Discours prononcé à l’occasion du retour du Ministère du Travail dans son site historique

Je voudrais tout d’abord saluer les partenaires sociaux, qui nous font l’honneur de leur présence ce soir.
Jean-Pierre CROUZET (Président UPA)
Jean-François ROUBAUD (Président CGPME)
Pierre GATTAZ (Président MEDEF)
Carole COUVERT (Présidente CFE-CGC)
Philippe LOUIS (Président CFTC)
Jean-Claude MAILLY (Secrétaire général FO)
Thierry LEPAON (Secrétaire général CGT)
Laurent BERGER (Secrétaire général CFDT)

Je salue aussi mes collègues Ministres, venus nombreux, signe de leur considération pour cette maison qui est tout à la fois celle des travailleurs, celle des employeurs, celle de leurs représentants et celle de la collaboration entre ceux-ci et l’Etat.

Je les remercie d’avoir répondu positivement à mon invitation et je leur souhaite, à tous, la bienvenue.

En cette rentrée, le Ministère du Travail, de l’Emploi de la Formation professionnelle et du Dialogue social en retrouvant ses locaux historiques, retrouve aussi son passé.

Et ce passé est un passé glorieux, dont nous portons tous la mémoire, tant il a façonné notre société et notre manière de faire de la politique. Je pense, bien sûr, aux accords de Grenelle, signés ici même le 27 mai 1968.

Les murs de cette salle ont vus nos aînés discuter, s’affronter et s’entendre sur une solution dans l’intérêt général. Nous poursuivons aujourd’hui le fil de cette tradition.

Et cette tradition ne nous honore pas seulement. Elle nous oblige. Elle nous oblige à être à la hauteur des enjeux face à la crise que traverse notre pays. Elle nous oblige à apporter les meilleures réponses aux attentes de ceux qui ont un emploi, mais aussi de ceux qui n’en ont pas et en cherchent désespérément un.

L’histoire des luttes sociales et de ses solutions doit plus que jamais éclairer l’avenir et nous rappeler à notre responsabilité historique. Elle doit nous servir de guide et d’étalon dans la construction patiente, attentive et minutieuse de la démocratie sociale.

En convoquant le passé, je voulais aussi vous dire que rien n’a changé.
Cette maison est toujours celle du dialogue social. Cette maison est toujours la vôtre.

Alors, certes, on ne signe pas tous les jours des accords aussi emblématiques que ceux signés le 27 mai 1968. Des accords qui furent, pour la société française, une précieuse promesse de changement, et pour le Ministre des Affaires sociales de l’époque, l’œuvre d’une vie.

Mais je vous propose d’essayer. D’essayer, ensemble, de faire l’histoire. C’est une tâche ardue et exigeante mais nous en serons capables si nous ressentons le poids de la tradition qui habite ces murs et si nous nous écoutons mutuellement.
Nous discuterons, nous nous affronterons parfois, mais je sais que nous travaillerons, conscients de la responsabilité dont nous sommes investis, pour le progrès social.

Le dialogue social, vous le savez, c’est la marque de ce quinquennat. La présence massive des membres du gouvernement est bien la preuve, s’il en fallait une, de l’importance qu’ils lui accordent.
Derrière François Hollande et après dix années d’oubli, nous avons voulu retrouver le temps propre de la démocratie sociale.

Je vous invite donc à suivre ce rythme ancien. Oublions un instant les querelles partisanes, les emballements et les effets d’annonces. Oublions ce temps médiatique qui ruine le temps du politique.

Dans un esprit d’apaisement, faisons vivre la culture du compromis, qui fut celle des signataires des accords de Grenelle.
Cette culture du compromis, que d’aucuns présente comme la compromission, n’est que l’aboutissement de la compréhension. J’irai même jusqu’à dire que la recherche du compromis constitue l’un des plus beaux moments du processus démocratique.

Car, même s’il faut du temps, grâce à la parole et à travers le dialogue, les intérêts cessent de s’opposer frontalement. Mutuellement ils s’équilibrent et se limitent. C’est ainsi que se forme une communauté politique et c’est ainsi qu’elle dure, évolue et s’adapte à des circonstances parfois difficiles.

Montrons aussi qu’efficacité ne veut pas dire violence, qu’efficacité ne veut pas dire brutalité.
Dans un contexte politique troublé, souvent violent, où l’affrontement est quotidien, quand les extrêmes menacent plus que jamais dans l’histoire de notre pays, nous devons prouver, collectivement et par notre action, notre foi intacte dans la parole et le dialogue. Nous devons prouver qu’ils constituent une véritable alternative à la force et au conflit. Un îlot à l’abri de la violence du monde.
C’est ainsi que nous nous montrerons exemplaires. Et c’est ainsi que nous nous montrerons dignes de ceux qui nous ont précédés.

Le pilier du dialogue social est - je suis certain que vous en conviendrez avec moi – le respect.
- Le respect de chacun, c’est-à-dire la considération des opinions de tous.
- Le respect de l’identité de chacun, c’est-à-dire la convivialité dans l’écoute de l’opinion divergente.
- Le respect de la parole prononcée, c’est-à-dire la confiance dans la tenue des engagements pris.

Je sais que vous saurez tous en faire preuve, par-delà la variété de vos opinions et de vos engagements.

Alors, je le répète, essayons de faire l’histoire, à la lumière du passé, et avec le souci constant du bien de notre pays.

Je vous remercie