Agent de station d’épuration

Données macro

Cette fiche concerne les agents des stations d’épuration (ou usines de traitement) des eaux usées domestiques.
Ne sont pas traités dans la présente fiche :

  • le travail d’égoutier
  • le traitement des eaux usées industrielles
  • le transport et la valorisation des boues d’épuration (évacuation en décharge, épandage sur terrain agricole, …)

Les eaux usées domestiques sont collectées par un réseau d’assainissement qui les achemine vers les stations d’épuration où elles sont traitées avant d’être rejetées dans le milieu naturel.
Les différentes étapes de traitement des eaux usées sont les suivantes : le prétraitement, le traitement primaire, le traitement biologique, les traitements complémentaires et le traitement des boues.

Les risques du métier

Risques inhérents aux lieux de travail

Risque de bruit
Le fonctionnement dans des locaux souvent confinés, notamment de pompes et de systèmes d’aération ventilation (les locaux des usines de traitement des eaux usées sont ventilés en permanence et l’air vicié est traité avant rejet dans l’atmosphère), est générateur d’une nuisance sonore qui peut être importante.

Risque électrique
L’environnement spécifique des installations (présence d’eau, humidité ambiante, produits corrosifs,…) peut entraîner un vieillissement rapide des installations et être à l’origine de risque électriques.

Risque d’inhalation du à la qualité de l’air
La qualité de l’air est amoindrie à la fois par la contamination accidentelle des eaux usées par des produits toxiques, par l’utilisation des produits chimiques utilisés dans le cadre du traitement et par la présence de gaz toxiques générés par les traitements appliqués aux eaux usées.

Risque de chutes, de glissades voire de noyade

  • Les agents des stations d’épuration travaillent fréquemment autour des bassins.

Risque de circulation
Dans le cadre de l’évacuation des boues ou de la réception de matières de curage, des poids lourds (camions bennes, camions "hydrocureurs") et des engins de chargement (pour les boues) circulent dans l’enceinte de la station d’épuration.

Principaux risques liés aux tâches

Risques de chutes, de glissades, et de noyades
Lors des rondes de surveillance, les opérateurs circulent sur des passerelles autour des bassins. Aux abords d’un bassin ou d’une fosse il existe aussi un risque de noyade. Celui-ci est aggravé dans les bassins où de l’aire est insufflé depuis le fond : en raison de la densité mélange, il est impossible d’y surnager.

Risques dus à la manutention manuelle
Les opérateurs sont amenés à manœuvrer des pièces lourdes notamment manutention de trappes ou de tampons, démontage de moteurs, de turbines, de pompes, enlèvement de bennes à déchets,… ce qui peut conduire à des contusions, écrasements, lombalgies …

Risque électrique
Dans le cadre de l’entretien et de la maintenance des équipements de la station, les agents peuvent être amenés à contrôler les appareillages électriques et à faire des travaux de modification et de réparation les installations électriques.

Principaux risques liés aux produits

Risque chimique
Ce risque chimique est lié à l’utilisation de produits employés pour le traitement des eaux (chlore, chaux, chlorure ferrique, eau de javel, floculants divers, acide sulfurique, méthanol, …) et des boues, ainsi qu’à la présence de gaz toxiques générés par ces traitements (sulfure d’hydrogène, mercaptans, ammoniac, amines, aldéhydes, cétines, acides organiques, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone, …). Les niveaux de pollution sont très variables.

Le risque majeur est lié au gaz de fermentation : le sulfure d’hydrogène, toxique redoutable. Les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) sont les suivantes :

  • VLEP sur 8 heures : 5 ppm
  • VLEP « court terme » : 10 ppm
    Le sulfure d’hydrogène est rapidement mortel à une concentration de 800 à 1 000 ppm.

Risques biologiques
Les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à une grande variété d’agents biologiques pathogènes, lesquels peuvent être par exemple à l’origine de diarrhées, de nausées, d’infestations parasitaires, d’hépatites ou encore de la leptospirose.

Principaux risques liés aux équipements de travail :

Risques mécaniques
Le fonctionnement des installations comme les dégrilleurs, la vis de relevage, les bandes transporteuses, les ponts racleurs, pompes,… conduisent à un risque d’entraînement, d’écrasement, de cisaillement, de chocs.

Autres risques :

Incendie
Il est lié principalement aux installations spécifiques : chaudières, installations de séchage des boues, stockage de produits inflammables… Mais une inflammation des refus de dégrillage ou de déshuilage, une défaillance d’une installation électrique est toujours possible.

Explosion

Ce risque résulte de la présence de méthane ou d’hydrogène sulfuré à des concentrations dangereuses dans un espace confiné. Ce gaz provient principalement de la fermentation des matières organiques.

