les besoins en compétences.

Mener à terme sa VAE : un parcours semé d’embûches

Des démarches longues et complexes freinent le bon déroulement des parcours. Le déroulement même du processus était trop long (jusqu’à 18 mois). Lourdeurs administratives, absence de dématérialisation complète, délais de réponse incertains… Autant d'obstacles qui découragent, en particulier les candidats les moins diplômés.

Sans cadre commun, la qualité du suivi varie selon les accompagnateurs. Les entreprises engagées dans des VAE collectives manquent, elles aussi, de services adaptés.

Coûts mal anticipés, délais de jury imprévisibles ce qui pénalise les candidats et indirectement les employeurs. Ces délais liés à des difficultés administratives ou de transmission d’information fragilisent la VAE sur son atout principal, celui de la rapidité d’obtenir un diplôme comparé à la durée d’une formation complète. 

Une transformation structurelle et ambitieuse 

La transformation actuelle de la VAE, souhaitée par la ministre d’État, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et la ministre chargée du Travail et de l’Emploi s’inscrit dans une ambition globale de fluidité accrue des carrières de valorisation des compétences. Elle poursuit trois objectifs majeurs : accroître le taux d’emploi, favoriser la progression salariale et élever le niveau global de qualification et de productivité.

« La loi du 21 décembre 2022 a posé une ambition nouvelle : celle d’un accès universel à la VAE, avec un accompagnement renforcé. Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape, pour tenir une promesse simple et essentielle : tout actif — salarié, demandeur d’emploi, agent public — qui a besoin d’un diplôme pour évoluer, se reconvertir ou retrouver un emploi, et qui justifie d’une expérience pertinente, doit pouvoir accéder à la VAE de manière fluide, rapide et lisible.La VAE est bien plus qu’un outil administratif, c’est une reconnaissance. »
Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi.

« À mon arrivée rue de Grenelle, je me suis engagée à ce que tous les CAP, baccalauréats professionnels, et BTS de mon ministère soient accessibles sur la plateforme d’ici la fin de l’année civile. Il s’agit là d’une avancée majeure vers l’universalisation de la VAE. Car derrière chaque parcours VAE, il y a une ambition : celle de rendre justice à l’expérience, de réconcilier parcours de vie et reconnaissance professionnelle, et de bâtir une société où chacun peut progresser tout au long de sa vie. La VAE, c’est la promesse d’un meilleur poste, d’un meilleur salaire, d’une reconversion possible. »
Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Objectif : faire de la VAE un véritable levier d’émancipation, offrant à chaque citoyen, quels que soient son origine ou son parcours, l’opportunité de valoriser son expérience et d’accéder à de nouvelles perspectives professionnelles. 

À noter

 La VAE peut aussi être initiée par une entreprise à destination de plusieurs salariés volontaires avec un projet de VAE collective. Elle constitue un véritable levier de transformation RH, au service du maintien et de l’évolution dans l’emploi. Un espace dédié aux porteurs de projet de VAE collective verra le jour fin septembre afin de faciliter sa mise en œuvre. 

Se lancer dans une VAE : démocratiser l’entrée dans le dispositif et le rendre incitatif

Pour régler les difficultés liées à la méconnaissance persistante, à la complexité d’accès et au manque de lisibilité, plusieurs mesures ont été et seront prochainement mises en œuvre.

Une simplification du parcours

La VAE est désormais accessible sans exigence de durée minimale d’expérience, dès lors que les compétences peuvent être mises en lien avec le référentiel de la certification visée.

Le congé VAE est doublé, la charge administrative allégée, et le document de recevabilité simplifié. Avec l’appui de la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP), le parcours numérique est dématérialisé, de la première connexion jusqu’à l’obtention du diplôme. Les systèmes des certificateurs sont interfacés avec France VAE, pour un suivi plus fiable et sans doublons.

Une garantie d’un accompagnement de qualité

Tout candidat doit pouvoir élaborer seul son dossier de VAE. Chaque candidat qui souhaite être accompagné bénéficie d’un accompagnement structuré par des normes de qualité, accessible dès l’entrée dans le parcours, y compris en VAE collective.

Un arrêté précise et harmonise le contenu d’un accompagnement à la VAE et France VAE actualise ses conditions générales d’utilisation en conséquence. Les certificateurs s’engagent à préciser les prérequis sur France VAE dans le cas où le RNCP est incomplet.

Des délais réduits et plus prévisibles

Les dossiers de recevabilité et de validation sont transmis en un clic, de façon dématérialisée.

Une task force dédiée est mobilisée pour fluidifier le passage en jury des certifications particulièrement demandées, en particulier dans les secteurs réglementés de la petite enfance et du sanitaire et social. 
L’objectif : garantir des calendriers clairs et des jurys plus fréquents (au moins 4 jurys par an). Les candidats retrouvent les dates de jury et résultats sur leur espace personnel sur France VAE.
 

Des premiers signes positifs

Si la VAE reste encore aujourd’hui difficile à mobiliser pour de nombreux salariés et entreprises, les premiers chiffres sont encourageants 

  • 20 000

     parcours VAE co-financés avec le CPF en 6 mois depuis le 1er janvier 2025

  • + de 550

    certifications au catalogue France VAE au 1er septembre 2025

  • 18 000

    nouveaux candidats VAE depuis janvier 2025
     

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