Allocation
Création dentreprise
Indemnisation du chômage
Circulaire DGEFP no 2005-16 du 11 avril 2005 relative à la modification du dispositif de cumul de laide à la création et reprise dentreprise (ACCRE) avec lallocation de solidarité spécifique (ASS)
NOR : SOCF0510305C
(Texte non paru au Journal officiel)
Résumé : allongement de six à douze mois de la période de cumul ACCRE-ASS.
Référence : article R. 351-41 du code du travail.
Le ministre de lemploi, du travail et de la cohésion sociale à Madame et Messieurs les préfets de région (directions régionales du travail, de lemploi et de la formation professionnelle) ; Madame et Messieurs les préfets de département (directions départementales du travail de lemploi et de la formation professionnelle).
La politique gouvernementale sattache à favoriser la création dentreprise, en particulier par des personnes privées involontairement demploi.
Dans ce contexte, le décret no 2004-1004 du 23 septembre 2004 (JO du 25 septembre 2004) entré en vigueur le 27 septembre 2004, modifie les dispositions relatives au cumul du dispositif daide à la création et reprise dentreprise (ACCRE) avec lallocation de solidarité spécifique (ASS).
LACCRE est une aide dÉtat prenant la forme dune exonération de charges sociales, dont linstruction et la décision doctroi relèvent du directeur départemental du travail, de lemploi et de la formation professionnelle. Cette aide doit permettre daccompagner les créateurs ou repreneurs dentreprise dans les premiers mois de leur activité.
Le décret précité modifie les règles de cumul de cette aide avec lallocation de solidarité spécifique en distinguant deux situations :
- dune part, le cas où les personnes sont admises au bénéfice des exonérations prévues par le dispositif ACCRE au cours de leur indemnisation par lassurance chômage (ARE) : le décret précise que celles-ci peuvent bénéficier du versement de lallocation de solidarité spécifique (ASS) à lexpiration de leurs droits à lARE, et ce, jusquau terme de la période dun an à compter de lattribution de lACCRE ;
- dautre part, le cas où les personnes admises au bénéfice de lACCRE perçoivent déjà lallocation de solidarité spécifique et pour lesquelles la période de cumul ACCRE-ASS est portée de six mois à un an.
Les nouvelles dispositions portant à un an la possibilité de cumul de lACCRE avec lASS ne dérogent pas avec dautres dispositions réglementaires en vigueur (par exemple le réexamen semestriel de la condition de ressources ou la règle de cumul en cas dexercice dune activité réduite).
Cette circulaire a pour objet de décrire et préciser les modalités dapplication des nouvelles dispositions introduites par le décret no 2004-1004 du 23 septembre 2004, en détaillant successivement les différentes situations visées, ainsi que celles qui leurs sont connexes.
I. - LES BÉNÉFICIAIRES DE LACCRE EN ARE
(POUR MÉMOIRE)
Il faut noter en premier lieu que la période où la création ou la reprise dentreprise est en projet est assimilée à une période de recherche demploi.
En second lieu, sagissant du cumul du bénéfice de lACCRE avec lARE, le décret du 23 septembre 2004 ne modifie pas le régime juridique actuellement en vigueur.
II. - LES BÉNÉFICIAIRES DE LACCRE EN ASS
Les modalités de cumul des exonérations de charges de lACCRE avec lindemnisation au titre de lASS sont modifiées par le décret du 23 septembre 2004, qui porte sa durée de six à douze mois. Il faut distinguer selon que le bénéficiaire de lACCRE est déjà sous statut ASS au moment de ladmission au bénéfice de lACCRE, ou si, indemnisé au titre de lassurance chômage, il peut prétendre à lASS à lexpiration de ses droits à lARE.
A. - Les bénéficiaires du cumul ACCRE-ARE dont les droits à lARE expirent et qui peuvent prétendre à lASS
Le décret du 23 septembre 2004 rappelle que les personnes indemnisées par lassurance chômage et qui sont admises au bénéfice de lACCRE peuvent, à lexpiration de leurs droits à lallocation dassurance, être admises au bénéfice de lASS et ce jusquau terme de la période dun an à compter de leur admission à lACCRE. La durée dindemnisation en ASS à laquelle les intéressés peuvent prétendre est donc calculée comme suit : un an diminué de la période de cumul ACCRE-ARE.
