Bulletin Officiel du Travail, de lEmploi et de la Formation Professionnelle
No 2002/11 du jeudi 20 juin 2002
Délégation générale à lemploi
et à la formation professionnelle
Circulaire DGEFP no 2002-32 du 4 mai 2002 concernant les coûts de référence des subventions en matière dinsertion et de qualification professionnelles
NOR : MESF0210118C
(Texte non paru au Journal officiel)
La ministre de lemploi et de la solidarité, à Mesdames et Messieurs les préfets de région (directions régionales du travail, de lemploi et de la formation professionnelle) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (directions départementales du travail, de lemploi et de la formation professionnelle) ; ministère de léconomie, des finances et de lindustrie (direction du budget, direction des entreprises commerciales, artisanales et de services, direction de laction régionale et de la petite, moyenne industrie) ; ministère de la justice (direction de ladministration pénitentiaire, ministère de léducation nationale, direction de lenseignement supérieur, direction de lenseignement scolaire) ; ministère de la jeunesse et des sports (délégation aux formations) ; ministère de la fonction publique et de la réforme de lEtat (direction générale de ladministration et de la fonction publique) ; ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement (délégation à laménagement du territoire et à laction régionale) ; ministère de lagriculture et de la pêche (direction générale de lenseignement et de la recherche) ; ministère de léquipement des transports et du logement, secrétariat dEtat au tourisme (direction du tourisme).
Afin daider les services de lEtat, dans le cadre de la liberté doctroi de la subvention et de la suppression des barèmes de la formation professionnelle, la présente circulaire vise à donner des repères aux gestionnaires garants de loptimisation de la gestion des crédits publics.
Cette circulaire sappuie sur la notion de coût complet, définie comme la somme des coûts du personnel et des coûts de gestion (encadrement - amortissement des équipements - frais de gestion - administration), et identifie désormais des coûts moyens constatés qui peuvent servir de référence dans le cadre de lanalyse des dossiers de subventionnement par les services instructeurs.
Chaque année, une circulaire du ministère de lemploi et de la solidarité fixait jusquà présent des barèmes concernant les prix de fonctionnement et déquipement des actions de formation et dinsertion professionnelles.
Le décret du 7 mars 2001 portant sur le nouveau code des marchés publics fait entrer la formation professionnelle dans son champ. Pour les services de qualification et dinsertion professionnelles, une procédure allégée sapplique, conformément à larticle 30 du code.
Le champ de linsertion et de la formation professionnelles présentant un caractère à la fois dintérêt général et concurrentiel, il importe dadopter la démarche la plus appropriée, cest-à-dire soit loctroi dune subvention, soit lachat dune prestation.
Depuis lentrée en vigueur du nouveau code des marchés publics, le 10 septembre 2001, un système de prix négocié a succédé à un régime de prix fixé par lEtat (barèmes). Ceci nempêche nullement certains acheteurs dencadrer la négociation par des outils internes daide à la décision.
Cependant, les activités de formation et dinsertion professionnelles visées par la présente circulaire sont subventionnées et nappellent pas de mise en concurrence selon les procédures des marchés publics. La personne publique dispose de la liberté doctroi de la subvention et de la libre participation au financement des charges.
Concernant la subvention, la référence à la notion de coût savère plus adaptée que la notion de prix puisque laide versée par la personne publique pour des activité dont elle na pas pris linitiative ne constitue pas le prix dune acquisition de biens ou de services.
La prise en charge de la totalité ou dune partie des coûts engagés par lorganisme demandeur fait lobjet dune demande de subvention. Les services de lEtat analysent alors la pertinence du financement des charges de la structure, de son équipement, ou de ses activités au regard des politiques publiques. La subvention peut prendre en charge tout ou partie des coûts.
1. Les typologies de subventions
La subvention est une contribution financière versée par une personne publique pour des activités qui présentent un caractère dintérêt général, initiées par un tiers pour répondre à des besoins que celui-ci a définis. Elle ne constitue pas le prix dune acquisition de biens ou de services.
Il existe trois types de subventions :
- les subventions de fonctionnement afin de participer aux charges de la structure ;
- le montant global des subventions de fonctionnement ne doit pas être supérieur aux charges prévisionnelles de fonctionnement de la structure ;
- les subventions déquipement afin de contribuer au financement des moyens nécessaires à la structure pour réaliser son objet social et son programme dactivités.
