Discours de François Rebsamen lors de la Conférence Internationale du Travail

Monsieur le directeur Général de l’OIT,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs,

C’est la première fois que je m’exprime devant vous et je tiens à vous dire que je suis fier et honoré de vous porter le message de la France.
Pour chaque nation et pour les populations de ces nations, le travail est un bien précieux, et en période de crise sans doute l’un des plus précieux.
C’est pour cela qu’il faut lutter contre les pratiques qui l’avilissent et le détournent pour en faire les pires formes d’exploitation de l’homme, je pense notamment au travail forcé.
Cette dérive existe partout, y compris en France.
C’est pourquoi je me réjouis des avancées faites par l’OIT.
La commission sur le travail forcé a fait le choix ambitieux d’un protocole – c’est-à-dire d’un processus qui va au-delà d’une recommandation.
La France a été motrice dans ce choix et elle continuera à porter ce nécessaire combat.

C’est parce que le travail est un bien précieux, qu’il faut une seconde phase de la mondialisation.
La mondialisation des marchandises et des capitaux doit céder la place à celle des droits sociaux et des droits humains.
C’est pourquoi nous devons exiger ensemble que la dimension sociale de la mondialisation soit au cœur de l’agenda multilatéral.
L’OIT doit prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale pour que développement économique et développement social aillent de paire.

Elle doit se donner la capacité, à travers une recherche de qualité et reconnue, de peser sur les débats socio-économiques au même titre que le FMI et la Banque Mondiale.
Enfin l’OIT doit réaffirmer son rôle primordial au G20, ainsi que l’association nécessaire des partenaires sociaux. C’est le tripartisme qui fait l’originalité et la force de l’Organisation. Et c’est ce dialogue social qui fera avancer la dimension sociale de la mondialisation.
Je vois d’ailleurs dans le fait que l’OIT assure pour 2014 la présidence du Groupe Mondial sur la Migration, un signe de son poids grandissant.
Je veux souligner à cette occasion que la France apporte tout son soutien à l’action du Directeur Général, Guy Ryder.

Mais l’OIT doit elle-même progresser.
Notre premier défi, c’est l’adaptation du système normatif aux enjeux d’aujourd’hui.
Il faut aller vite. C’est nécessaire pour la crédibilité de l’OIT dont les normes sont le cœur de métier.
L’an prochain, les chaînes d’approvisionnement mondial seront au centre des discussions normatives. Le drame du Rana Plaza traduit l’impérieuse nécessité d’être au rendez-vous.
L’OIT est attendue par le monde du travail, mais aussi par les entreprises responsables qui peuvent être déstabilisées par la concurrence déloyale du travail indécent ou forcé.
La question de l’interprétation des normes doit ainsi être clarifiée, et une solution consensuelle tripartite trouvée.
Donnons-nous les moyens d’avancer d’ici la fin de l’année.
La France réaffirme sa préférence pour un mécanisme d’interprétation au sein de l’Organisation, avec des modalités souples et économes.

Notre second défi, c’est la transformation de l’OIT.
Des efforts importants sont mis en œuvre, avec le renforcement des capacités recherche et analyse et la création du département des entreprises pour soutenir les stratégies de responsabilité sociale des entreprises.
La France est, et restera, mobilisée pour soutenir les capacités de l’OIT avec le renouvellement de l’accord de coopération en 2015 et l’organisation d’une conférence pour développer des partenariats académiques, le 20 janvier prochain,
Elle sera également vigilante pour assurer un multilinguisme effectif.

Monsieur le Directeur général, Mesdames et Messieurs les ministres, mesdames et Messieurs, nous le savons tous, le chômage, le creusement des inégalités, le choc des restructurations et les déséquilibres économiques mondiaux frappent les travailleurs, en particulier les plus vulnérables.
Le combat pour l’emploi doit être mené et gagné mais ce combat ne doit pas se faire au détriment de la qualité du travail.
Je vous remercie.