Ladmission en ASS doit cependant sentendre comme relevant du régime de droit commun des articles L. 351-10 et R. 351-13 du Code du travail, à savoir le respect des conditions de ressources et dactivité antérieure. Ces dernières font lobjet dun examen au moment du passage dARE en ASS, mais également, sagissant de la condition de ressources, au terme des six premiers mois de cumul ACCRE-ASS.
Exemple :
Un allocataire, indemnisé au titre de lARE jusquau 1er novembre 2004, a été admis au bénéfice de lACCRE le 1er septembre 2004 : il a bénéficié du cumul ACCRE-ARE entre le 1er septembre et le 1er novembre, soit pendant 2 mois.
Au 1er novembre 2004, sous réserve de remplir les conditions de ressources et dactivité antérieure, il a pu faire valoir ses droits au cumul ACCRE-ASS pour une période de douze mois diminuée de la période de deux 2 mois de cumul dACCRE-ARE.
Il peut donc être indemnisé au titre de lASS pendant une période de 10 mois à compter du 1er novembre 2004, soit jusquau 1er septembre 2005.
Au terme des six premiers mois de cumul ACCRE-ASS, un réexamen de sa condition de ressources, intégrant les revenus tirés de sa nouvelle activité, déterminera sil peut bénéficier de la période restante de cumul.
B. - Les allocataires en ASS qui bénéficient
de lACCRE
Lorsque la personne est, au moment de son admission au bénéfice de lACCRE, indemnisée au titre de lASS, elle peut cumuler les deux dispositifs pendant une période de douze mois (contre six mois selon la réglementation antérieure).
Cet allongement de la période de cumul sapplique :
- aux personnes indemnisées au titre de lASS au 27 septembre 2004 (date dentrée en vigueur du décret du 23 septembre 2004) et qui nont pas épuisé leurs droits à cette date ;
- aux ouvertures de droits postérieures au 27 septembre 2004.
Il appartient à lAssédic, qui notifie pour le compte de lÉtat le nombre de jours indemnisés, de prendre soit une décision modificative de droits, soit une nouvelle décision informant les intéressés de la durée de cumul à laquelle ils peuvent prétendre.
Lallongement de la période de cumul ACCRE-ASS ne doit cependant concerner que les seuls créateurs ou repreneurs dentreprise dont les revenus tirés de cette activité justifient le maintien du versement de lASS. Ainsi, au terme des six premiers mois de cumul, les droits de lintéressé devront être réexaminés au regard de la condition de ressources de droit commun ouvrant droit à lASS (art. R. 351-13 du code du travail), afin de déterminer si la période de cumul est prolongée pour six mois supplémentaires. Les revenus tirés de la création ou reprise dentreprise seront alors pris en compte lors de lexamen des ressources.
Exemple 1 :
Un allocataire ASS est admis au bénéfice de lACCRE le 1er mars 2004.
Il pouvait à cette époque bénéficier du cumul ACCRE-ASS pendant six mois.
Il a donc cessé de bénéficier de lASS à compter du 1er septembre 2004.
Sa fin de droits à lASS étant antérieure au 27 septembre 2004, il ne peut pas prétendre à six mois supplémentaires dindemnisation au titre de lASS.
Exemple 2 :
Un allocataire ASS est admis au bénéfice de lACCRE le 1er avril 2004.
Il pouvait à cette époque bénéficier du cumul ACCRE-ASS pendant six mois.
Ses droits à lASS se terminaient donc théoriquement le 1er octobre 2004.
Etant toujours indemnisé au titre de lASS au 27 septembre 2004, il bénéficiera de lASS pour six mois supplémentaires, jusquau 1er avril 2005, à la condition quil respecte la condition de ressources (article R. 351-13 du code du travail).
Exemple 3 :
Un allocataire ASS est admis au bénéfice de lACCRE le 1er octobre 2004.