Elles sont formalisées par des décisions attributives qui indiquent les montants et les modalités de liquidation des subventions allouées :
- les subventions destinées à financer un programme dactivités ou une action.
Ces activités, variées dans le domaine de la formation et linsertion professionnelles, doivent être définies et budgétisées.
Dans ce cas la subvention est affectée à un projet précis et utilisée conformément au but pour lequel elle a été sollicitée.
Plusieurs cas peuvent se présenter :
Les subventions de fonctionnement :
Cas no 1 : subvention de la quasi-totalité (à part les cotisations des membres, par exemple) du budget prévisionnel dune structure non lucrative dont lobjet social et le programme dactivités répondent aux politiques dun seul financeur public.
Cas no 2 : participation aux charges de structure permettant la réalisation globale de lobjet social et du programme dactivités sans choisir de privilégier telle ou telle activité.
Cette subvention est une aide partielle qui induit un cofinancement.
Les subventions déquipement :
Cas no 3 : financement de la totalité dun devis déquipement servant à réaliser lobjet social de la structure.
Cas no 4 : financement partiel dun équipement servant à lobjet social de la structure ou ciblé sur certaines activités de lorganisme demandeur.
Les subventions pour un programme ou une action :
Cas no 5 : le financeur public centre son intervention sur certaines activités effectuées par lorganisme demandeur et octroie une subvention sur la totalité des activités choisies qui correspondent à une politique publique du financeur.
Lorganisme demandeur indique alors les coûts complets de lactivité à subventionner.
Si la structure nutilise pas de comptabilité analytique et ne peut pas dégager le coût complet de lactivité à subventionner, le gestionnaire de subvention peut alors sappuyer sur les coûts de référence situés dans lannexe de cette circulaire qui constate les prix moyens réels et complets de la profession par types dactions de formation ayant des coûts analogues.
Cas no 6 : le financeur public contribue partiellement au financement de certaines activités sur la même base de calcul de la subvention que précédemment.
Il fixe librement le niveau de sa participation.
La structure doit avoir un compte demploi de la subvention ce qui sous entend une comptabilité analytique ou une codification comptable de toutes les transactions afférentes à lactivité subventionnée afin de faciliter les contrôles, sauf règles particulières des collectivités publiques concernées.
2. Critères dattribution
Si le gestionnaire de subvention est libre de fixer les critères dattribution, il apparaît essentiel cependant, avant dattribuer une subvention, de vérifier un certain nombre déléments :
- la subvention doit sinscrire dans le cadre dune politique publique correspondant à des lignes budgétaires identifiées ;
- la subvention nécessite lélaboration dun cahier des charges fixant les conditions de réalisation des actions attendues du bénéficiaire, des critères et des indicateurs de suivi-évaluation ;
- lorganisme demandeur doit remplir ses devoirs en matière fiscale et sociale ;
- il convient de sassurer du respect de la Convention collective nationale des organismes de formation pour les organismes privés ;
- la subvention doit être contractualisée par une convention de subvention indiquant, outre lobjet général de lassociation, lobjet particulier de laction, sa place dans lactivité de lassociation et dans la politique publique mise en place par le ministère, le coût global de laction et le montant de la participation financière de la personne publique ;
- loctroi de la subvention implique un suivi et une évaluation par le financeur et la rédaction dun rapport dactivités par lorganisme aidé. Les conditions dutilisation des subventions sont contrôlées (services de contrôle de la formation professionnelle continue, inspections générales, chambres régionales des comptes, contrôles européens) ;
- la convention doit prévoir les modalités de contrôle du prix de revient et dévaluation qui peut seffectuer dans un délai de deux ans après le paiement du dernier versement ;
- si ladministration estime que le titulaire ne remplit pas sa mission et si le délai prévu pour la réalisation de laction se trouve dépassé, ladministration peut résilier la convention (prévoir des clauses de dénonciation de la convention) ;
- le contrôle des subventions versées est effectué, outre par le contrôleur financier et les corps de contrôle, par lordonnateur, qui vérifie la conformité de lactivité ou du programme réalisé avec le projet ayant motivé le versement de la subvention ainsi que lutilisation de la subvention dans le délai indiqué dans la décision dattribution.
