Intervention de François Rebsamen - Cérémonie commémorative en mémoire de Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, 2 septembre 2014

Mesdames, messieurs,

Il y a 10 ans était commis le meurtre effroyable de deux professionnels dans l’exercice de leurs fonctions, pour protéger les salariés et le travail décent, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière.
Ils étaient tous deux agents de contrôle, elle de l’inspection du travail, lui de la MSA.
Ils représentaient l’un et l’autre l’Etat, le peuple français et les lois qu’il s’est donné.
Ils nous représentaient tous.
Sylvie Trémouille venait juste d’être promue contrôleur du travail et était encore en stage. Elle est l’exemple de ces hommes et femmes montés en grade par la qualité de leur travail et leurs efforts, mais aussi par les opportunités qu’offrait hier et encore aujourd’hui l’inspection du travail.

Dans son activité quotidienne, l’inspection du travail sanctionne les comportements délictueux, mais surtout explique, convainc, prévient – en un mot – éduque et fait avancer le monde social.
Elle est une institution d’apaisement social.

Nous pouvons légitimement être fiers du travail qu’accomplissent les hommes et les femmes qui la compose.
Et notamment dans leur lutte contre le travail illégal – comme c’était le cas pour les agents dont nous honorons ce soir la mémoire.
Cette mission n’est pas anodine. Elle est pleine d’adversité. Elle trouve sur sa route des souffrances et des violences – jusqu’à ce funeste jour de septembre 2004, ce crime lâche et misérable que la justice des hommes a condamnée, sans pour autant compenser la perte des victimes pour leur famille, pour leurs collègues et pour toute la collectivité.
Nous ne les oublions pas.

Ne jamais oublier, c’est mesurer le risque. Je ne suis pas alarmiste, je suis vigilant. Je veux que les agents sachent que je suis à leurs côtés pour les soutenir contre toute la violence – de la plus petite à la plus grande – que la société peut leur renvoyer dans un moment de crise, et contre la peur qui peut en résulter.
C’est une manière d’être fidèle à la mémoire de nos deux collègues disparus.
L’inspection doit être respectée et pour cela, plus que le soutien individuel à chaque agent, c’est toute l’institution qu’il faut renforcer, dans sa manière d’avoir prise sur la vie économique et sociale, de répondre à la demande sociale, d’être efficace et organisée.

Je veux maintenant m’adresser plus particulièrement à la famille et aux très proches de Sylvie et Daniel. Vous êtes là, debout, courageux, pleins de force pour reconstruire vos vies, malgré et, je dirai même, avec votre peine et votre chagrin. C’est sans doute le plus beau devoir de mémoire que vous pouviez accomplir.
Car la fidélité aux disparus, ce n’est pas de se figer, c’est de continuer le chemin qui les aurait rendus fiers de vous.
Bien sûr, cette cérémonie du souvenir est placée sous le signe de la tristesse et du recueillement. Elle l’est aussi sous le signe de la vie qui a continué par delà une si brutale épreuve.
Et c’est le sens du symbole de ces rosiers que nous allons planter dans le jardin de ce ministère, témoins de notre hommage et témoins de la force de ceux qui restent et qui, eux aussi, sauront grandir.
Nous n’avons pas fait le choix d’une statue ou d’un portrait, mais d’une mémoire pleine de vie… et qui n’ignore pas où plongent ses racines.
En ce moment de commémoration, dont je mesure pour vous le poids émotif, je tiens à vous assurer de tout mon soutien amical, tant en mon nom qu’en celui du ministère et de ses agents qui ont respecté une minute de silence aujourd’hui en souvenir de Sylvie et Daniel.

Je vous remercie.