Il pourra bénéficier du cumul ACCRE-ASS pendant une durée de douze mois, soit jusquau 1er octobre 2005.
Cependant, un réexamen de la conditions de ressources devra intervenir au terme des six premiers mois de cumul.
Au terme de la période de cumul ou durant celle-ci, en cas déchec de la création ou reprise de lentreprise, lintéressé pourra prétendre à ladmission au bénéfice de lASS, sous réserve du respect des conditions de ressources et dactivité antérieure (article R. 351-13 du code du travail). Cette réadmission ne pourra intervenir que pour les demandes formulées dans le délai de quatre ans à compter de louverture de droits à lASS (article R. 351-16 du code du travail).
C. - Application des nouvelles règles
aux bénéficiaires déjà sortis de lASS
1. Depuis lentrée en vigueur du décret du 23 septembre 2004, des décisions de notification de fin de droits à lASS au terme des six mois de cumul ACCRE-ASS ont été prises pour des allocataires qui auraient dû bénéficier de la nouvelle réglementation. Ils pourront être réadmis au bénéfice de lASS pour six mois supplémentaires sils en font la demande.
Exemple :
Un allocataire est sorti du dispositif ASS le 29 septembre 2004, au terme de six mois de cumul ACCRE-ASS.
Etant allocataire ASS le 27 septembre 2004, il entre dans le champ dapplication de la nouvelle réglementation : il pourra bénéficier de la prolongation de six mois de cumul, sil en fait la demande uniquement, et sous réserve de remplir la condition de ressources.
2. Du fait de lambiguïté des textes précédents, des pratiques divergentes ont été constatées. Notamment, ont été notifiées des refus dadmission au bénéfice de lASS à lexpiration des droits à lARE lorsque les intéressés cumulaient ARE et ACCRE.
Les intéressés pourront être admis au bénéfice de lASS, pour une durée de douze mois diminuée de la période de cumul ACCRE-ARE, sous réserve :
- den faire la demande (avant lexpiration du délai de prescription) ;
- de remplir les conditions de ressources et dactivité antérieure (avec réexamen de la condition de ressources au terme des six premiers mois de cumul).
III - LES BÉNÉFICIAIRES
DES AUTRES ALLOCATIONS DE SOLIDARITÉ
Le dispositif ACCRE peut être cumulé avec lallocation dinsertion (AI). Le décret du 23 septembre 2004 ne modifie pas le régime juridique de ce cumul.
En revanche, le dispositif ACCRE ne peut pas être cumulé avec lallocation équivalent retraite (AER) ou lallocation de fin de formation (AFF).
IV. - LES CRÉATEURS OU REPRENEURS
DENTREPRISE QUI NE BÉNÉFICIENT PAS DE LACCRE.
Les créateurs ou repreneurs dentreprise, qui ne bénéficient pas des exonérations de charges sociales prévues par le dispositif ACCRE, peuvent cumuler les revenus tirés de leur nouvelle activité avec lASS. Les règles de cumul qui sappliquent à cette situation sont alors les règles de droit commun de reprise dactivité en ASS (R. 351-35 du code du travail). Le cumul partiel ou total est possible pendant douze mois ou 750 heures.
De même, les créateurs ou repreneurs dentreprise qui ne bénéficient pas du dispositif ACCRE pendant leur indemnisation au titre de lassurance chômage peuvent cumuler les revenus tirés de leur nouvelle activité avec leur allocation de chômage. Les règles applicables sont alors les règles de droit commun de reprise dactivité du régime dassurance chômage (art. 37 à 41 du règlement du régime dassurance chômage). Le cumul est possible pendant 18 mois maximum, dans la limite de leurs droits à lallocation.
A lexpiration de leurs droits à lallocation dassurance chômage, un passage en ASS est possible, sous réserve du respect des conditions douverture de droits à lASS de droit commun, et ce même si les intéressés poursuivent leur activité. Il sera alors fait application, pour la détermination des droits à lASS, des règles de droit commun précitées de cumul des revenus tirés dune reprise dactivité avec lASS.
