Données macro
L’industrie des « coproduits animaux » consiste à collecter les sous-produits animaux issus notamment des exploitations agricoles, des abattoirs, des ateliers de transformation de viande et des boucheries pour les transformer en farines et graisses. Ces dernières sont soit éliminées (catégories 1 et 2) , soit valorisées, en fonction des réglementations visant à assurer la sécurité sanitaire. Ce secteur s’est structuré au sein du Syndicat des Industries Françaises des COproduits animaux – SIFCO.
Les entreprises membres du SIFCO intègrent :
- Les équarrisseurs (catégories 1 et 2)
- Les transformateurs de sous-produits animaux (catégorie 3 ou alimentaire) ;
- Les abattoirs ayant intégré cette deuxième transformation (membres respectifs des différentes filières : bovin-ovin, porc, volaille).
Au total, environ 3000 salariés sont employés dans ces activités. Les 12 sites de transformation de sous-produits de catégorie 1 et 2 (activité d’équarrissage) et les 37 centres de transfert intermédiaires sont, depuis l’année 1996, totalement dédiés à ces activités et physiquement séparés des centres de valorisation des sous-produits animaux (sous-produits de catégorie 3). (source : Syndicat des Industries Françaises des COproduits animaux – SIFCO).
Le dossier dit de « la vache folle », les menaces saisonnières de pandémie grippale, la survenue régulière d’épisodes de canicule sont des éléments d’alerte soulignant les risques sanitaires élevés présentés par le secteur de l’équarrissage pour les salariés qui y travaillent.
Par ailleurs, il y a aussi lieu d’indiquer que le présent document s’appuie sur l’état des connaissances scientifiques concernant les risques chimique et biologique, établies au moment de sa diffusion et n’apporte pas de réponse à certaines interrogations telles que, par exemple, le caractère cancérogène des fumées de cuisson.
Avertissement : Ce document étant relatif aux déchets à haut risque, il y a lieu de considérer les matières organiques traitées comme étant par nature suspectes.
Les risques du métier
Risque chimique
Eléments scientifiques et médicaux
Les gaz de putréfaction
La décomposition prolongée des matières organiques produit différents gaz appelés couramment « gaz froids » :
- Les mercaptans, (fiche toxicologique INRS n° 190) : ce sont des gaz lourds et inflammables. Ils dégagent une odeur caractéristique à de très faibles concentrations. En cas d’intoxication aiguë (inhalation), les troubles se traduisent souvent par des céphalées, de la fatigue, des nausées et des vomissements. En cas d’intoxication chronique (inhalation), ils provoquent un effet irritant sur la peau, les muqueuses oculaires et respiratoires. Il existe des valeurs indicatives non réglementaires : une VME indicative est fixée à 0,5 ppm/8H pour le méthanethiol et l’ethanethiol.
- Le sulfure d’hydrogène, H2S (fiche toxicologique INRS n° 32) : il se forme par fermentation anaérobie des substances organiques, c’est un gaz plus lourd que l’air, d’odeur fétide (œuf pourri), extrêmement inflammable. Les premiers signes d’intoxication (dès 100 ppm) sont une irritation des muqueuses oculaires et respiratoires. En toxicité suraiguë (500 ppm) par inhalation, il peut y avoir perte de connaissance, coma, troubles respiratoires, troubles du rythme cardiaque, décès. En toxicité chronique pouvant survenir suite à une exposition répétée à de faibles doses, les signes ne sont pas spécifiques et peuvent se manifester de la façon suivante : céphalées, fatigue, insomnie, perte de libido, troubles de mémoire, irritation oculaire, nausées, anorexie, douleurs abdominales, bronchites irritatives. Il existe des valeurs indicatives non réglementaires : une VLE de 10 ppm/15 min, et une VME de 5 ppm/8H.
- Les oxydes d’azote (fiche toxicologique INRS n° 133) : ce sont des gaz ininflammables qui, en présence d’humidité, peuvent être agressif vis à vis de nombreux métaux à température ordinaire. L’intoxication aiguë provoque une irritation plus ou moins marquée des voies respiratoires, suivie d’une phase de récupération de quelques heures puis d’une détresse respiratoire pouvant entraîner des séquelles importantes. L’intoxication suraiguë est le plus souvent mortelle par arrêt cardio-respiratoire. Dans l’intoxication chronique, l’exposition prolongée à de faibles concentrations (0,5 à 3,5 ppm) semble favoriser les infections pulmonaires. Il existe des valeurs indicatives non réglementaires : une VLE fixée à 3 ppm/15 min pour le dioxyde d’azote, et la VME indicative fixée à 25 ppm/8H pour le monoxyde d’azote.
