Mesdames et messieurs,
Votre présence aujourd’hui, au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, témoigne de l’importance que vous accordez toutes et tous au principe républicain d’égalité, et je veux vous en remercier.
Ce principe, il nous appartient – à nous, l’Etat, et à vous, les entreprises – de le porter et de le faire vivre, avec force et détermination. Pourquoi ? Parce que c’est notre conception du travail qui est en jeu.
Le travail doit être ce qui permet à chacun de s’affranchir des déterminismes sociaux, de ses origines, de ses vulnérabilités. Ce qui permet à chacun de s’émanciper, et d’être jugé sur ce qu’il fait, non sur ce qu’il est, ou sur ce qu’il est supposé être. Etre embauché et évoluer au sein de l’entreprise sur la base de ce qu’on fait, c’est ce qu’on appelle le mérite. Et c’est précisément le mérite des travailleurs de notre pays que mettent à mal toutes les formes de discriminations au travail.
C’est pour faire reculer ce phénomène que j’ai présenté, le 19 mai dernier, 13 mesures pour lutter contre les discriminations dans l’entreprise. Ces mesures ont été élaborées sur la base du rapport du groupe de dialogue inter-partenaires présidé par Jean-Christophe Sciberras, et elles poursuivent deux objectifs :
- Le premier, c’est d’aider les employeurs, de vous aider à prendre conscience des discriminations, qui existent parfois sans que vous en ayez conscience. C’est le sens de la grande campagne de testings des entreprises qui sera lancée à l’automne prochain. Concrètement, il s’agit d’envoyer deux CV identiques, mais en modifiant un paramètre – le nom ou l’adresse, par exemple. Le but de cette campagne est de susciter une prise de conscience, dans une démarche pédagogique. Par ailleurs, nous inciterons les entreprises à mettre en place des testings sollicités (ou « auto-testings »), comme le font un certain nombre d’entreprises du label. L’enjeu est d’analyser leur processus de recrutement, notamment au regard des discriminations, et d’agir ainsi efficacement, au travers de plans d’action dédiés, élaborés avec les partenaires sociaux, pour y mettre un terme. Car c’est ma conviction, aucune entreprise qui est confrontée à ses propres discriminations ne peut les tolérer.
- Le deuxième objectif est d’outiller les entreprises, notamment au niveau du recrutement, pour leur permettre de mettre en place ces plans d’actions. Il n’existe pas de méthode unique qui permette de supprimer toutes les discriminations à l’embauche. Tout l’enjeu est dès lors de trouver celle qui correspond le mieux au poste et au secteur, pour sélectionner le meilleur profil en limitant l’impact des stéréotypes. Pôle Emploi aura un rôle central à jouer auprès des employeurs : il devra les informer, mais aussi leur proposer des outils d’appui RH, via les nouveaux conseillers entreprise.
Mais l’Etat seul ne peut pas tout. Ce sont des questions sur lesquelles la mobilisation des entreprises est essentielle. Et c’est pourquoi je me réjouis de décerner aujourd’hui le label Diversité à 9 organismes qui ont fait preuve d’un volontarisme exemplaire. Que vous soyez un grand groupe, une entreprise familiale, un magasin dépendant d’une grande enseigne, ou encore un syndicat professionnel, vous avez fait un choix. Ce choix, c’est celui de vous engager en faveur de l’égalité des chances, de la prévention des discriminations et de la promotion de la diversité.
Pour chacune de vos structures, en fonction de sa taille, de son secteur d’activité, de son histoire, ce label aura une signification différente :
- Pour la SARL Païta frères par exemple, ce label renvoie sans doute à l’histoire personnelle de son créateur, Christian Païta, né dans un petit village non loin d’Alès, composé à 80% d’immigrés polonais, italiens et algériens venus travailler dans les mines de charbon.
- Pour le Conseil national des Employeurs d’Avenir, c’est une question d’adéquation avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire, dont il représente les employeurs.
- Pour un groupe comme Klesia ou GRDF, c’est un engagement d’un grand employeur vis-à-vis de la société.
