Intervention de François REBSAMEN - Salon Jeunes d’avenirs

Je souhaite tout d’abord rendre hommage à l’engagement de tous ceux qui ont répondu présent à l’appel du groupe AEF et qui se mobilisent pour que ce grand rendez-vous de l’emploi et des jeunes connaisse le même succès que les éditions précédentes.

Votre présence démontre que les services publics, le secteur privé et la société civile savent coordonner leurs efforts, lorsqu’il s’agit de lutter contre l’inacceptable. Je le dis avec force : même en période de crise, dans un pays comme la France, la jeunesse ne peut constituer une variable d’ajustement.

Je vous remercie donc, et je vous encourage à poursuivre l’effort. Comptez sur moi pour qu’il soit soutenu et relayé par l’action quotidienne du gouvernement et de mon ministère.

Le parcours vers l’emploi est un parcours long, parce qu’il est aussi un cheminement vers la maturité.
- On sait ce que représente un premier emploi. C’est une promesse d’indépendance, la condition pour accéder à un logement, peut-être former une famille, acheter une voiture ou changer de ville. C’est aussi donner à sa carrière un point de départ solide, puisque les conditions d’entrée sur le marché du travail déterminent largement les dix ou vingt ans qui suivent.
- Or, depuis trente ans, la dégradation du marché du travail prolonge le moment incertain qui sépare la fin des études d’un emploi durable.

Ce parcours est devenu trop long, injustement long. Il y a trop de « galères », trop d’emplois précaires, trop de stages qui s’enchaînent, ou pire, le chômage, là où tout jeune est en droit d’attendre un emploi qui lance durablement sa carrière.
- Les chiffres disent d’ailleurs cette difficulté : par rapport à la population active occupée, la proportion de jeunes intérimaires est deux fois supérieure. Et, hors contrats aidés, ils sont 17% à être en CDD, contre 8% en moyenne.

Et ces chiffres ont un envers. Cet envers, c’est un quotidien précaire.
- Les jeunes connaissent une pauvreté plus forte que les autres tranches d’âge.
- Leurs horizons de vie sont plus courts. Car comment construire son avenir quand on ignore ce dont les lendemains seront faits et quand l’aujourd’hui est instable ?
- Les jeunes les moins qualifiés sont les plus durement touchés. Un cinquième d’entre eux n’a connu que le chômage ou l’inactivité, contre 3,3% des BAC +2.
- Je pense aussi aux jeunes en situation de décrochage : comment faire un CV quand il n’y a rien à écrire dessus ? Comment continuer d’y croire quand on vous répond « Revenez quand vous aurez de l’expérience », alors que personne n’est prêt à vous offrir la simple chance d’en avoir une ?

La position médiane de la France en Europe en matière de chômage des jeunes, ne mérite aucun satisfecit. Même si nous avons réussi à faire reculer le chômage des jeunes d’1,8% sur un an ; même si, rapporté à la population jeune, il représente aujourd’hui 8,6% des 15-25 ans (et non un quart comme on l’entend parfois) ; même si ces chiffres sont meilleurs que ceux de la Suède ou du Royaume-Uni, nous devons faire plus et faire mieux.

Les dispositifs mis en place par le Ministère du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social témoignent de cet engagement. Ils visent à aider les jeunes à entrer dans l’emploi et à construire un parcours professionnel qui ne les ramène pas à la case chômage quelque mois après. Je sais que les acteurs ici présents sont mobilisés pour que les jeunes les connaissent et puissent en bénéficier.
- Les Emplois d’Avenir, qui ciblent les jeunes peu ou pas qualifiés, offrent une perspective durable d’insertion grâce à l’obligation de formation. 100 000 emplois d’avenir ont été pourvus en 2013, 57 000 l’ont déjà été en 2014. 82% des jeunes embauchés n’ont pas le BAC, et plus de 40% n’ont aucun diplôme. Ils ont bénéficié, pour 90% d’entre eux, de temps pleins, dont la moitié en CDD de plus de trois ans ou en CDI.
- La Garantie Jeunes, expérimentée sur dix territoires depuis fin 2013, propose un accompagnement global, qui va de la re-socialisation à l’insertion dans le milieu professionnel. Lors de la Grande Conférence sociale de juillet dernier, le premier Ministre a fixé un objectif ambitieux : de 4400 jeunes aujourd’hui en garantie jeunes, passer à 50 000 jeunes d’ici fin 2015, et à 100 000 jeunes fin 2017. Quarante nouveaux territoires au minimum proposeront la garantie jeune en 2015.
- Le Contrat de Génération permet l’anticipation du départ à la retraite d’un senior et la transmission des connaissances au bénéfice des jeunes travailleurs. Pour les entreprises de moins de trois-cents salariés, une aide de 4000 euros par binôme est attribuée. 31 000 demandes d’aides ont été déposées par des petites entreprises. Pour les entreprises de plus de cinquante salariés, un Accord Intergénérationnel doit être signé, que ce soit au niveau de l’entreprise ou d’une branche. Cet accord fixe les modalités de la transmission des compétences et du tutorat, fixe aussi des objectifs de recrutement, de pérennisation des emplois et d’adaptation des conditions de travail des seniors. Vingt branches ont déjà signé un Accord Contrat de Génération et plus de 12 000 entreprises sont couvertes par un accord ou un plan d’action d’entreprise ou de groupe, correspondant à plus de 92 000 engagements d’embauches de jeunes en CDI.

Ces nouveaux dispositifs sont venus compléter les outils déjà existants ; des outils que nous devons continuer de développer.
- La journée de mobilisation du 19 septembre, qui a réuni tous les acteurs de l’apprentissage autour du président de la République a permis, après l’élaboration du plan de relance issu de la Grande Conférence Sociale de juillet dernier, d’approfondir les travaux à mener pour lever les derniers freins au développement de l’apprentissage. Un programme de travail, qui décline les conclusions de cette manifestation, est mis en œuvre. Il faut maintenant que chacun à sa place se mobilise et contribue au développement de l’apprentissage pour soutenir cette voie de formation qui se révèle être une voix d’excellence tant ses résultats en termes d’insertion professionnelle durable sont probants.

La grande leçon que nous avons pu tirer de la mise en place des emplois d’avenir, c’est que les jeunes sont motivés. les employeurs étaient d’accord pour le dire : « Leur motivation et leur envie de bien faire sont impressionnantes ».

L’an dernier, ils étaient 12 000 à se rendre au premier salon « Jeunes d’avenirs » ; preuve d’une détermination que ni les refus, ni les difficultés ne parviennent à éroder.
Ce qui leur manque, ce sont parfois les codes : un CV bien fait, une tenue adaptée, de l’aisance face à un potentiel employeur.

Au terme de ma visite, j’ai le sentiment que ce salon est conçu justement pour que chaque jeune puisse en repartir avec ce « plus » qui lui permettra demain de trouver un emploi.

La jeunesse est au cœur des priorités du Président de la République, et l’emploi des jeunes, une de celle de mon Ministère. L’action continue du service public de l’emploi, et notamment de Pôle Emploi et des missions locales, ainsi que l’implication et le dévouement de tous les acteurs présents que je tiens à saluer, en sont une composante essentielle.