Les moyens de prévention

Contre le risque lié au Bruit

  • Réduire les nuisances à la source par des isolations phoniques, des silencieux, des « silent blocks… »
  • Maintenir les machines en bon état, en particulier la lubrification / graissage
  • Signaler les lieux bruyants
  • Fournir des équipements de protection individuelle et associer les opérateurs dans le choix (bouchon ou casque)

Contre le risque électrique

  • Choisir des appareils électriques dont l’indice de protection est adapté aux conditions d’utilisation (milieux humides, corrosifs)
  • Former les opérateurs concernés (habilitation électrique)

Qualité de l’air

  • Concevoir des installations de captage des polluants à la source
  • Concevoir une installation de ventilation générale pour évacuer les polluants résiduels, assurer le confort thermique (climatisation / chauffage) et compenser l’air extrait
  • Installer des détecteurs de gaz fixes sur chaque zone à fort risque
  • Equiper les opérateurs de contrôleur d’atmosphère pour les opérations en milieu confiné

Chutes, glissades, noyades

  • Analyser les risques de chutes et équiper les passerelles de garde-corps et plinthes
  • Choisir des revêtements de sols antidérapants faciles à nettoyer
  • Rendre obligatoire le port des gilets de sauvetage et de bottes antidéparantes dans les lieux à risques

Circulations internes

  • Etablir un plan de circulation incluant :
  • Une séparation des flux (piétons, engins, poids-lourds, véhicules légers), si possible avec un unique sens de circulation
  • Une signalisation des dangers, interdictions, obligations
  • Si nécessaire, des casse-vitesse
  • Maintenir en bon état la voirie
  • Etablir des protocoles de chargement et de déchargement avec les transporteurs
  • Dans les locaux couverts les voies de circulations et les zones d’activités doivent être suffisamment éclairées

Contre le Risque routier

  • Maintenir en bon état le véhicule de service
  • Limiter le nombre de stations à surveiller
  • Planifier les tournées de façon à optimiser les déplacements

Manutentions manuelles

  • Installer des moyens de levage, ponts roulants, palans, treuil, … -
    Stress, charge mentale
  • Associer les opérateurs dans le choix des améliorations à apporter aux conditions de travail
  • Réduire les risques liés à la qualité de l’air, au bruit, aux manutentions manuelles…
  • Munir le travailleur isolé de moyens de communications
    Contre les risques chimiques et les risques biologiques
  • Implanter les bâtiments et les ouvrages de façon à séparer les stockages des zones d’activités
  • Séparer les vestiaires, sanitaires, lieux de détente, locaux sociaux des sources de pollution
  • Installer des détecteurs de gaz fixes sur chaque zone à fort risque (risque chimique : H2S)
  • Installer une fontaine rince-œil
  • Nettoyer régulièrement les sols et équipements souillés, en particulier à l’intérieur
  • Fournir des gants adaptés aux risques chimiques et biologiques, et associer les opérateurs dans le choix (taille, type de matériau…)
  • Respecter les règles d’hygiène :
  • ne pas boire, manger, fumer sur les lieux de travail
  • se laver les mains après être sorti d’une zone à risque biologique
  • se changer et se doucher après le travail
  • Tenir en état de propreté constant les vestiaires, douches, lavabos et toilettes
  • Déterminer avec le médecin du travail les vaccins appropriés
    Voir rubrique « qualité de l’air »

Machines

  • S’assurer, lors de l’achat et lors de la réception, de la conformité « machine » des équipements de travail installés
  • Etudier l’implantation du matériel et des équipements de sécurité : protection des organes mobiles, (carters, grilles), dispositifs d’arrêt d’urgence appropriés aux configurations de travail (câbles, boutons, etc.),
  • Respecter les consignes contenues dans les notices d’instruction des fabricants des équipements
  • Définir des règles de consignation des machines pour les opérations de nettoyage et de maintenance
  • Etudier l’implantation du matériel et des équipements de sécurité : protection des organes mobiles, (carters, grilles)
  • Vérifier annuellement les installations électriques et lever les non-conformités identifiées

Engins

  • Définir des instructions de conduite pour les engins
  • Délivrer une autorisation de conduite aux opérateurs concernés sur la base :
  • D’un examen d’aptitude réalisé par le médecin du travail
  • D’un contrôle des connaissances et des savoir-faire de l’opérateur pour la conduite en sécurité de l’équipement de travail (par exemple CACES engins de chantier ou chariots élévateurs)
  • D’une connaissance des lieux et des instructions à respecter sur le ou les sites d’utilisation
  • Limiter la vitesse de circulation, éventuellement par bridage
  • Vérifier annuellement les ponts roulants et les engins dits « de chantier » tels que les chargeuses et les pelles mécaniques, et lever les non-conformités identifiées
  • Vérifier semestriellement les chariots élévateurs, et lever les non-conformités identifiées

Incendie et explosions

  • Définir les zones à risques d’explosion et adapter le matériel en conséquence
  • Installer des détecteurs de gaz fixes sur chaque zone à fort risque
  • Etablir une consigne incendie
  • Faire respecter l’interdiction de fumer
  • Mettre en place un système de détection et d’alerte incendie
  • Mettre en place des moyens adaptés de lutte contre l’incendie : extincteurs, RIA, désenfumage, etc.
  • Effectuer un contrôle périodique des armoires électriques par thermographie infrarouge

Textes applicables

Code du travail, partie IV notamment

Pour en savoir plus

INRS

  • ED 873 Conception des usines d’épuration des eaux résiduaires
  • ED 820 Guide pratique de ventilation N° 19. Dépollution des eaux résiduaires
  • ED 894 La détection des gaz et des vapeurs dans l’atmosphère des lieux de travail
  • TC 34 Risques biologiques et travail dans les stations d’épuration des eaux usées