La prévention des risques liés aux poussières

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Les risques liés aux poussières

Les poussières sont de très fines particules solides qui restent en suspension dans l’air et dont le niveau de pénétration dans l’organisme, par voie pulmonaire, dépend de leur taille. Elles peuvent engendrer des risques au travail.

Données générales

Les poussières d’origine minérale (silice, amiante, fer, zinc, cobalt, étain…), végétale (bagasse, coton, céréales, farine…) ou même animale (déjections des poules, pigeons, perruches…) :

  • Sont sources d’expositions très nombreuses et variées en milieu professionnel.
  • Peuvent provenir directement des matières premières utilisées (sous forme de poudres notamment) et sont alors libérées lors de leur production, leur transport, leur stockage ou leur mise en œuvre (extraction, concassage de minerais, fabrication de farine, fabrication et utilisation de matières plastiques…).
  • Sont aussi produites lors de la transformation de produits manufacturés finis ou semi-finis (usinage de métaux, sciage, ponçage, meulage de bois ou matériaux synthétiques, broyage de déchets…) ou lors d’opération de démolition ou de nettoyage.

La pénétration des poussières

Taille des poussièresEffets
De 10 à 100 micronsAussi appelées « poussières totales », ces poussières sont retenues au niveau des fosses nasales.
De 5 à 10 micronsPoussières qui pénètrent dans la trachée, les bronches puis les bronchioles. Elles peuvent être crachées ou avalées dans l’œsophage ; mais si l’empoussiérage est trop élevé, elles iront jusqu’aux alvéoles.
0.5 micronPoussières très fines qui se déposent sur les alvéoles pulmonaires. En dessous de 0,5 micron les poussières se comportent comme un gaz dans l'organisme et suivent donc la ventilation pulmonaire.

Quels sont les risques ?

Risques pour la santé

De manière générale les poussières sont considérées comme gênantes ou dangereuses pour la santé, elles ont pour effet :

  • Une gène respiratoire (poussières dites inertes, c'est-à-dire sans toxicité particulière ;
  • Des effets allergènes (asthme causé par la farine) ;
  • Des effets toxiques sur l’organisme (neurotoxicité des poussières de mercure, effets immunologiques du béryllium…) ;
  • Des lésions au niveau du nez (rhinites, perforations de la cloison nasale, cancer de l’ethmoïde) ;
  • Des effets fibrogènes (prolifération de tissus conjonctifs au niveau des poumons (silicose, sidérose...) ;
  • Des effets cancérigènes (au niveau pulmonaire pour l’amiante, nasal pour le bois…).

Les poussières présentent la caractéristique de fixer les molécules gazeuses irritantes ou nocives présentes dans l’atmosphère de travail, ce qui a pour effet d’aggraver leurs nocivité.

Certaines poussières sont connues pour leur toxicité particulière (amiante, silice…).

Risques d’incendie et d’explosion

Le risque d’explosion vise aussi bien les poussières alimentaires (sucre, amidon, farine…) que végétales (coton, bois…), métalliques (aluminium, magnésium…) ou industrielles (matières plastiques, déchets pulvérulents…).

Toutes les poussières combustibles sont susceptibles de provoquer une explosion lorsqu’elles sont mises :

  • en suspension sous forme de nuage ;
  • en concentration suffisante ;
  • dans un espace fermé (local, silo, citerne );
  • au contact d’une source d’énergie (étincelle, électricité statique, surface chaude…).

Les moyens de prévention

Travailler par voie humide, vase clos, aspirateur industriel, dispositif d’aspiration, équipement de protection individuelle, nettoyage régulier.

Contre le risque d’inhalation

Pour limiter l’émission de poussières au niveau le plus bas possible, il faut :

  • Travailler par voie humide (arrosage, humidification) ;
  • Travailler en vase clos (appareils hermétiques, boites à gant) ;
  • Recourir à des procédures d’ouverture des sacs ou de déchargement des véhicules évitant la dissémination ;
  • Utiliser un aspirateur industriel équipé d’un filtre de haute efficacité (interdire le recours à la soufflette pour chasser la poussière).

Protection collective

  • Les poussières qui ne peuvent être éliminées doivent être captées au plus près de leur source d’émission avec un dispositif d’aspiration approprié à la nature des polluants, et conforme aux principes généraux de ventilation ;
  • Les installations doivent être maintenues en bon état de fonctionnement et contrôlées périodiquement.

