International : un engagement en faveur du bien-être au travail et du droit universel à la santé
L’Observatoire Social International (OSI) vient de rendre public un « engagement en faveur du bien-être au travail et du droit universel à la santé ». Ce document compte déjà parmi ses signataires une dizaine d’entreprises et d’organisations syndicales (GDF SUEZ, Schneider-Electric, AREVA, RATP, THALES, La Poste, Malakoff Médéric, CFDT, CFE-CGC, UNSA et la CES) auxquels se sont joints d’autres partenaires (ANACT, le Groupement des Fédérations Syndicales Internationales, Entreprise&Personnel, la Global Business Coalition et le Bureau de l’OIT à Paris). Ce texte a reçu le soutien du Ministre du Travail et des Affaires sociales, Eric WOERTH, et reste ouvert à la signature de nouvelles parties prenantes. A l’occasion de l’événement organisé le 7 avril dernier, son Délégué Général, Marc DELUZET, revient sur le contenu de cet engagement et sur la démarche de l’OSI. (Réf. 100345)
Comment est née cette initiative de l’OSI ?
Marc Deluzet. Le travail de l’Observatoire partait d’une proposition de Schneider-Electric qui souhaitait réfléchir aux politiques de santé au travail menées par des entreprises à l’échelle internationale, y compris en termes de protection sociale. Au cours de nos travaux, nous nous sommes aperçus qu’en Europe, les politiques de lutte contre la souffrance au travail se déplaçaient vers des politiques plus larges de promotion de la santé et du bien-être au travail.
Autour de quelles problématiques s’articule cet engagement ?
MD. Quatre lignes de force sont apparues. Premièrement, la santé au travail constitue un enjeu majeur pour redonner valeur et signification au travail, particulièrement dans un contexte de crise qui comporte des risques de perte de sens. Libérer la parole des salariés sur l’organisation du travail et redonner un projet collectif aux équipes apparaît comme une nécessité, quand les changements du travail conduisent à une individualisation des emplois et parfois à un isolement des salariés. Deuxièmement, la compétitivité de l’entreprise et l’efficacité des salariés reposent de plus en plus sur leur bien-être au travail. Les conditions de travail doivent être perçues comme un investissement et non comme un coût. Troisièmement, la santé au travail est un enjeu de santé publique. Les déficits de l’assurance maladie et des mutuelles complémentaires conduisent à des impasses financières qui sont insupportables si l’on reste dans une logique de réparation des dégâts provoqués par le travail. Le recul de l’âge de départ en retraite nécessite aussi de prévenir l’usure professionnelle par des politiques de bien-être au travail plus affirmées. Enfin, quatrièmement, promouvoir le droit à la santé et le bien-être au travail supposent de développer des politiques de coopération entre les différents acteurs : entreprises, organisations syndicales, pouvoirs publics, experts.
Comment la dimension internationale est-elle présente dans cette initiative ?
MD. Depuis le début, nous partions d’un examen des politiques de santé conduites par les entreprises en Europe et dans le reste du monde. Notre réflexion, qui a aussi associé la Confédération syndicale internationale, a montré que la logique des politiques menées était maintenant forcément internationale. La Confédération européenne des syndicats est signataire de l’engagement et le Groupement des Fédérations Syndicales Internationales (Council of Global Unions) en est partenaire. Dans le suivi de cet engagement, nous tenterons de faire émerger des propositions et des initiatives qui prendront en compte la dimension internationale des défis posés en matière de bien-être au travail et de santé, qu’il s’agisse du dialogue social international, des relations aux sous-traitants dans les chaînes de production ou des politiques de promotion de la santé conduites localement.
Quelle articulation envisagez-vous avec le dialogue social international ou d’autres initiatives comme le rapport « Efficacité et Bien-être au travail » d’Henri LACHMANN ?
MD. Cet engagement ne vise nullement à se substituer aux entreprises et aux organisations syndicales, qui négocient de multiples accords, ou à intervenir sur les partenariats entreprises et pouvoirs publics. L’OSI vise simplement à susciter l’échange libre entre les différents acteurs, à favoriser le développement de coopérations ponctuelles, à faire émerger des problématiques nouvelles. Concernant le rapport LACHMANN, il y a une très forte proximité entre notre démarche et le contenu de ce rapport. L’engagement de l’OSI peut conduire concrètement à une mise en œuvre d’une bonne partie de ses propositions. Tel était le sens de la présence et de l’intervention d’Henri LACHMMANN lors de l’événement que nous avons organisé au début avril.
Concrètement, quelles futures initiatives envisagez-vous de prendre ?
MD. L’OSI assurera un suivi, qui est inscrit dans le texte de l’engagement. Chaque signataire s’est engagé à désigner un responsable dans cette perspective. Suite à l’après-midi de débats que nous avons mené le 7 avril sur les différents points du document , nous prévoyons plus particulièrement de travailler sur les lieux de paroles et d’échanges pour les salariés, sur les politiques en direction des fournisseurs et sous-traitants, sur les politiques, individuelles et collectives, de prévention et de promotion de la santé, sur les indicateurs permettant de mesurer les gains d’efficacité et de compétitivité globale, et sur la dimension internationale des politiques de santé des entreprises. C’est dans cet esprit que nous assurerons le suivi de cet engagement.
GDF SUEZ, Schneider-Electric, la RATP, France Telecom, AREVA, AMUNDI,…sont les principaux acteurs de l’Observatoire Social International auxquels il faut ajouter la CFDT, des universitaires et des parlementaires. Muriel MORIN, DRH Adjointe de GDF SUEZ en assure la présidence. Jean KASPAR, consultant en stratégie sociale, et Philippe MONCOURRIER, responsable de l’Observatoire Social de la RATP, sont vice-présidents.