Discours de Fançois REBSAMEN - High Level Event, 10 ans de la Charte de la diversité

Mesdames, messieurs,

Mon ministère est l’un des premiers acteurs contre les discriminations.
Car elles ne manquent pas de s’exprimer dans le champ du travail
- Ne pas avoir le bon nom ou la bonne adresse pèse parfois lourd.
- Être handicapé ferme trop de portes.
- Il faut aller plus loin, car être une femme et avoir des enfants peut aussi entraver une carrière.
Nous prenons ces sujets avec le plus grand sérieux.

Mais, d’emblée, je veux affirmer un principe, donner le sens que je mets derrière le mot de diversité.
Promouvoir la diversité
, ce n’est pas attirer la lumière sur des cas particuliers montrés en exemple, positivement discriminés, et laissant dans l’ombre des discriminations l’immense majorité.
On ne soigne pas l’inégalité par un passe-droit. On ne guérit pas la discrimination par la charité ou par une autre discrimination.
Ce serait plus simple, plus visible, plus médiatique, mais en contradiction profonde avec le sens de la justice qui nous anime.
C’est pourquoi je ne crois pas à la multiplication des dispositifs spécifiques, destinés à telle catégorie ou telle minorité. Je crois à l’inverse au droit commun – à l’unique condition d’aller le porter partout, et dans ce cas en mobilisant des ressources différentes, pour que chacun puisse y avoir accès.
C’est ce que nous faisons sur les emplois d’avenir pour les porter dans les quartiers « politiques de la ville ».

La diversité c’est une construction permanente, quotidienne, des conditions de l’égalité, pour permettre à chacun d’être fils ou fille de ses œuvres, de son travail, de son mérite, et non enchaîné à ses origines, son genre, son handicap ou sa différence.

Le ministère de l’emploi occupe un rôle central sur ce champ, en assumant notamment le pilotage du Label Diversité.

L’emploi est bien le dénominateur commun à tous les aspects de Charte de la Diversité :
- sensibilisation des dirigeants d’entreprises à la diversité,
- promotion du principe de non-discrimination, sous toutes ses formes (20 critères reconnus par la loi)
- action pour l’égalité professionnelle et la mixité des métiers
- soutien et éclosion des différentes initiatives,
- mais aussi – je le dis en tant que ministre du dialogue social – pour faire de la diversité un enjeu de dialogue social, mesurable par des résultats concrets et inscrits dans le rapport annuel.

Si toutes les initiatives ont leur importance, le ministère de l’emploi se doit de les organiser et de trouver une synergie entre elles. Elles sont nombreuses et pertinentes : la Charte de la Diversité, le label Diversité, le Label Egalité, le Global Compact, le Label Lucie, le Concours s’Engager pour les Quartiers, la Charte Entreprises & Quartiers… autant d’outils permettant une mobilisation sociale et sociétale des entreprises.
Il ne faut pas que ces initiatives s’entrechoquent et se concurrencent, mais au contraire se développent, en lien avec les priorités de l’Etat. Et c’est à partir de la charte de la Diversité que l’on peut créer une sorte de continuum.
Je prends un exemple : l’engagement pris par FACE pour accompagner 5 000 périodes d’immersion avec Pôle Emploi et le Ministère du travail.
Voilà une coopération prometteuse et de nature à faire changer d’échelle les outils de la diversité.

La Charte de la diversité est donc essentielle.
Je rappelle quelques chiffres
- 3 200 signataires en France et 7 000 en Europe ;
- 80% de signataires sont des PME ;
- La Charte de la Diversité mobilise aussi des Collectivités Territoriales et des associations. Elle favorise la coopération entre ces acteurs, dans leur écosystème ;
- 95% des entreprises signataires considèrent que la Charte de la Diversité a eu un impact positif sur leur politique de RSE.

C’est la preuve que la diversité ne nuit pas à l’économie, n’est pas seulement un instrument de communication ou une manière de « cocher les cases » de la RSE. La diversité, l’hétérogénéité des parcours, des origines, des vécus, des expériences, renforce et nourrit l’entreprise. Tous ceux qui en ont fait l’expérience le disent.

A ce titre, les entreprises ont besoin de la puissance publique, non pas pour leur imposer des normes contraignantes – il ne faut pas le vivre comme tel – mais pour les aiguiller vers une démarche porteuse.
Mais je ne nie pas que cela demande un vrai engagement et une réelle implication.
Je crois profondément que ça vaut le coup
.
Et puis sans justice, aucun système économique et social n’est tenable.

J’en appelle donc au développement des Chartes de la Diversité, en France et en Europe, comme cela est prévu avec l’Union Européenne (DG Justice)
- En passant de 13 à 28 pays engagés dans la charte de la Diversité ;
- En renforçant l’accompagnement et l’outillage des entreprises signataires.

A l’évidence, nous vivons un moment de prise de conscience. On le voit aussi dans le rapport des entreprises à la RSE. Cela devient stratégique pour conduire une entreprise.
Ma présence aujourd’hui marque enfin la reconnaissance, par l’Etat, du rôle social de l’entreprise.

Et je conclus en vous disant que je retiens les engagements pris par Jean-Paul Bailly et Stéphane Roussel, s’agissant notamment :
- d’actualiser la Charte de la Diversité en intégrant parfaitement les 20 critères de discriminations prohibés en France ;
- d’étendre le réseau des plateformes territoriales de la charte de la Diversité à l’ensemble de l’espace national,
- de mobiliser FACE/IMS dans une dynamique européenne qui favorise le rayonnement de notre pays et de ses valeurs républicaines sur le champ de la Diversité
- de rapprocher tous les acteurs de la diversité. Et pour cela, le ministère du Travail vous aidera.