Discours de Myriam El Khomri lors du colloque « Nouvelle vie professionnelle » - mercredi 23 novembre 2016

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le Président Raymond Soubie,
Chère Danielle DERUY,
Madame la Déléguée Générale à l’Emploi et à la formation Professionnelle, chère Carine Chevrier,
Madame la Présidente du COPANEF et Vice-Présidente du CNEFOP, Florence Poivey,
Mesdames et Messieurs les partenaires sociaux,
Mesdames et Messieurs,

Je veux d’abord saluer l’organisation de cette troisième édition du congrès « Nouvelle vie professionnelle », qui a symboliquement été créé la même année que l’adoption de la loi relative à la formation du 5 mars 2014.

Si nous voulons, comme je le souhaite, donner toute sa place à la formation continue en France, si nous voulons permettre à tous les actifs de prendre leur vie professionnelle en main, nous avons besoin d’une nouvelle approche, d’un changement de culture. Les réformes engagées ces dernières années vont dans ce sens, mais leur succès repose avant tout sur la mobilisation de tous les acteurs concernés, et en premier lieu de ceux qui sont rassemblés ici aujourd’hui.

Je veux donc commencer en vous remerciant pour votre engagement et votre volonté de faire avancer le monde de la formation professionnelle.

Vous le savez mieux que quiconque : le monde du travail a changé. Cela fait des années que nous savons que les salariés ne font plus leur vie professionnelle dans une seule et même entreprise, et, surtout, changent de statut ou de formes d’emploi. Ils changent d’employeur, cumulent plusieurs activités, souhaitent entreprendre et connaissent parfois des périodes d’inactivité. Notre responsabilité est de faire en sorte que ces changements soient de moins en moins subis, mais deviennent au contraire source d’opportunités professionnelles pour chacun et de progrès social. Notre responsabilité est de libérer et de protéger les travailleurs dans ce monde nouveau. A bien des égards, la formation est la clé.

Ce gouvernement en est convaincu et a engagé un effort sans précèdent avec la réforme fondatrice du 5 mars 2014, avec le Plan 500 000 formations supplémentaires pour les personnes en recherche d’emploi et avec la création du Compte personnel d’activité, grâce à la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours.

En inventant un cadre modernisé, le quadripartisme, en renforçant les droits des actifs, avec le CEP, le CPF, et le CPA et en s’assurant que la formation bénéficie bien à ceux qui en ont le plus besoin, ces réformes poursuivent les mêmes objectifs : favoriser des évolutions professionnelles plus fluides et plus protectrices, faire de la formation professionnelle un investissement au service de la stratégie des entreprises et des individus et renforcer l’accès à la qualification de tous.

Comment réussir ce défi décisif pour l’avenir de notre pays ?

D’abord en engageant un changement culturel collectif. Il s’agit de penser autrement l’accompagnement de chaque individu pour qu’il soit acteur de sa vie professionnelle, pour qu’il anticipe les évolutions des besoins d’emplois et de compétences de son bassin de vie et construise chaque étape de son parcours. Cela suppose à la fois de s’assurer que ces droits se traduisent par des services opérationnels et directement utiles. Le conseil en évolution professionnelle est encore trop méconnu, il ne fonctionnera qu’à condition d’être bien identifié par tous les actifs, avec l’aide des acteurs de l’emploi.

La deuxième condition de réussite, c’est de penser une offre de formation encore mieux adaptée aux besoins des actifs et des entreprises. Il s’agit de faciliter l’accès à la formation dans tous les territoires et pour tous les publics, de simplifier les ingénieries financières, de tracer et capitaliser les compétences acquises et de développer de nouvelles modalités d’apprentissage : en alternance, en situation de travail ou encore à distance.

La dernière condition, et peut être la plus indispensable, c’est de faire en sorte que les acteurs de l’orientation, de la formation et de l’emploi travaillent ensemble, à l’échelle nationale et sur chaque territoire en dépassant les logiques de séparation des dispositifs et des statuts, au service des individus et des entreprises. C’est, je crois, un des principaux objectifs de ce Congrès et je m’en félicite.

Je souhaite pour terminer souligner certaines avancées introduites par la loi du 8 août 2016, peut-être moins identifiées que le Compte personnel d’activité, et pourtant utiles au monde de la formation professionnelle.
Je pense au renforcement de l’accès à la validation des acquis de l’expérience, notamment pour les moins qualifiés, facilité par la réduction de l’expérience minimum requise de 3 à 1 an et par la reconnaissance définitive des certifications acquises.

Je pense aussi à la création d’une plate-forme d’échanges d’informations sur la formation, contenant des données précises sur chaque établissement, telles que les entrées, les interruptions et les sorties pour chacun des stagiaires. Cet outil permettra à la fois de mieux piloter la politique de formation et d’aider les actifs à mieux s’informer et à mieux s’orienter.

Enfin, la loi facilite la mise en place de parcours individualisés de formation, qui comprennent, outre les séquences de formation, le positionnement pédagogique ou l’accompagnement de la personne qui suit la formation.
Voici en quelques mots ce que je souhaitais vous dire aujourd’hui.

Miser sur la formation est un pari au long cours, mais c’est un pari indispensable. Pourquoi ? Très simplement parce que notre stratégie économique et sociale, au niveau national comme au niveau de chaque territoire, de chaque entreprise, repose avant tout sur notre capacité à développer notre intelligence collective. C’est le sens des réformes portées par ce gouvernement, et c’est aussi, je crois, l’ambition des participants à ce Congrès.

Je vous remercie