Protection individuelle

  • lorsque l’utilisation de protections collectives est impossible ou insuffisante, les opérateurs doivent être équipés de protections individuelles et notamment de masques respiratoires dotés de filtres appropriés .

Contre le risque d’explosion

  • Nettoyer régulièrement les structures (charpentes métalliques…), tuyauteries (intérieur des parois…) en évitant de créer des nuages.
  • Prendre des mesures empêchant la mise en suspension des poussières (mouillage).
  • Installation d’évents sur les canalisations (orifices initialement obturés qui permettent de libérer la pression des gaz en cas d’explosion et donc d’en limiter les effets).
  • Eloigner les sources de chaleur ou les causes de création d’électricité statique ou d’étincelle

Sources réglementaires

Les poussières et la loi

Une poussière est une particule solide d’un diamètre aérodynamique d’au plus de 100 micromètres ou dont la vitesse limite de chute, dans des conditions normales de température est au plus égale à 0,25 mètre par seconde: Article R. 4222-3

Valeurs limites d’exposition professionnelle

Concentration moyenne sur une période de 8 heures

  • poussières totales : = 10 mg/m3 d’air
  • poussières alvéolaires = 5 mg/m3 d’air

Les valeurs limites d’exposition professionnelle valent pour toute forme de poussières (marbre, farine...) mais les effets particuliers de certaines d’entre elles justifient l’existence des valeurs limites inférieures (bois, amiante, silice...): Article R. 4222-10 du Code du travail

Contrôles périodiques

Les conditions dans lesquelles les installations doivent être contrôlées et selon quelle périodicité: Arrêté du 8/10/87.

Cet arrêté ne porte pas que sur les poussières mais permet de veiller au respect des valeurs moyennes citées plus haut, par le biais du contrôle de l’efficacité des installations de captage.

Autres dispositions

L’aération assainissement des locaux de travail : Articles R. 4222-1 et suivants

La prévention du risque chimique (poussières constituant des agents chimiques dangereux) : Articles R. 4412-1 et suivants

Pour en savoir plus

DIRECCTE Alsace

Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

Dossier : Poussières de bois

Trois guides de bonnes pratiques:

Poussières de bois. Prévenir les risques - ED 974 (10 pages)

Ce document fait un rappel des risques pour la santé et un exposé de la situation de l'exposition en France avant de présenter la démarche de prévention et un ensemble d'actions inscrites dans cette démarche.

Poussières de bois. Guide de bonnes pratiques dans le secteur des scieries - ED 6029 (32 pages)

Ce guide précise les risques encourus par les opérateurs exposés professionnellement aux poussières de bois, présente la démarche de prévention et la réglementation française, et donne quelques solutions pour réduire le niveau d'empoussièrement des postes de travail et des ateliers.

Poussières de bois. Guide de bonnes pratiques en deuxième transformation - ED 978 (16 pages)

Ce guide précise les risques encourus par les opérateurs exposés professionnellement aux poussières de bois, présente la réglementation française et la démarche de prévention, indique des mesures de prévention permettant de réduire le niveau d'empoussièrement des postes de travail et des ateliers, et fournit une aide pour la stratégie d'évaluation de l'exposition des salariés.

Un guide de ventilation

Deuxième transformation du bois - ED 750 (36 pages)

Ce document est destiné à fournir des réponses pratiques à toutes les personnes qui se posent un problème de conception, de réception, de conduite et de contrôle d'installations de ventilation dans les ateliers de la deuxième transformation du bois. Il ne traite que des points essentiels relatifs aux installations de ventilation. Il concerne l'ensemble des particules émises lors de la deuxième transformation du bois : copeaux, sciures, poussières ainsi que les poussières liées à certaines opérations telles que l'égrenage.

Présentation de CAPTOU un système de captage des poussières des machines à bois - INRS

Captou est un dispositif de captage auxiliaire de copeaux et de poussières de bois pour toupie travaillant à l'arbre. Destiné aux entreprises et aux centres de formation de la menuiserie, Captou est un complément du protecteur standard qui permet de réduire efficacement l'émissions de poussières sans gêner l'opérateur ni réduire sa productivité.