Je veux voir dans ces différences le signe des progrès qui ont été accomplis sur cette question essentielle : aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les grandes entreprises qui se sentent concernées, mais tous les employeurs de notre pays.
Mais je veux aussi voir ce qui vous réunit, par-delà ces différences : c’est à mon sens la conviction que la diversité est tout autant un enjeu d’éthique qu’un enjeu de performance.
Les entreprises de notre pays, quels que soient leur taille, leur secteur, leur histoire, ont tout à gagner à mieux refléter notre société ; tout à perdre à se considérer comme des bastions fermés sur eux-mêmes.
Pourquoi ? Parce qu’être compétitif et performant aujourd’hui, c’est s’ouvrir sur la société. C’est comprendre ses transformations, ses aspirations, ses besoins. C’est enrichir l’entreprise de profils, qui sont autant de manières différentes de penser et de sentir le monde qui l’entoure.
L’entreprise a besoin de la différence. Voilà pourquoi il ne faut pas voir la diversité que sous l’angle de l’engagement social. Elle doit être le résultat d’une gestion des ressources humaines efficace et éclairée, qui sait aller au-delà des stéréotypes et des représentations toutes faites de la performance. C’est le sens du label Diversité.
L’Etat aussi doit se montrer exemplaire sur ces questions. C’est pourquoi le Comité interministériel Egalité et Citoyenneté du 6 mars dernier a annoncé que tous les ministères devraient être labellisés d’ici fin 2016. Je ne peux m’empêcher de préciser que mon ministère fait partie de ceux qui le sont déjà, et que j’apporte une attention particulière à ce que la mobilisation et le niveau d’exigence de tous soient maintenus.
Or, pour conserver le même degré d’exigence, le label Diversité doit s’adapter aux évolutions de la situation économique et sociale.
- C’est la raison pour laquelle nous sommes engagés dans une démarche de rapprochement entre le label Diversité et le label Egalité. L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la mixité des métiers sont aujourd’hui des problématiques qui recoupent la question plus large de la diversité. Cette alliance entre les deux labels, au sein de laquelle chaque label conservera son identité, permettra de simplifier les candidatures et les procédures de labellisation des entreprises, grâce à un dossier de candidature et un cahier des charges uniques. Dans ce cadre, les exigences du label Diversité demeureront les mêmes. Les vingt critères retenus aujourd’hui ont tous la même pertinence, la même importance. Et il ne s’agit que de simplifier les démarches pour encourager les entreprises à candidater aux 2 labels.
- Par ailleurs, le label Diversité continuera de s’intéresser à toutes les expressions de la diversité, mais une attention particulière devra être portée à la situation des seniors et des personnes en situation de handicap, sans pour autant changer les outils d’évaluation qui sont aujourd’hui utilisés.
- Le dynamisme que nous voulons continuer à insuffler au label prend également d’autres voies. Nous œuvrons ainsi à la prise en compte du label Diversité dans le cadre de la notation sociale que peuvent réaliser les agences de notation extra-financière. Nous y travaillons actuellement avec AFNOR Certification et Vigéo pour aboutir rapidement à une solution concrète.
Ces orientations seront bien évidemment examinées par la Commission du label Diversité, au sein de laquelle l’engagement de tous, services de l’Etat, partenaires sociaux et experts, est indispensable. Je tiens également à saluer le travail d’AFNOR Certification, qui intervient aussi bien en amont qu’en aval des labellisations.
Comme le montrent les différents chantiers que je viens d’évoquer, la diversité et l’égalité professionnelle en entreprise sont une construction permanente. C’est un domaine où rien n’est acquis une fois pour toutes. C’est pourquoi je souhaite que vous considériez ce label comme une récompense, certes, mais aussi comme un encouragement :
- Un encouragement à le faire connaître et à partager les différents dispositifs que vous avez mis en place.
- Un encouragement à maintenir votre effort pour faire progresser l’égalité au cœur du monde du travail.
- Un encouragement, enfin, à promouvoir une vision de la performance qui donne la place qu’elle mérite à la diversité des profils dans l’entreprise.
C’est un enjeu éthique mais c’est aussi un enjeu de performance, et j’espère pouvoir compter sur vous pour porter ce message.
Je vous remercie.
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