Discours de François Rebsamen lors de l’événement « beau travail » - MEDEF, 13 mai 2014

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président du Medef,
Mesdames et messieurs,

Je vous remercie de votre invitation à cette soirée de lancement.
Elle incarne l’engagement du Medef à relever le défi du recul du chômage, un défi qui suppose la convergence de toutes les forces vives.

Je tiens à saluer cette initiative, sa forme, son message, sa dynamique aussi. Elle présente de beaux métiers ; des métiers dans lesquels les jeunes et les moins jeunes peuvent se reconnaître. Elle montre par l’exemple, le témoignage, la vie concrète d’hommes et de femmes qui ont trouvé plus qu’un travail : une passion et un sens à ce qu’ils font.
Dans la morosité ambiante, il y a là beaucoup d’espoir et d’envie, mai aussi des solutions.

D’abord un mot de l’alternance, l’une des solutions prônées et en effet l’un des plus sûrs moyens de s’insérer durablement dans l’emploi. J’en fais une priorité des prochaines semaines et des prochains mois. Les chiffres actuels ne sont pas bons mais nous sommes dans les campagnes de recrutement pour la rentrée. C’est donc maintenant que beaucoup de choses se dessinent. Tous, il nous faut porter ce même message dans les petites entreprises comme dans les grandes, dans tous les secteurs.

Nous avons pris la mesure de l’enjeu et l’objectif de 500 000 alternants d’ici 2017 est maintenu ; non pas pour s’accrocher aux engagements d’hier, mais tout simplement parce que c’est bon pour l’économie française. 70% des apprentis trouvent un emploi durable à l’issue de leur formation !
A court terme, le message est clair. Il faut que chacun se mobilise pour qu’à la rentrée tous les jeunes admis en CFA trouvent un employeur. C’est notre objectif partagé. J’ai donné ces consignes à mes services et aux préfets, j’en ai parlé aux régions et aux syndicats. Des rencontres régionales Etat / Régions / partenaires sociaux doivent avoir lieu en juin, pour assurer le développement maximal de l’apprentissage. Je compte sincèrement sur vous, pour que nous avancions ensemble vers le même objectif.
Mais il faut aller plus loin pour construire le moyen terme. Nous allons réorienter les financements vers l’apprentissage, et simplifier drastiquement le circuit de collecte. Nous devons aussi faire évoluer l’éducation nationale sur l’orientation ou la construction des diplômes. Je sais que son ministre y est prêt, nous y travaillons. Je vous fais confiance pour porter les attentes des entreprises, au niveau national et plus encore au niveau régional, là où la carte des formations se construit.

De la même manière, c’est l’alliance des forces économiques et sociales qui assurera la réussite du plan « 100 000 formations prioritaires » pour des chômeurs, dans des métiers en tension. Des besoins existent, ils sont avérés, au-delà du seul temps de recrutement. Ces formations prioritaires vont donc rapprocher l’offre et la demande, et permettre à des demandeurs d’emploi de voir enfin le bout du tunnel du chômage. Mais au-delà, la question des conditions du travail, du niveau de salaire, des qualifications demandées se pose car c’est aussi une part du problème d’adéquation. Le patronat doit s’en saisir.
La méthode est la bonne : rassembler les acteurs autour de la table, et avancer dans le dialogue social. Je souhaite que cette campagne de communication suscite une prise de conscience et, que certains, se posent la question suivante : « pourquoi pas moi ? ».

Je salue donc le contenu de votre initiative mais aussi son timing.
C’est le bon moment pour l’apprentissage, je l’ai dit.
C’est le bon moment pour les métiers en tension, alors que le plan 100 000 monte en puissance.
C’est le bon moment parce qu’un frémissement économique – pour reprendre vos mots, M. Gattaz– se fait sentir. C’est à nous de l’entretenir. Un entrepreneur doit savoir anticiper. Le moment d’embaucher est là.
C’est enfin le bon moment parce que la dynamique du pacte de responsabilité et de solidarité est enclenchée. Elle est puissante et fédère toutes les initiatives.
Le Pacte représente un allègement de 10 milliards de cotisations sociales pour les entreprises – sans pour autant toucher au SMIC et au pouvoir d’achat des plus fragiles – auxquels nous tenons beaucoup.
A ces allègements sociaux massifs s’ajoutent une baisse de la fiscalité des entreprises, pour contribuer à leur redonner des perspectives, et d’importantes mesures de simplification.

L’objectif, c’est l’emploi ; et la contrepartie, c’est aussi l’emploi, puisque s’amorcent d’importantes négociations de branche.
Le 5 mai dernier, j’ai réuni régions et partenaires sociaux pour lancer le processus, qui va devoir, à un niveau très opérationnel, avancer sur différents sujets (emploi des jeunes et des seniors, alternance, gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences…). Ce qui va se passer dans les branches est tout à fait décisif, vous le savez. Décisif pour la crédibilité du Pacte, bien sûr. Mais plus globalement décisif pour la crédibilité du dialogue social et en particulier celle des acteurs patronaux.

Face au chômage, nous avons donc des réponses.
Les services de l’Etat sont au rendez-vous de la mobilisation. Vous pouvez constater, par l’ampleur des exercices engagés, qu’il ne s’agit pas d’un énième ajustement, mais bien d’une transformation profonde et négociée, pour l’emploi et pour le pays.

Je conclus en disant que ce que j’apprécie aussi dans votre initiative, c’est qu’elle parle de métiers et pas seulement d’emploi. Le métier, c’est le savoir faire par le travail, l’identité par le travail, la dignité par le travail.
Je vous remercie, en ayant recours à la formule facile : « beau travail » !