- L’ammoniac (fiche toxicologique INRS n° 16) : c’est un gaz plus léger que l’air, à odeur piquante. En présence d’humidité, l’ammoniac attaque le cuivre, le zinc, et de nombreux alliages particulièrement ceux qui contiennent du cuivre. L’intoxication aiguë provoque immédiatement une irritation des muqueuses oculaires et respiratoires. A forte concentration, ces symptômes sont accentués et on observe des brûlures chimiques cutanées au niveau des parties découvertes. L’effet à long terme des faibles expositions a été peu étudié. Il existe des valeurs contraignantes réglementaires : une VLE à 20 ppm/15 min, et une VME à 10 ppm/8H.
- L’acétaldéhyde (fiche toxicologique INRS n° 120) : c’est un gaz plus lourd que l’air, extrêmement inflammable. L’acétaldéhyde s’oxyde facilement à l’air pour donner de l’acide acétique, anhydride acétique et acide peroxyacétique. L’intoxication aiguë provoque une irritation conjonctivale voire des lésions cornéennes, ainsi que des signes d’irritation des voies aériennes supérieures. L’exposition chronique ne semble pas avoir fait l’objet de publication de cas cliniques, mais des dermatoses irritatives et allergiques, des broncho-pneumopathies chroniques ont été signalées. Il existe une valeur indicative non réglementaire : une VME fixée à 100 ppm/8H. L’acétaldéhyde pur est classé en cancérogène de catégorie 3, R 40.
- La triméthylamine (fiche données de sécurité Air Liquide) : c’est un gaz plus lourd que l’air, extrêmement inflammable, à odeur ammoniacale ou poisson pourri, qui est noté comme irritant pour les yeux, le système respiratoire et la peau, pouvant donc provoquer rhinite, pharyngite, pneumonie, dermatose irritative, irritation oculaire, œdème de la cornée, et brûlures chimiques. Il n’y a pas de VME, mais une VLE indicative non réglementaire à 10 ppm/15min.
L’existence des gaz de putréfaction ne peut être affirmée qu’après prélèvements, identification et dosage.
Il convient donc de repérer les espaces et les étapes du process favorisant l’accumulation des matières dégradées : hall de déchargement, trémies, fond de fosses, bennes de récupération des colonnes vertébrales, dépotage des citernes de sang, découpe des têtes, découpe des cuirs, tout au long du circuit de la matière entre broyage et cuisson, bacs des bassins de rétention (couverts ou en extérieur), début du traitement des eaux, etc.…
Les gaz sont produits en quantité d’autant plus importante que la température ambiante est élevée et le stockage prolongé. Pour mémoire, il y a lieu de rappeler que l’article R. 226-3 du code rural dispose que « les cadavres d’animaux entreposés dans un établissement intermédiaire sont gardés en atmosphère réfrigérée lorsque la durée du stockage dépasse 24 heures ».
Les fumées, gaz et vapeurs de cuisson doivent être recherchés dans le local des cuiseurs, le local de stockage des farines quand ces dernières sont déversées chaudes, le local chaufferie qui utilise les graisses, …
Les fumées de cuisson
Il est possible que des gaz, vapeurs et fumées soient dégagés au niveau des cuiseurs dans l’enceinte des locaux. L’état de corrosion observé dans certaines entreprises sur les parties métalliques dans les ateliers de cuisson semble témoigner d’une action chimique de ces gaz et fumées.
On peut supposer que ces gaz, vapeurs et fumées sont produits par la carbonisation des graisses animales, surtout si l’on constate des traces de coulées noirâtres sur les appareils de cuisson. On sait par ailleurs que la carbonisation des graisses dégage des benzo(a)pyrènes, classés 2A par le CIRC, non classés par l’Union européenne, et des hétérocycles aminés.
Avertissement : Il convient aussi d’appeler l’attention sur le fait que des produits chimiques manufacturés sont utilisés tout au long du process. En outre, l’appréhension du risque chimique devra inclure également le risque lié à la production d’aérosols, par exemple lors du lavage des camions à haute pression avec une eau additionnée de biocide.
