Récupération de déchets

Données macro

Périmètre retenu pour l’élaboration de la fiche :

  • regroupement et tri (manuel et mécanisé) de déchets ménagers issus des collectes sélectives et de déchets industriels banals

Ne sont pas traités dans la présente fiche :

  • collecte de déchets, en porte à porte ou en déchetteries
  • transport de déchets
  • traitement des déchets, dont enfouissement en décharge et incinération casses automobiles
  • tous travaux impliquant des déchets dangereux

La récupération de déchets consiste à regrouper des déchets de diverses origines (ménages, entreprises) afin de les trier, les conditionner puis les réexpédier vers des filières de recyclage ou d’élimination. Le tri des déchets est réalisé en chaînes de tri, où des phases de tri manuel succèdent à des phases de tri mécanique (tri aéraulique, magnétique, vibratile, optique, par criblage, etc.). Le tri est parfois précédé d’une phase de pré-tri afin de retirer les encombrants et autres indésirables. Le conditionnement des déchets consiste à les compacter pour obtenir des balles ou des paquets. La récupération de déchets est en général une activité fortement mécanisée.

Les risques du métier

Risques inhérents aux lieux de travail

Bruit et vibrations

Principales sources :

  • Machines de tri : tables vibrantes, convoyeurs, élévateurs, cribles, compresseurs, presses, moteurs de tous types présents dans les chaînes de tri
  • Engins utilisés pour le pré-tri des déchets, l’alimentation de la chaîne de tri ou la manutention des balles de déchets
  • Chocs entre déchets et parois métalliques des équipements, en particulier les goulottes

Eclairage

Les chaînes de tri de déchets sont souvent situées à l’intérieur de bâtiments de type industriel, sans accès important à la lumière naturelle. Le principe du tri manuel repose sur une bonne reconnaissance visuelle des déchets par les opérateurs. C’est pourquoi les postes de tri manuel doivent bénéficier d’un éclairage suffisant et uniforme, sans zones d’ombre ni sources d’éblouissement, effets stroboscopiques ou « papillotements ». Le principal risque est la fatigue visuelle, potentiellement aggravé par une cadence élevée.

Qualité de l’air

Les camions et engins utilisés sur le site sont susceptibles de rejeter à l’intérieur des bâtiments des gaz d’échappement, lesquels contiennent entre autres du monoxyde de carbone, du dioxyde de carbone et des oxydes d’azote et des particules. Les déchets à trier contiennent des restes de matières fermentescibles, et sont sources d’odeurs désagréables. De plus, les opérations de tri favorisent l’envol des poussières. Les particules et les gaz dégagés par les déchets ne sont pas seulement sources d’inconfort, ils peuvent également constituer une atteinte à la santé. Voir rubrique « principaux risques inhérents aux produits ». Enfin, les postes de travail au tri manuel sont susceptibles d’être pénibles en raison du froid, du chaud ou des courants d’air.

Chutes, projections et effondrement

Les chaînes de tri sont généralement disposées sur plusieurs niveaux, générant des risques de chute de personnes, de déchets ou d’autres objets. De fortes énergies sont mises en œuvre dans les étapes de broyage, voire de compactage des déchets, générant un risque de projection. Enfin, les balles de déchets stockées en piles sont susceptibles de s’effondrer.

Circulations

Les déchets sont livrés et expédiés par camions, ce qui génère sur le site un risque de collision entre véhicules et avec un piéton, en particulier lors des manœuvres. Ce risque est aggravé par la présence simultanée de véhicules lourds, légers et d’engins. Les circulations piétonnes sont également sources de dangers, en particulier en bord de fosses à déchets, dans les escaliers, ou en cas de sol encombré ou glissant.

Ondes électromagnétiques

Des champs électromagnétiques peuvent être utilisés pour trier certains métaux :

  • Les objets ferromagnétiques peuvent être extraits par électro-aimant (overband)
  • Les objets en aluminium peuvent être extraits par un séparateur à courants de Foucault
    Il existe un risque de dysfonctionnement des implants cardiaques à proximité de ces séparateurs.

Principaux risques inhérents aux tâches

Piqûres ou coupures

Les opérateurs entrent en contact avec les déchets de manière systématique sur les phases de tri manuel et de manière occasionnelle partout ailleurs, notamment lors des opérations de nettoyage ou de maintenance. La présence de déchets tels que des seringues, des boites de conserves, etc. peut générer un risque de piqûre ou de coupure, principalement aux mains. Ce risque est en général aggravé par la nature du déchet, lequel peut être vecteur de risques chimiques ou biologiques. Voir rubrique « principaux risques inhérents aux produits ».

