Discours de Myriam El Khomri Ministre - 40 ans de Centre Inffo – Sénat – 21 novembre 2016

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le ministre et Président du Sénat, Monsieur Larcher,
Monsieur le président du Centre Inffo, Monsieur Viossat,
Mesdames et messieurs les acteurs de la formation,
Mesdames et messieurs,

Cela fait maintenant un peu plus d’un an que je suis ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Pendant cette période, mes déplacements sur le terrain, auprès de professionnels de la formation, mes échanges avec des salariés, des demandeurs d’emploi, des travailleurs indépendants, des chefs d’entreprises, mon travail avec les parlementaires, avec de nombreux experts, l’ensemble de ces rencontres ont toutes renforcé une de mes convictions profondes : la formation est une des grandes réponses aux défis que rencontre le monde du travail.
Dans un monde de plus en plus polarisé entre peu qualifiés et surqualifiés, la formation permet de réenclencher de la mobilité sociale. Face aux carrières discontinues, la formation permet de mieux construire et sécuriser son parcours professionnels. Et dans un monde concurrentiel, aux mutations de plus en plus rapides, la formation renforce la compétitivité de nos entreprises.

Je pense que nous assistons à une prise de conscience collective : la formation doit concentrer tous nos efforts. Ce n’est pas à vous, ce n’est pas aux partenaires sociaux, ce n’est pas au Centre Inffo, cher Louis-Charles Viossat, que je l’apprends.

Mais, nous le savons tous, le potentiel de la formation continue a longtemps été sous-valorisé et sous-exploité dans notre pays. Aujourd’hui, grâce à nos efforts collectifs et si chacun reste mobilisé, je pense que nous sommes à un tournant.

Les politiques mises en place par le gouvernement, vous les connaissez, elles sont nombreuses :
Il y a d’abord une réforme refondatrice avec la loi du 5 mars 2014.

Cette loi constitue une étape majeure dans l’histoire de la formation de notre pays :

  • Elle lui donne un cadre modernisé, le quadripartisme
  • Elle renforce les droits des actifs. Je pense bien sûr au conseil en évolution professionnelle et au compte personnel de formation. D’ores et déjà, ces dispositifs sont des succès : l’année 2015 a vu plus d’un million trois cents mille actifs bénéficier d’un accompagnement personnalisé et plus de 3 millions de CPF ont été ouverts pour plus de 600 000 projets individuels de formations validés.
  • Elle impose une exigence de qualité

Il y a ensuite le Plan 500 000 formations supplémentaires engagé depuis janvier 2016. Ce plan de grande ampleur, qui s’adresse à toutes les personnes en recherche d’emploi, a été pensé pour s’adapter aux spécificités et besoins de chaque territoire, de chaque filière, de chaque entreprise, grâce à l’implication active des conseils régionaux et à la mobilisation des partenaires sociaux, dans le cadre du quadripartisme. Il ne s’agit pas de former pour former, mais de former utile. Ceci constitue une véritable révolution qualitative et quantitative. La dynamique est très forte : depuis le 1er janvier 2016, 760 000 personnes sont entrées ou se sont inscrites en formation, avec un rythme hebdomadaire d’inscriptions doublé par rapport à la même période de 2015. Conformément aux objectifs fixés, les publics les plus éloignés de l’emploi ont été les premiers concernés : parmi les demandeurs d’emploi ayant bénéficié d’une formation au titre du plan, 42% sont des actifs peu ou pas qualifiés et des demandeurs d’emploi longue durée.

Enfin, il y a la création du Compte personnel d’activité au 1er janvier 2017 grâce à la loi travail. Ce compte, qui intégrera le compte personnel de formation et le compte personnel de prévention de la pénibilité et qui s’enrichira du compte d’engagement citoyen, est la matérialisation d’une nouvelle approche du monde du travail. C’est lui qui, en instaurant notamment un droit universel à la formation, des droits doublés pour les salariés non qualifiés, la formation gratuite à un métier pour les jeunes décrocheurs, pose les bases d’une véritable sécurité sociale professionnelle pour les actifs, quels que soient leurs parcours, leurs statuts et leurs choix de carrière.

Ensemble, ces réformes poursuivent les mêmes objectifs : permettre des évolutions professionnelles plus fluides et plus protectrices, former celles et ceux qui en ont le plus besoin, et faire de la formation professionnelle un investissement et non une charge pour les entreprises.

Bien sûr, ce changement d’approche, de pratiques, de culture prend du temps et demande une très forte mobilisation collective, au plus près des spécificités des territoires. Le Centre Inffo a un rôle moteur à jouer dans ce contexte pour permettre l’appropriation par tous du sens de l’action politique.

Vous êtes tout particulièrement concernés par l’adaptation permanente du contenu et de la forme des informations, pour mieux toucher les experts et le grand public, en offrant des outils toujours plus opérationnels, en valorisant les bonnes pratiques, en renforçant l’ergonomie pédagogique de vos sites.

Au-delà, il s’agit également de favoriser l’accès à la certification des compétences et je pense tout particulièrement à la Validation des Acquis de l’Expérience qui constitue un levier important de la valorisation, de la reconnaissance des parcours professionnels des personnes tout autant qu’un tremplin pour l’évolution professionnelle des individus.

Quel est le défi ? Nous avons à nous saisir collectivement des solutions en cours, pour construire, développer, ensemble, de nouvelles modalités d’apprentissage, de transmission des compétences. Nous devons nous saisir des opportunités offertes par les outils digitaux pour que chacun puisse trouver une réponse adaptée à son besoin, et à son rythme d’apprentissage.

Miser sur la formation est un pari au long cours, mais c’est un pari indispensable. Pourquoi ? Très simplement parce que notre stratégie économique et sociale, au niveau national comme au niveau de chaque territoire, de chaque entreprise, repose avant tout sur notre capacité à développer notre intelligence collective. C’est le sens des réformes portées par ce gouvernement.

Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation collective pour cela.

Voici en quelques mots ce que je souhaitais vous dire aujourd’hui.

Je vous remercie.