Risque biologique
Généralités
Les cadavres d’animaux même sains sont susceptibles d’être porteurs d’agents biologiques dangereux pour l’homme. Certains agents se nourrissant de matières organiques en décomposition, ne présentent généralement pas de risques pour l’animal, ni pour l’homme, mais peuvent dans certains cas (déficit immunitaire) provoquer des maladies chez l’humain.
Les animaux peuvent également être porteurs sains d’agents pathogènes pour l’homme. Par ailleurs, si la mort de l’animal est due à une contamination par des agents pathogènes, ceux-ci peuvent se transmettre à l’homme (dans ces 2 derniers cas, on parle alors de zoonose [1]).
Certains organes présentent des risques infectieux plus élevés que d’autres. D’une façon générale, le risque de contamination est le plus élevé en cas de contact avec les viscères de l’animal. De même, l’appareil reproducteur est particulièrement contaminant car certaines bactéries s’y développent de manière privilégiée comme par exemple la fièvre Q, la brucellose,… Le tube digestif et les excréments peuvent concentrer également un certain nombre d’agents biologiques comme les salmonelles, les listérias etc.…le système nerveux central sera davantage concerné par l’ESB, etc…
En cas d’agents biologiques pathogènes présents dans la dépouille, la matière obtenue à l’issue du broyage devra donc être considérée comme particulièrement contaminante.
Les agents biologiques peuvent avoir un effet :
- infectieux (bactéries, virus, prions) ;
- toxique (libération de toxines par les bactéries ou les champignons) ;
- allergique.
Pour plus de précisions sur les germes en cause, il convient de se reporter à l’annexe 2.
(A titre d’exemple, pour l’année 2008 peut être signalé un épisode de fièvre charbonneuse animale touchant le département du Doubs)
Les effets sur la santé pourront donc être de plusieurs ordres :
- pathologies infectieuses ;
- pathologies de type immuno-allergique : pneumopathies d’hypersensibilité (MP 66 bis), asthme allergique (MP 66) ;
- pathologies de type inflammatoire : broncho-pneumopathie chronique obstructive, syndrome toxique des poussières organiques, souvent liés à la présence d’endotoxine et de champignons tels qu’aspergillus.
Enfin, il faut souligner l’infectiosité possible d’agents non conventionnels (ATNC) comme par exemple les prions (fiche INRS ED 5017).
Les prions d’origine animale sont considérés comme des agents biologiques. Ils sont responsables de différents variants de la maladie du Creutzfeld-Jakob. Ce ne sont ni des virus, ni des bactéries, ils sont également appelés agents transmissibles non conventionnels (ATNC).
L’OMS classe les tissus animaux en fonction de leur titre infectieux :
- Catégorie I (haute infectiosité) : cerveau, moelle épinière ;
- Catégorie II (infectiosité moyenne) : rate, ganglions, lymphatiques, amygdales, iléon, et colon proximal, placenta ;
- Catégorie IIIa (infectiosité faible) : nerf sciatique, colon distal, glande surrénale, muqueuse nasale, hypophyse ;
- Catégorie IIIb (infectiosité minime) : thymus, moelle osseuse, foie, poumons, pancréas, LCR ;
- Catégorie IV (pas d’infection détectable) : caillot sanguin, muscle, cœur, salive, ovaire, testicules ….
L’infectiosité est maximale dans le cerveau, y compris le nerf optique et la partie postérieure de l’œil, ainsi que dans la moelle épinière.
Les voies de contamination
Il existe 3 voies de contamination :
La contamination cutanée
- La contamination transcutanée a lieu par contact direct sans effraction de la peau ou des muqueuses (notamment oculaires) avec les déchets ou les jus (sang, eaux de nettoyage récupérées dans les abattoirs…). La contamination peut avoir lieu en cas de projections accidentelles lors de la manipulation et de la manutention des cadavres ou lors d’opérations de nettoyage à haute pression des récipients ou des locaux contaminés favorisant la mise en aérosol [2] liquide de particules organiques et le contact avec les muqueuses oculaires.
- La contamination percutanée s’effectue par effraction de la peau ou par une plaie préexistante en contact avec les déchets ou la matière.
La contamination par ingestion
La contamination par ingestion est due en particulier à une mauvaise hygiène des mains (chewing-gum, alimentation, boissons, cigarettes, onychophagie…).
L’absence de local de détente et de points d’eau équipés de savon et papier essuie-mains ne peuvent que renforcer les possibilités de contamination par ingestion.
La contamination par inhalation
La contamination respiratoire se fait par inhalation d’aérosols solides (poussières, farine) ou liquides, contaminés par les agents biologiques.
