Discours de François REBSAMEN - Rencontres Sénatoriales de l’Apprentissage

Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l’APCMA,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de m’avoir invité à ces 15èmes rencontres de l’apprentissage. Voilà 15 ans que vous réunissez les apprentis, les employeurs et les pouvoirs publics, 15 ans qu’à travers cette manifestation, vous témoignez de votre attachement à l’apprentissage, outil de développement de compétences pour les entreprises et d’insertion dans la vie professionnelle pour les jeunes.

Même si la conjoncture économique est difficile, l’artisanat reste un secteur particulièrement utilisateur d’apprentissage et je vous en félicite. Vos apprentis ont aujourd’hui des niveaux de qualification différents, certains sont en CAP, en BEP et s’inscrivent dans des parcours professionnels qualifiants qui les amènent à des études supérieures. Par ailleurs, vos maîtres d’apprentissage représentent tous les corps de métiers. C’est une grande richesse qu’il faut continuer de développer pour que l’apprentissage offre des perspectives nouvelles :
- la construction de parcours professionnels personnalisés
- la formation à des métiers à vraie valeur ajoutée
- la réponse, enfin, à des besoins de compétences spécifiques.

Pour conclure ces rencontres, je souhaite partager avec vous plusieurs constats issus de vos réflexions et rappeler que l’apprentissage est une affaire d’engagement.

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1. L’apprentissage est aujourd’hui une voie reconnue et sollicitée.

En l’espace de quelques années, son image a profondément changé. C’est une vraie, une belle victoire, quand on sait combien préjugés et autres fausses représentations peuvent avoir la vie dure. Vous n’avez pas été les simples témoins de ce changement, vous y avez contribué en diffusant les informations, en organisant des événements et surtout, en allant à la rencontre des jeunes et des entreprises.

C’est un travail de terrain qui commence à porter ses fruits : aujourd’hui, 91% des jeunes de notre pays ont une bonne image de l’alternance et 87% d’entre eux seraient prêts à recommander cette voie. 72% estiment aussi qu’un jeune passé par l’apprentissage est mieux armé pour trouver un premier emploi. Finie l’image de la voie de garage, ou pire encore, de la voie toujours bonne pour les autres.

2. Si l’image de l’apprentissage a changé, c’est parce que c’est un dispositif gagnant-gagnant !

Gagnant pour les jeunes

Le constat est aujourd’hui partagé par tous : l’apprentissage favorise l’insertion professionnelle des jeunes.
- Dans sept cas sur dix après un apprentissage on trouve un emploi dans les six mois, c’est un atout par rapport aux résultats constatés pour d’autres modes de formation.
- Trois quarts des apprentis ont l’impression d’être employés à leur niveau de compétences ou dessus. Or dans la vie professionnelle, il est primordial de voir ses qualifications, ses apports reconnus à leur juste valeur.
L’apprentissage, c’est une arme contre le chômage des jeunes m ais c’est aussi le début d’une belle aventure, le point de départ d’une carrière en entreprise. Il offre la possibilité de bouger, d’évoluer sur le marché de l’emploi et de progresser jusqu’à bien souvent devenir chef d’entreprise. C’est ce qu’on constate dans votre secteur d’activité.
Gagnant pour les entreprises

Aujourd’hui, ces dernières ont plus que jamais besoin d’une main d’œuvre qualifiée qui corresponde réellement à leurs besoins de compétences. Former un apprenti leur permet de répondre à plusieurs enjeux :
- Anticiper le retour de la croissance et le regain d’activité économique
- Anticiper les départs à la retraite de leurs salariés et transmettre des compétences spécifiques à chaque entreprise
- Développer leur compétitivité
C’est donc pour elles une opportunité unique de préparer l’avenir.

3. Tout l’enjeu est de lever les freins à l’apprentissage : rendre plus facile les démarches des jeunes ; rendre plus simple le recrutement par les entreprises.

C’était l’objet de la journée de mobilisation pour l’apprentissage du 19 Septembre 2014 voulue par le Président de la République et qui a réuni l’ensemble des acteurs. Les témoignages de cet après midi, organisés autour des trois thématiques retenus, rejoignent un certain nombre de constats qui ont été formulés lors de cette journée.

Comme vous le savez, le Gouvernement s’est mobilisé pour apporter une réponse concrète pour lever ces freins et a fixé collectivement un objectif ambitieux.