Manutentions manuelles

Le tri manuel des déchets est en une répétition de gestes rapides, en général debout, avec une sollicitation importante des membres supérieurs mais aussi du tronc et du cou. Bien que les charges à soulever soient en général faibles, les cadences sont élevées. La répétitivité peut atteindre 2 000 objets prélevés par heure et par opérateur. Ces manutentions manuelles sont sources de troubles musculo-squelettiques.

Stress

Le tri manuel des déchets présente une relative complexité, source de stress, du fait notamment :

  • De la cadence fixée par la machine
  • De l’appréhension de trouver des produits dangereux
  • De la possible pression sur le rendement
  • Des conditions de travail potentiellement dégradées : qualité de l’air, bruit…

Principaux risques inhérents aux produits

Les « produits » considérés dans cette rubrique sont les déchets eux-mêmes.

Risques biologiques

Certains emballages ménagers ont contenu des produits alimentaires : bouteilles de lait, boites de conserve, briques de jus de fruits, etc. Ces déchets souillés sont susceptibles de contenir des agents biologiques pathogènes. De plus, des déchets indésirables sont susceptibles d’être mélangés aux déchets à trier : déchets de soins, restes alimentaires, animaux morts, etc. Enfin, les déchets sont susceptibles d’attirer des animaux tels que les rats, lesquels peuvent être vecteurs d’agents biologiques pathogènes. Les risques biologiques peuvent être aggravés si les opérateurs mangent, boivent ou fument sur leur lieux de travail sans respecter les règles d’hygiène.

Risque chimique, cancérogène, mutagène et reprotoxique

Des déchets indésirables sont susceptibles d’être présents dans le flux à trier :

  • Des bidons, bouteilles ou autres récipients contenant des produits chimiques dangereux tels que des solvants, des peintures, des carburants, des acides…
  • Des piles, batteries ou accumulateurs, pouvant contenir des métaux lourds
  • Des déchets d’amiante, sous des formes très diverses

Rayonnements ionisants

Dans le cas particulier du tri de déchets métalliques, des déchets radioactifs peuvent être accidentellement présents dans le flux à trier. Il s’agit en général de parafoudres.

Principaux risques inhérents aux équipements de travail

Machines

Les chaînes de tri sont constituées d’un nombre important de machines :

  • Convoyeurs, pour les circulations horizontales
  • Elévateurs, pour les circulations verticales
  • Cribles (trommels, tables vibrantes, plateaux rotatifs…) pour le tri par la dimension et/ou la densité
  • Séparateurs de métaux
  • Broyeurs
  • Presses à balles ou à paquets
  • Autres machines spéciales : ouvre-sacs, perce-bouteilles, etc

La diversité des équipements de travail implique une grande diversité de risques, dont les principaux sont :

  • Les risques mécaniques, du fait des éléments mobiles ou des points entrants, avec risque d’entraînement, d’écrasement, etc., tout particulièrement en mode dégradé (débourrage)
  • Les risques électriques, principalement en mode maintenance

Engins

Des engins sont utilisés en amont et en aval des chaînes de tri :

  • Des chargeuses, des pelles à grappins ou des ponts roulants à grappins, pour manutentionner les déchets en vrac
  • Des chariots élévateurs à fourches ou à pinces, pour manutentionner les balles et de paquets de déchets

Les principaux risques liés aux engins sont :

  • Le heurt d’un piéton lors de circulations sur le site
  • Une chute ou un déversement de déchets, en vrac ou conditionné
  • Le renversement latéral d’un chariot élévateur

Autres risques

Incendie et explosions

Dans le cas particulier où des produits chimiques inflammables sont accidentellement présents dans le flux à trier, il existe un risque :

  • De départ d’incendie, aggravé par la présence de nombreux déchets combustibles (papier, plastiques)
  • D’atmosphères explosives, tout particulièrement à l’intérieur des machines

D’autres risques d’explosion peuvent exister du fait de la présence de déchets indésirables tels que :

  • Des récipients sous pression : bouteilles de gaz, bombes aérosols…
  • Des matières explosives : feux d’artifices…

Les moyens de prévention

Rappel important : La prévention doit toujours obéir à la logique suivante : 1° suppression du risque (substitution d’un produit …) 2° évaluation du risque non supprimable (document unique d’évaluation) 3° protection collective (captage des polluants, protecteur sur machine…) 4° protection individuelle (quand la protection collective est impossible, insuffisante ou dans l’attente de son installation) .Dans tous les cas, l’information et la formation des travailleurs s’imposent.