Les agents biologiques peuvent être adsorbés à la surface de particules liquides (par exemple dans toutes les opérations menées à l’aide de nettoyeur haute pression créant un nuage d’aérosol ponctuel), ou à la surface de particules solides (poussières ou farine). La pénétration pulmonaire sera fonction de la granulométrie des particules solides.
Exemples :
La transmission à l’homme d’un virus aviaire hautement pathogène a généralement lieu lors de contacts étroits avec les animaux infectés. Elle se fait :
- par voie respiratoire suite à l’inhalation de fines poussières, ou d’aérosols, contaminés par les sécrétions respiratoires ou les fientes des oiseaux (dont les volailles malades) ;
- par projections de fines poussières contaminées sur les muqueuses oculaires ;
- par contact entre muqueuses oculaires ou nasales avec des mains contaminées par des matériaux souillés par des fientes d’oiseaux ou de volailles.
Le risque d’exposition aux aérosols biologiques prend là une dimension toute particulière
3Exemples de process pouvant générer une production d’aérosols, solides ou liquides :
- Chargement, déchargement des stocks ;
- Nettoyage des camions et des sols ou des cuves à haute pression ;
- Manipulation des cadavres ;
- Dépeçage des peaux ;
- Station épuration ;Etc.…
Apprécier les risques
La possibilité de présence d’agents biologiques ne suffit pas à affirmer qu’il y a un risque pour la santé. Cette question renvoie au principe de précaution en l’absence de certitudes scientifiques.
Une contamination biologique, par les différentes voies exposées précédemment, dépend pour partie :
- De la viabilité des germes dans le milieu concerné (cadavres, air ambiant, aérosols solides ou liquides, matière issue du broyage…) ;
- De leur possibilité de multiplication en fonction de la température ambiante, de la teneur en oxygène (les germes anaérobies trouvent dans les viscères des conditions favorables à leur multiplication, d’autres à l’inverse ont besoin d’oxygène) ;
- De leur concentration dans le milieu ambiant ;
- De leur virulence (pouvoir pathogène) ;
- De leur taille, en particulier en ce qui concerne la pénétration pulmonaire, le diamètre de la gouttelette d’eau dans le cas d’aérosol liquide ou de la granulométrie de la poussière sont déterminants (toute particule de moins de 3µm peut atteindre les alvéoles pulmonaires).
- Des conditions météorologiques locales pour la diffusion de l’aérosol (température ambiante, hygrométrie, vitesse de l’air, etc.…) ;
- De la multiplication des expositions.
Les signes suivants peuvent cependant être relevés :
- fréquence accrue de troubles gastro-intestinaux mineurs (diarrhées) surtout dans les premiers mois d’exposition, ou par périodes ;
- irritations oculaires ou nasales ;
- infections cutanées, ou des dermites irritatives ;
- « syndrome toxique des poussières organiques » lié aux endotoxines mais aussi aux mycotoxines ou autres composés fongiques présents sur les poussières, qui associe fièvre, frissons, toux sèche, oppression thoracique, douleurs musculaires et articulaires, sensation de malaise général (fièvre du lundi matin), apparaît 4 à 10 heures après l’exposition et disparaît spontanément ;
- bronchites chroniques, …
Les moyens de prévention
Moyens permettant de limiter l’émission de gaz
- Eviter l’accumulation des matières ;
- Refroidir les matières, réduire les temps de stockage ;
- Examiner l’efficacité des dispositifs aération ventilation ;
- Mettre à disposition des appareils de détection de gaz appropriés (méthane, CO, H2S, O2) et des EPI si nécessaire.
Moyens permettant de limiter l’émission des fumées, gaz et vapeurs de cuisson
Veiller à l’entretien des équipements de travail et des installations (colmatage des fuites pour éviter la production de fumées), au nettoyage des locaux, aux conditions de réalisation des opérations de maintenance et de nettoyage des fours, au bon fonctionnement de la ventilation et à sa vérification régulière.
Moyens permettant de limiter les risques de contamination
- Limiter la production de poussière ou aérosol ;
- Développer la mise à disposition des moyens d’hygiène et d’installations sanitaires ;
- Mise à disposition d’EPI adéquat : masque de protection, cagoules, combinaison, gants, lunettes de protection, etc.…
Locaux de travail
Les vestiaires doivent être séparés en deux secteurs, un secteur « sale » pour déposer les vêtements de travail, les chaussures, le petit matériel souillé, et un secteur propre où se trouvent les effets personnels des opérateurs. Entre les deux secteurs doivent se trouver des douches et des lavabos, de façon à ce qu’il n’y ait pas de contact entre vêtements souillés et vêtements propres. Ces vestiaires doivent être maintenus propres, chauffés, (des pédiluves ou laves-bottes doivent être présents à l’entrée) et ils doivent être adaptés au nombre de salariés.