Lapproche par les coûts :
De nombreuses réflexions sur les coûts réels des organismes de formation publics et privés ont été menées notamment par les organisations professionnelles auprès de leurs membres, ou dans des groupes de travail régionaux ou nationaux à partir de lanalyse de cas concrets.
Ce faisceau de réflexions permet de déterminer une grille générale et constitue un repère utile aux gestionnaires.
La référence, soit à des coûts réels complets moyens constatés sur le plan national soit à des coûts complets particuliers mentionnés par lorganisme demandeur, permet de calculer les subventions selon la réalité des coûts.
Lannexe à la présente circulaire est destinée à donner aux gestionnaires des éléments dappréciation des coûts moyens constatés en regroupant des exemples dactions concernées ayant des coûts analogues (en gras figurent les modes de tarifications les plus pertinents, de lheure-stagiaire, de lheure-groupe ou de la journée intervenant).
Elle devrait faciliter la décision quils auront à prendre dans le cadre des subventionnements des actions de formation et dinsertion professionnelles et garantir la cohérence nationale entre les différents financeurs publics.
Chaque ministère peut analyser les indicateurs de coûts dune action de formation quil subventionne et proposer aux gestionnaires des outils leur permettant un calcul optimal des subventions quils versent.
Le choix des critères :
Le gestionnaire de subvention peut choisir un ou plusieurs critères de financements à intégrer dans le cahier des charges :
- financements unitaires (exemples : heure-stagiaire ou heure-groupe) ;
- financements forfaitaires (exemples : à la journée dintervenant ou à la prestation).
Lheure-stagiaire a été le plus souvent le seul critère dattribution du financement public en raison de sa simplicité et de la nécessité de préciser un résultat statistique par bénéficiaire. Mais sil est utilisable dans une logique de prix, il nest pas toujours pertinent dans une logique danalyse de coûts.
Les critères dheure-groupe ou de forfait à la journée ou à la prestation permettent dapprécier lactivité de lorganisme de formation et de ses coûts. En revanche, ils ne permettent pas didentifier le nombre de personnes formées.
Il est possible de croiser les indicateurs de coûts nécessaires à la gestion dun dispositif (comme lheure-stagiaire) avec les indicateurs de coûts révélateurs des dépenses effectivement engagées par le prestataire (comme lheure-groupe ou le coût forfaitaire).
Il est également possible de partir des coûts réels complets constatés et les diviser par le nombre de stagiaires effectivement formés pour avoir a posteriori le coût réel complet par heure-stagiaire.
On dispose alors dun indicateur de coût fiable de l« heure-stagiaire » qui peut servir de base pour le calcul dune future subvention (en rappelant que celle-ci ne couvre pas nécessairement la totalité du coût complet demandé).
Les chiffres suivants ont été élaborés selon cette démarche. Ils sont issus danalyses effectuées par différents acteurs de la formation et de linsertion professionnelle en veille permanente sur ce sujet.
Les chiffres proposés correspondent à des moyennes, et doivent être pondérés en fonction de certains critères susceptibles de générer des variations importantes comme :
- les domaines de formation, certains demandant des moyens techniques renforcés et lutilisation abondante de matières consommables (exemples : certaines formations artisanales, essence pour formations permis) ;
- les niveaux de formation élevés (exemple : formations ingénieurs), ou formations très spécialisées (formations soudeurs autogènes) demandant des formateurs-experts ;
- les lieux de formation (par exemple en zone rurale), certains lieux étant lointains donc plus coûteux (exemple des stages langues et formations à létranger) ou demandant des espaces importants (terrains dexercice pour des formations liées au BTP, pistes poids lourds) ;
- lorganisation pédagogique (alternance avec un suivi continu et constituant un acte pédagogique, degré dindividualisation important, ingénierie de la formation élaborée ou novatrice, utilisation des méthodes et moyens pédagogiques modernes) ;
- le nombre et les caractéristiques du public, certains publics difficiles demandant des groupes restreints, certaines formations nécessitant une formation quasi-individuelle pour les travaux pratiques (grutiers, permis poids lourds, conduite dengins, chariots-élévateurs, réparation ascenseurs, automates programmables) ;
- les différentes prestations en amont et en aval de la formation intégrées à la condition quelles se situent dans un parcours cohérent de chaînage dactions. Ces prestations sont identifiées dans la Convention collective nationale des organismes de formation.