L’ensemble des acteurs s’accorde ainsi sur le fait qu’au-delà de l’objectif de 500 000 apprentis en 2017, il s’agit avant tout de renforcer la qualité des formations dispensées, de mieux accompagner les entreprises mais aussi les jeunes afin qu’ils accèdent à un emploi et disposent d’un véritable métier.

Tous ont montré un désir fort d’avancer concrètement et rapidement en vue de renforcer l’attractivité de l’apprentissage, d’améliorer les conditions d’emploi de l’apprenti et d’adapter l’offre d’orientation et de formation. Dans ce contexte, et fort des propositions exprimées le 19 septembre, un plan d’action pour la relance de l’apprentissage a été adopté. Vos préoccupations ont été entendues et prises en compte.

Ce plan est en cours de déploiement et je souhaite vous faire part dès à présent des mesures les plus significatives qui ont déjà été prises :
- Sur le plan financier, des mesures concrètes et effectives en 2015 ont été adoptées pour un montant de 200 M€. Ainsi, les entreprises pourront affecter, dès cette année, plus de taxe d’apprentissage aux centres de formation des apprentis. Une aide au recrutement d’un apprenti supplémentaire, d’un montant de 1000 euros, a aussi été créée pour tenir compte de l’investissement fait par l’entreprise dans la formation de l’apprenti. Elle sera versée par les Régions à tous les contrats conclus depuis le 1er juillet 2014. Dans les TPE cette aide s’ajoute à la prime à l’apprentissage.
- En ce qui concerne la réglementation, dès le 5 mai prochain, l’employeur n’aura plus à demander à l’inspection du travail l’autorisation d’employer un apprenti pour effectuer des travaux dits dangereux. Une déclaration, dont le contenu sera allégé, sera suffisante. Par ailleurs, le problème des travaux en hauteur a été réglé. Bien entendu, le jeune devra au préalable avoir été formé et les moyens de protection devront être utilisés.

Demain, les employeurs pourront donc recruter plus facilement des apprentis et les jeunes pourront apprendre leur métier dans des conditions réelles qui leur permettront de s’approprier les bons gestes utiles à l’exercice de leur futur métier. D’autres chantiers vont aussi contribuer à cela : la création d’une offre de service pour accompagner les employeurs dans leurs démarches de recrutement, et une autre pour suivre les jeunes de leur recrutement jusqu’à leur accès à l’emploi, la création d’un statut de l’apprenti….autant de mesures sur lesquelles mon ministère travaille actuellement.

4. L’Etat a fait sa part. C’est maintenant aux entreprises de s’engager.

Pour cela, il faut qu’elles se mobilisent. J’en appelle à toutes les entreprises :
- celles qui pourraient dans leurs filières recourir à l’apprentissage
- celles qui paient la contribution supplémentaire de l’apprentissage parce qu’elles n’accueillent pas suffisamment d’alternants et pour lesquelles la loi de simplification de la vie des entreprises a confié à Pole emploi une mission de prospection
- celles qui traditionnellement font de l’apprentissage mais se sont désengagés.

75% des employeurs sont pleinement satisfaits de l’apprentissage et jugent que le coût d’un apprenti est compensé par la valeur ajoutée qu’il crée. Voilà qui devrait susciter des vocations et rassurer ceux qui éprouvent encore des réticences à s’engager.

Mesdames et Messieurs,

Vous l’avez compris, l’apprentissage est pour moi une priorité car c’est une des voies les plus sûres vers l’emploi. C’est aussi un levier économique pour la compétitivité de nos entreprises qui trouveront dans une jeunesse mieux formée toutes les compétences et toute l’énergie dont elles ont besoin.

Au-delà de l’intérêt en termes d’insertion professionnelle et d’opportunités économiques, l’apprentissage est un engagement. Je l’ai constaté, nous sommes rassemblés ici autour de valeurs communes : la solidarité entre les générations, la transmission des savoirs, le partage au sein de l’entreprise. Ces valeurs font vivre la cohésion sociale et ouvrent les portes de notre République. S’investir dans son travail, faire le choix de l’apprentissage, c’est trouver grâce à l’emploi un voie d’intégration. L’exemple du jeune Armando CURRI en est la meilleure preuve.

Vous portez haut cet engagement et cela doit être une source de fierté. Je souhaite qu’il s’intensifie pour que nous réussissions ensemble la rentrée 2015. C’est grâce à cette mobilisation générale que nous atteindrons l’objectif de 500 000 apprentis en 2017.

Je vous remercie

Consulter :

 Le discours du Ministre