Réunion du EPSSCO. Intervention de François Rebsamen. 19 juin 2014

Monsieur le Président, monsieur le Commissaire, mes chers collègues,

C’est la première fois que j’ai le plaisir et l’honneur de participer à une réunion du EPSSCO et je suis heureux de vous apporter la parole de la France sur les enjeux majeurs de l’emploi, du travail et du dialogue social.

La France porte pour l’Europe sociale une double ambition :

L’ambition d’une croissance respectueuse des hommes et de leur environnement.

Comme je l’ai réaffirmé lors de la conférence internationale du travail à Genève, nous avons le devoir de lutter contre toutes les formes d’exploitation et de dégradation que peut engendrer une course effrénée à la croissance.
C’est tout le sens de la directive sur le détachement des travailleurs adoptée en avril dernier, et de la plateforme de lutte contre le travail illégal que nous discutons ;

L’ambition d’un modèle social qui réponde aux besoins des citoyens, et d’une Union Européenne qui donne à ses ressortissants, sécurité et envie d’entreprendre.

Pour cela, l’Europe sociale a besoin de retrouver un langage simple, de s’inspirer des idées locales dans ses politiques globales, et de regagner auprès des citoyens une légitimé de régulateur et de coordinateur qu’elle a aujourd’hui perdue.

Les politiques de l’emploi et les outils européens de coordination et de dialogue doivent être au service de ce double objectif.
Avec notre expertise (nous avons introduit cinq nouveaux indicateurs sociaux et d’emploi dans les revues pays à cette fin) et nos leviers politiques, nous pouvons contribuer à un meilleur fonctionnement et à un dialogue social de qualité dans l’Union et la zone euro.

Une nouvelle Commission va prendre ses fonctions et la France souhaite qu’elle fasse sienne cette double ambition.

Dans le cadre du semestre européen, nous progressons dans l’articulation des travaux des ministres de l’économie et des finances, et des ministres de l’emploi et des affaires sociales. Cette articulation est presqu’un combat, tant la préséance de l’intégration économique et financière est ancrée dans l’ADN de l’Europe.
Nous ne pouvons pas nous contenter d’une coordination exclusivement financière ou organisée selon des cibles budgétaires. Je suis convaincu que les dépenses que nous engageons pour l’emploi, pour les jeunes, pour la formation, pour l’insertion, pour ceux qui sont le plus en difficulté, sont de vrais investissements d’avenir et de performance de nos pays !

Pour autant l’engagement de la France pour la croissance et l’emploi ne menace pas ses engagements budgétaires qui, je l’affirme, seront tenus.
On peut agir pour l’emploi en réduisant les dépenses publiques et en menant des réformes structurelles et le sérieux budgétaire n’est pas l’austérité.
C’est un équilibre difficile à tenir. En effet lorsque la crise et les difficultés frappent de façon inégale les citoyens, les régions, les Etats membres, il faut à la fois laisser jouer à plein les « stabilisateurs automatiques », et en même temps fortifier nos défenses contre les prochains aléas, les prochaines crises.
La crise a laissé derrière elle des dégâts sociaux importants. C’est l’emploi qui les réparera, c’est le recul du chômage qui en effacera les traces.
L’Europe sociale doit ici prendre tout son rôle, un rôle aussi important que celui de l’Europe économique.
La commission rappelle fréquemment son souci d’articuler les mesures d’urgence et les changements de temps long : l’initiative européenne pour la jeunesse en est un bel exemple !
L’Europe s’est fixé différents objectifs pour 2020, échéance à la fois lointaine et proche, augmenter le taux d’emploi, diminuer le décrochage scolaire, et réduire la pauvreté.
La garantie européenne pour la jeunesse remplit ces trois objectifs et reflète une belle ambition : que tous les jeunes jusqu’à 25 ans se voient proposer une solution vers l’acquisition de leur autonomie.
Ce n’est pas utopique, c’est la seule politique capable de redonner un élan à l’Europe et d’apporter une solution aux jeunes, tout de suite et pour l’avenir.
L’heure est à un effort hors du commun pour nos jeunes. Il doit aussi l’être pour les chômeurs de longue durée.

Ne nous trompons pas, c’est le chômage qui ronge l’Europe, bien avant les populismes qu’il nourrit.

L’ampleur de la tâche est grande.
La France est prête à s’engager avec vigueur, tant pour l’urgence que pour le long terme ; tant pour l’action conjoncturelle (la lutte contre le travail illégal qu’il faut considérablement renforcer) que pour les sujets de long terme (je pense à la mobilité, à l’approfondissement de la portabilité des droits et à la convergence sociale).

Je termine en saluant, comme mes collègues, la qualité du travail fourni par la Présidence grecque et me tourne avec enthousiasme vers la Présidence italienne.