Ces critères peuvent être faibles, moyens ou renforcés pour chaque action.
Lanalyse de cette pondération conduira le gestionnaire à minorer ou majorer le coût de référence moyen de subvention présenté en annexe de cette circulaire.
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Les difficultés dapplication de la présente instruction doivent être adressées, pour ce qui concerne les services du ministère en charge de lemploi et de la formation professionnelle, à la délégation générale à lemploi et à la formation professionnelle (mission marché de la formation). Lorsque sa mise en uvre relève dun autre ministère, les administrations centrales citées comme correspondantes de la présente circulaire sont directement interrogées, sans préjudice dune éventuelle copie de la saisine adressée à la DGEFP.
La déléguée générale à lemploi et à la formation professionnelle, C. Barbaroux |
ANNEXE
Typologie des actions par coûts constatés analogues : on peut classer en 6 catégories (TTC) :
1o Formations à coûts réduits :
Ces prestations utilisent des moyens humains et matériels peu coûteux : à analyser cas par cas selon le coût réel.
Exemples : utilisation de bénévoles, locaux prêtés ou à loyers modérés, formations internes, autoformation...
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | < 4 Euro | < 50 Euro | < 300 Euro |
2o Formations conventionnelles avec des moyens classiques :
Exemples : stages de quinze stagiaires environ, moyens pédagogiques limités (papier/crayon, rétroprojecteur), formateurs relevant de la Convention collective nationale des organismes de formation ou à statut public, action de date à date, action daide à linsertion, formations professionnalisantes, actions pré-qualifiantes et qualifiantes ou à visées diplômantes avec du matériel technique de base, formations linguistiques, remise à niveau, suivi des stagiaires en entreprises en cas de formation par alternance...
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | 5 Euro | 70 Euro | 500 Euro |
3o Formations offrant des actions individualisées :
Exemples : actions à entrées et sorties permanentes avec conventions individuelles, validation des acquis de lexpérience, ouverture annuelle, positionnement, entretiens, tests psychologiques, tests de pré-requis, recrutement, action daide à lorientation, bilan de compétences, accompagnement des publics difficiles vers et dans lemploi, relations avec les entreprises, les prescripteurs et les financeurs, formations ouvertes et à distance en lieux ressources ou en espace collectif, formations pré-qualifiantes, qualifiantes et diplômantes avec matériel technique coûteux, besoin de matières consommables pour les formations, suivi-évaluation personnalisé, jury pour les titres et diplômes...
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | 7 Euro | 100 Euro | 600 Euro |
4o Formations mobilisant des moyens coûteux :
Exemples : caristes, stages de formation nécessitant des compétences rares ou spécifiques, stages ou FOAD dans zones rurales désertifiées, chantier-école, sous-groupes à effectifs réduits obligatoires...
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | 8 Euro | 120 Euro | 700 Euro |
5o Interventions dingénierie et dexpertise :
Exemples : ingénierie de projet (construction de parcours de formation), ingénierie de formation (conception de nouveaux produits pédagogiques), constitution dun réseau dentreprises...
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | 9 Euro | 140 Euro | 800 Euro |
6o Formations spécifiques utilisant des moyens très coûteux et des effectifs réduits obligatoire :
Exemples : stages de formation avec experts de haut niveau, matériel technique et de simulation coûteux comme les formations de conduite dengins, permis poids lourds, maintenance industrielle sur machines coûteuses... ou prise en charge totale des stagiaires (transport, hébergement, restauration, formation, suivi socio-éducatif et sanitaire des stagiaires) variations importantes demandant une analyse des coûts réels au cas par cas.
CRITÈRES | HEURE/STAGIAIRE | HEURE/GROUPE | JOURNÉE intervenue |
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Coût moyen constaté : | 10 Euro à 20 Euro | 150 Euro à 300 Euro | 1 000 Euro à 2 000 Euro |