Bruit et vibrations

  • Réduire les nuisances à la source par des isolations phoniques, des silencieux, des silent blocks…
  • Maintenir les machines en bon état, en particulier la lubrification / graissage
  • Signaler les lieux bruyants
  • Fournir des équipements de protection individuelle et associer les opérateurs dans le choix (bouchon ou casque)
  • Former les opérateurs concernés

Eclairage

  • Privilégier l’éclairage naturel
  • Mettre en place un éclairage artificiel suffisant et uniforme, sans zones d’ombre ni sources d’éblouissement, effets stroboscopiques ou « papillotements »
  • Valeurs guides pour l’éclairement artificiel :
    Zone de tri manuel : 600 lux après 2 ans d’utilisation et un indice de rendu des couleurs d’au moins 90
    Zones de circulation : 250 lux

Qualité de l’air

  • Limiter ou empêcher la circulation d’engins et de véhicules à moteurs thermiques à l’intérieur des bâtiments
  • Privilégier les chariots élévateurs électriques
  • Réduire au maximum le temps de séjour des déchets par une gestion de flux de type PEPS : « premier entré premier sorti »
  • Privilégier les procédés qui limitent les émissions de gaz et particules
  • Concevoir une installation de captage des polluants à la source
  • Concevoir une installation de ventilation générale pour évacuer les polluants résiduels, assurer le confort thermique (climatisation / chauffage) et compenser l’air extrait

Chutes, effondrement et projections d’objets

  • Equiper les passerelles et autres plans de travail en hauteur des garde-corps et plinthes
  • Analyser les risques de chutes et de projections de déchets machine par machine et traiter les risques identifiés (capots, réglages, grilles, etc.)
  • Définir une hauteur maximale d’empilement des balles (en général 3)
  • Rendre obligatoires le port de casques de protection de la tête dans les zones le nécessitant (à proximité des grappins par exemple)
  • Fournir des chaussures de sécurité avec embout de protection, et associer les opérateurs dans le choix (chaussures hautes ou basses…)
  • Former les opérateurs concernés

Circulations

  • Etablir un plan de circulation incluant :
    • Une séparation des flux (piétons, engins, poids-lourds, véhicules légers), si possible avec un unique sens de circulation
    • Une signalisation des dangers, interdictions, obligations
    • Si nécessaire, des casse-vitesse
  • Maintenir en bon état les revêtements de sols
  • Etablir des protocoles de chargement et de déchargement avec les transporteurs
  • Former les opérateurs concernés

Ondes électromagnétiques

  • Respecter les consignes contenues dans les notices d’instruction des fabricants des séparateurs de métaux
  • Signaler le risque de dysfonctionnement d’implants cardiaques à proximité des séparateurs de métaux

Piqûres ou coupures

  • Fournir des gants adaptés aux risques de coupure et de piqûre, et associer les opérateurs dans le choix (taille, type de matériau…)
  • Former les opérateurs concernés

Manutentions manuelles

  • Adapter le travail aux opérateurs, en particulier :
    • La vitesse d’avancement du tapis de tri
    • La hauteur de la couche de déchets à trier
    • La hauteur du tapis par rapport au poste de travail
    • La largeur du tapis
  • Fournir des équipements permettant de soulager la posture de travail debout :
    • Chaussures adaptées au travail
    • Tapis de confort
    • Appui-fesses
  • Alterner les postes : début ou fin de tapis, d’un côté ou de l’autre
  • Former les opérateurs concernés

Stress, charge mentale

  • Associer les opérateurs dans le choix des améliorations à apporter aux conditions de travail
  • Réduire les risques liés à la qualité de l’air, au bruit, aux manutentions manuelles…
  • Former les opérateurs à la sécurité