Il faut cependant souligner que lorsquune activité réduite est constatée dans le mois où un allocataire est susceptible de passer du régime dassurance chômage au régime de solidarité :
- lintégralité de lactivité exercée au cours du mois en cause est prise en compte au titre de lexamen des droits à lassurance chômage ;
- si au moins un jour est indemnisable au titre du régime de solidarité dans le mois du passage entre les deux régimes, lactivité exercée pendant ce mois est sans effet sur la détermination des droits à lASS. En revanche, le mois suivant, les revenus tirés de lactivité seront pris en compte comme si lactivité venait de débuter.
V. - MONTANT DASS VERSÉ
DANS LE CADRE DU CUMUL ACCRE-ASS
Le montant de lACCRE-ASS versé est égal au montant de lASS à taux plein, et ce quels que soient les revenus tirés de la création ou la reprise de lentreprise.
Ces revenus ne sont pris en compte que pour lexamen des ressources en vue de ladmission au cumul ou de son renouvellement.
Exemple :
Un allocataire est indemnisé en ASS depuis le 18 décembre 2003 au taux journalier de 8,94 Euro.
Il crée son entreprise et remplit les conditions pour bénéficier du cumul ACCRE-ASS à compter du 1er mai 2004.
A cette date, le taux journalier dASS qui doit lui être versé sélève à 13,76 Euro.
Lors de son renouvellement (au terme de six mois), il y aura lieu de tenir compte des revenus tirés de sa création dentreprise et éventuellement des autres ressources du foyer.
VI. - DÉTERMINATION DES RESSOURCES
Si les rémunérations ne sont pas connues au moment de lexamen des droits à lASS, les revenus de lintéressé sont déterminés à partir dune rémunération forfaitaire fixée annuellement par lAssedic.
A titre dexemple, pour lannée 2004, sagissant dactivités professionnelles non salariées non agricoles, la base forfaitaire mensuelle est de 521,50 Euro durant la première année civile et 782,25 Euro pour la deuxième année civile.
Une régularisation est effectuée lorsque les rémunérations réelles, soumises aux cotisations sociales, sont connues.
VII. - LES CRÉATEURS OU REPRENEURS
DENTREPRISE QUI BÉNÉFICIENT DU DISPOSITIF EDEN
Les allocataires de lASS qui créent ou reprennent une entreprise peuvent bénéficier du dispositif daide Eden. Les dispositions de larticle 1 du décret du 23 septembre 2004 qui modifient les dispositions de larticle R. 351-41 du code du travail transforment la nature de laide financière de prime en avance remboursable. Dans le cadre de ce dispositif, ils bénéficient dune aide financière versée par lEtat sous la forme dune avance remboursable sur cinq ans, dexonérations de charges sociales et du maintien de lASS pendant douze mois (contre six jusquà présent).
VIII. - LES ÉCHANGES DINFORMATIONS ENTRE LES DIRECTIONS DÉPARTEMENTALES DU TRAVAIL, DE LEMPLOI ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET LES ASSEDIC
Actuellement, les échanges dinformations entre les DDTEFP et les Assédic ne concernent que les cas des allocataires de lASS admis au bénéfice de lACCRE. Les services gestionnaires de lACCRE des DDTEFP informent les Assedic, dune part, de la date de création ou de reprise de lentreprise, et dautre part, de la décision dacceptation de lACCRE. En retour, les Assedic informent les DDTEFP du versement de lACCRE-ASS.
Il est nécessaire que cette procédure soit étendue aux cas où lintéressé est admis au bénéfice de lACCRE au moment de son indemnisation au titre de lARE, afin que lui soit versée lASS à lissue de ses droits à lARE jusquau terme de la période dun an dexonérations de cotisations sociales. Les services gestionnaires de lACCRE des DDTEFP devront ainsi informer les Assedic, pour chaque création ou reprise dentreprise dun allocataire en ARE, de la date de création ou reprise, ainsi que de la décision dacceptation de lACCRE.
Vous voudrez bien saisir la délégation générale à lemploi et à la formation professionnelle (mission indemnisation du chômage) des difficultés que vous pourriez rencontrer dans lapplication des présentes dispositions.
Le délégué général adjoint à lemploi et à la formation professionnelle, S. Clément |