Au sein des ateliers, l’hygiène des mains doit être favorisée par l’installation de lavabos à commande non manuelle associés à des distributeurs de savon, de désinfectants et de papier essuie-mains. L’emplacement de ces lavabos doit être adéquat de façon qu’ils ne soient pas souillés par des déchets ou des projections de liquide lors de la manutention. Ils doivent être accessibles à tous les stades du process, étape par étape.
La mécanisation de certaines opérations peut permettre d’éviter le contact direct avec les cadavres d’animaux ou les organes et tissus à risque (manutention des gros animaux sur rail pour leur transfert vers la trémie, organisation de la collecte des matériels à risque spécifiés (MRS) à l’abattoir et du transfert au centre d’équarrissage…).
Des petites zones propres peuvent être créées afin que les opérateurs puissent faire une pause sans avoir à se rendre aux vestiaires, dans le but de limiter la contamination digestive (pour les pauses).
Une ventilation efficace dans les locaux de travail doit être mise en place afin de limiter au maximum les risques liés aux gaz de putréfaction ainsi que la forte odeur qui rend les conditions de travail pour les opérateurs très difficiles. Une analyse de la qualité de l’air à différents endroits de l’usine peut être réalisée.
Afin de faciliter le nettoyage des locaux, les surfaces et le sol du hangar doivent être recouverts d’un revêtement lisse et non poreux de façon à rendre ces surfaces faciles d’entretien et éviter l’incrustation et la multiplication des micro-organismes.
Le recueil des têtes en attente du passage des services vétérinaires doit se faire dans un local à part, facile à nettoyer et mettant à disposition un point d’eau adéquat.
Les opérateurs doivent pouvoir se protéger des aérosols générés par les dispositifs d’aération de l’eau ou par la manipulation des boues au niveau des bacs de coagulation, bacs de floculation, flottateurs, bassins d’aération (risque élevé en raison de l’importance de l’interface eau/air et du brassage de l’eau), pelletage des boues renversées, nettoyage haute pression du sol souillé par les boues. Ils doivent également pouvoir se protéger des aérosols provenant de la dispersion aérienne des boues séchées mise en suspension par le vent ou lors du balayage de boues séchées à l’extérieur et à l’intérieur des locaux.
De même, le nettoyage des camions est un important générateur d’aérosols. Un dispositif de nettoyage des camions doit être mis en place dans un endroit ventilé (mais fermé) et être conçu de telle sorte que l’opérateur n’ait pas à monter dans la benne et ne soit pas en contact direct avec l’aérosol.
En ce qui concerne la collecte et le transport, les conditions de travail doivent limiter le contact et l’exposition aux déchets animaux. Doit être favorisée, l’utilisation de bacs standardisés de collecte (en particulier pour les volailles et porcins), de bras mécaniques avec crochet pour charger les bacs et les déverser dans la benne, de commande de la benne par la cabine, de couverture efficace de la benne.
Pour des raisons d’hygiène, les bennes de récupération des boues doivent être étanches de telle sorte qu’elles ne se répandent pas sur le sol. Il en est de même des camions de transport, à la fois pour préserver la santé et la sécurité des travailleurs mais aussi la santé publique.
Hygiène et protections individuelles des opérateurs
L’employeur doit donner les moyens au personnel de soigner son hygiène corporelle, vestimentaire et dispenser les informations concernant les risques biologiques, afin que les salariés utilisent au mieux les installations mises à leur disposition.
Cela doit s’accompagner de consignes telles que : lavage des mains au savon après tout contact avec des matières contaminées, avant chaque pause, etc.…
Avant d’entrer dans les ateliers de travail, les opérateurs doivent passer par un vestiaire pour retirer leurs vêtements personnels et mettre un vêtement de travail mis à leur disposition par l’employeur. Chaque semaine, chaque opérateur doit disposer d’un nombre de vêtements de travail imperméables et faciles à nettoyer suffisant pour pouvoir en changer quotidiennement. Le nettoyage de ces vêtements de travail est assuré par l’entreprise.