Risque biologique, chimique, cancérogène, mutagène et reprotoxique

  • Etablir une procédure en cas de détection de déchets dangereux : déchets de soins, produits chimiques, amiante…
  • Nettoyer régulièrement les sols et équipements souillés, en particulier à l’intérieur
  • Mettre en place une dératisation efficace (appâts, contrôles…)
  • Installer une fontaine rince-œil
  • Fournir des gants adaptés aux risques chimiques et biologiques, et associer les opérateurs dans le choix (taille, type de matériau…)
  • Respecter les règles d’hygiène :
    • ne pas boire, manger, fumer sur les lieux de travail
    • se laver les mains après être sorti d’une zone à risque biologique
    • se changer et se doucher après le travail
  • Former les opérateurs concernés
  • Voir rubrique « qualité de l’air »

Rayonnements ionisants

  • Installer un portail de détection de la radioactivité en entrée du site
  • Etablir une procédure en cas de détection de déchets radioactifs
  • Former les opérateurs concernés

Machines

  • S’assurer, lors de l’achat et lors de la réception, de la conformité « machine » des équipements de travail installés
  • Respecter les consignes contenues dans les notices d’instruction des fabricants des équipements
  • Mettre en place des dispositifs d’arrêt d’urgence appropriés aux configurations de travail (câbles, boutons, etc.)
  • Définir des règles de consignation des machines pour les opérations de nettoyage et de maintenance
  • Une attention particulière est à apporter aux points entrants des convoyeurs et aux opérations de débourrage
  • Cas particulier des compacteurs à déchets : réaliser le contrôle trimestriel réglementaire
  • Vérifier annuellement les installations électriques et lever les non-conformités identifiées
  • Former les opérateurs concernés

Engins

  • Définir des instructions de conduite pour les engins
  • Délivrer une autorisation de conduite aux opérateurs concernés sur la base :
    • D’un examen d’aptitude réalisé par le médecin du travail
    • D’un contrôle des connaissances et des savoir-faire de l’opérateur pour la conduite en sécurité de l’équipement de travail (par exemple CACES engins de chantier ou chariots élévateurs)
    • D’une connaissance des lieux et des instructions à respecter sur le ou les sites d’utilisation
  • Limiter la vitesse de circulation, éventuellement par bridage
  • Vérifier annuellement les ponts roulants et les engins dits « de chantier » tels que les chargeuses et les pelles mécaniques, et lever les non-conformités identifiées
  • Vérifier semestriellement les chariots élévateurs, et lever les non-conformités identifiées

Incendie et explosions

  • Evaluer le risque d’atmosphères explosives, mettre en conformité le matériel et signaler les dangers
  • Etablir une consigne incendie
  • Etablir une procédure en cas de détection de déchets dangereux : explosifs, récipients sous pression…
  • Faire respecter l’interdiction de fumer
  • Mettre en place un système de détection et d’alerte incendie
  • Mettre en place des moyens adaptés de lutte contre l’incendie : extincteurs, RIA, désenfumage, etc.
  • Effectuer un contrôle périodique des armoires électriques par thermographie infrarouge
  • Former tous les opérateurs

Textes applicables

Code du travail, notamment partie IV

Pour en savoir plus

CISME

Fiche métier CISME : Employé au tri des déchets

INRS

ED 124 (2005, 4p) : Prévention des risques en zone de compactage
Cette fiche concerne les compacteurs à déchets : compacteurs horizontaux hydrauliques dont le chargement de la trémie s’effectue manuellement, c’est à dire sans mécanisation, ce qui exclut par exemple les compacteurs alimentés par convoyeur à courroie. Sont pris en compte les risques d’écrasement par l’élément tasseur lors de l’utilisation courante : chargement des déchets, récupération de déchets inappropriés, débourrage.

Exposition à l’amiante lors du traitement des déchets. Guide de prévention.
Ce document est destiné à informer et à fournir des conseils pratiques de prévention à tous les professionnels qui, travaillant dans les déchèteries ou les installations de stockage des déchets, peuvent être amenés à manipuler et à intervenir sur des déchets contenant de l’amiante. Il ne concerne pas, en revanche, les salariés des entreprises qui effectuent des travaux de retrait et de confinement de matériaux contenant de l’amiante, d’une part, ou des travaux d’entretien et de maintenance, d’autre part. Pour ces professions, des règles particulières de travail ont été fixées dans des guides spécifiques. Cependant, les chapitres concernant la réglementation et le traitement de déchets pourront utilement être consultés par ces entreprises.
ED 6028 (2008, 60p.)

Sources

Document INRS : Conception de centres de tri de déchets ménagers (ED 914) – juillet 2005