Les vêtements de travail doivent être ôtés avant la pause repas. En aucun cas, les vêtements de travail ne doivent être rapportés au domicile de l’opérateur afin d’éviter l’externalisation du risque biologique et l’exposition de la sphère familiale.
L’employeur doit mettre à la disposition de son personnel un certain nombre d’EPI permettant aux salariés de se protéger des risques (gants, masques, lunettes, écrans faciaux, cottes jetables imperméables….). Des gants imperméables aux souillures doivent être fournis au personnel.
Des armoires de premiers secours doivent être installées en différents points de l’usine, mettant à disposition le matériel nécessaire (désinfectants, kit de lavage oculaire, pansements,…) en veillant à un approvisionnement suffisant et en procédant à la vérification des dates de péremption régulièrement.
Textes applicables
Risque chimique
- Code du travail
* Prévention des risques chimiques et CMR : en particulier, dispositions applicables aux agents chimiques dangereux ou CMR : articles R. 4412-1 à R. 4412-75 ;
* Aération et assainissement des locaux : articles R. 4222-1 à R. 4222-26.
- Arrêté du 19 mars 1993 fixant, en application de l’article R. 237-8 du code du travail, la liste des travaux dangereux pour lesquels il est établi par écrit un plan de prévention.
Risque biologique
- Code du travail
* Prévention des risques biologiques : articles R. 4421-1 à R. 4427-5 ;
* Aération et assainissement des locaux : articles R. 4222-1 à R. 4222-26.
- Arrêté du 19 mars 1993 fixant la liste des travaux dangereux pour lesquels il est établi par écrit un plan de prévention.
- Arrêté du 18 juillet 1994 modifié par les arrêtés des 17 avril 1997 et 30 juin 1998 fixant la liste des agents biologiques pathogènes.
- Arrêté du 4 novembre 2002 fixant les procédures de décontamination et de désinfection à mettre en œuvre pour la protection des travailleurs dans les lieux où ils sont susceptibles d’être en contact avec des agents biologiques pathogènes pouvant être présents chez des animaux vivants ou morts, notamment lors de l’élimination des déchets contaminés, ainsi que les mesures d’isolement applicables dans les locaux où se trouvent des animaux susceptibles d’être contaminés par des agents biologiques des groupes 3 ou 4.
- Arrêté du 16 juillet 2007 fixant les mesures techniques de prévention, notamment de confinement, à mettre en œuvre dans les laboratoires de recherche, d’enseignement, d’analyses, d’anatomie et cytologie pathologiques, les salles d’autopsie, et les établissements industriels et agricoles où les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des agents biologiques pathogènes
Pour en savoir plus
- « Risques sanitaires liés aux différents usages des farines et des graisses animales et aux conditions de leur traitement et de leur élimination ». Rapport du 7 avril 2001 – AFSSA 2001, Bialec, Nancy, 98 p.
- Risques liés au stockage des farines animales, rapport final, septembre 1997, R.Lödel, INERIS.
- Evaluation des dangers biologiques pour la santé du personnel technique du service public de l’équarrissage – Thèse pour le diplôme d’Etat de Docteur Vétérinaire,
Virginie CHARDIN-LIBAUD.
- Farines animales et risques professionnels. DMT n° 86, 2ème trimestre 2001 p 151-159.
- Risque biologique et la méthode d’évaluation du risque. Rapport final. - INERIS, 15 novembre 2001.
- Etude bibliographique sur l’évaluation des risques liés aux bio aérosols générés par le compostage des déchets : rapport CAREPS et ADEME , mars 2002.
- Risque de transmission de l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine aux travailleurs de la filière viande de boucherie. In DMT, n° 84, 4ème trimestre 2000, p 415-434.
- Rapport du Sénat n° 321 sur la commission d’enquête sur les conditions d’utilisation des farines animales dans l’alimentation des animaux d’élevage, et les conséquences qui en résultent pour la santé des consommateurs.
- Farines animales et risques professionnels. DMT n° 86, 2ème trimestre 2001, pp 151-159.
- Centre d’équarrissage : pourquoi et comment évaluer les risques biologiques. Document INRS –MSA – CNAM – Ministère des affaires sociales, du travail, et de la solidarité, Ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche et des affaires sociales.
- Fonctionnement et contrôle de l’établissement d’équarrissage SARIA de Guer (Morbihan) par Michel BOUVIER, Inspecteur général de l’environnement, et Jacques FARBOS, contrôleur général des services vétérinaires.