30ème anniversaire d’Initiative France « La création d’entreprise, l’affaire de tous » Jeudi 21 mai 2015

Discours de François REBSAMEN

Monsieur le président d’Initiative France,
Monsieur le vice-président et co-fondateur d’Initiative France,
Monsieur le représentant du président de l’association des maires de France,
Monsieur le directeur général du Groupe Caisse des Dépôts, cher Pierre-René Lemas,
Monsieur le directeur général de Pôle emploi, cher Jean Bassères,
Monsieur le président de l’Assemblée des Communautés de France,
Monsieur le représentant du Fonds européen d’investissement,
Mesdames et messieurs,

Je tenais à venir devant vous aujourd’hui.

J’y tenais, parce que c’est pour moi l’occasion de rappeler les engagements et les combats que portent, ensemble, Initiative France et l’État.

Mais avant même d’évoquer l’avenir et les défis qui nous attendent, je veux vous souhaiter un très bon anniversaire.

Cet anniversaire, c’est celui de toutes celles et de tous ceux qui sont engagés à vos côtés depuis trente ans, et qui ont placé leurs compétences, leurs énergies au service d’une belle ambition. Cette ambition, c’est de répondre à une aspiration, à une envie qui s’exprime aujourd’hui du plus profond, et aux quatre coins de notre pays : l’envie d’entreprendre.

Cet anniversaire, c’est aussi celui des 228 plateformes d’accompagnement que compte aujourd’hui votre réseau, et celui des 200 000 entrepreneurs que vous avez accompagnés sur ces trente années d’activité.

200 000 entreprises, cela représente 450 000 emplois créés, 450 000 personnes qui, grâce à vous, ont trouvé ou se sont créé leur propre emploi. C’est dire toute la force de votre engagement. C’est dire, aussi, la nécessité, pour l’avenir de notre tissu productif et pour l’emploi, de développer l’accompagnement à la création et à la reprise d’entreprise.

Puisque nous en sommes aux chiffres, permettez-moi d’en citer d’autres, plus généraux : 570 000 entreprises ont été créées en France en 2014, et 5,6 millions de nos concitoyens ont déclaré qu’ils envisageaient de le faire dans les deux prochaines années. Cela fait de la France l’un des leaders européens en la matière.

Je crois que ces chiffres nous disent quelque chose de notre pays. Ils nous disent que la France est une terre d’entreprise, un pays où l’on veut construire, un pays où des millions de personnes sont prêtes à se donner les moyens de leurs ambitions, et de leurs rêves.

Entreprendre, c’est créer quelque chose là où il n’y a rien. C’est aussi témoigner de sa confiance en l’avenir. Alors, oui, la France est une terre d’entreprise.
Et à l’heure où l’on cède un peu trop facilement au pessimisme, à l’heure où notre pays semble douter de sa capacité à inventer les lendemains, il est vital de le dire, de le rappeler.

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Mais si je suis là aujourd’hui, c’est aussi pour partager avec vous une conviction.

Ma conviction, c’est que l’entreprenariat doit être l’une des voies offertes à nos concitoyens, à tous nos concitoyens, pour trouver leur équilibre dans le travail, et leur place dans la société. Elle ne doit pas être l’apanage de ceux qui ont les codes, le réseau. C’est pourquoi il appartient à l’Etat et à ses partenaires d’en faire, comme le suggère l’intitulé de votre colloque, l’« affaire de tous ».

L’entreprenariat doit être une des solutions qui s’offrent aux demandeurs d’emploi pour retrouver le chemin de l’emploi.
Sur les 570 000 entreprises créées en France en 2014, on estime qu’un tiers l’ont été par des demandeurs d’emploi. C’est beaucoup, mais je suis convaincu que l’on peut faire mieux. Alors que les parcours des salariés sont de moins en moins linéaires, la création ou la reprise d’entreprise est et doit être l’une des transitions professionnelles possibles. C’est en effet une voie valorisante, qui peut être synonyme d’accomplissement de soi, et qui est créatrice d’activité.
L’entreprenariat doit également constituer une voie d’insertion professionnelle pour les jeunes de notre pays.

Aujourd’hui, 21% des créateurs d’entreprise ont moins de 30 ans. Mais beaucoup n’osent pas se lancer en raison de leur manque d’expérience, de la difficulté d’accès aux financements bancaires, ou, tout simplement, par manque de confiance en soi. Or il faut que le dynamisme de notre jeunesse puisse trouver son expression dans la création d’entreprise. Et quand je dis « notre jeunesse », ce n’est pas seulement celle qui a connu des parcours linéaires, sans accroc. Ce sont tous nos jeunes, même ceux qui n’ont pas de qualification ou qui sont éloignés de l’emploi.

Les entreprises qui se créent aujourd’hui feront les emplois et la vitalité de notre tissu économique de demain. C’est pourquoi, pour notre économie, pour l’emploi, pour notre jeunesse, nous devons cultiver collectivement la force pour notre pays qu’est l’envie d’entreprendre.

Donner envie et donner les clefs, voilà les missions que partagent l’Etat et une association comme Initiative France.

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Il y a de nombreuses raisons à cette vitalité de l’entrepreneuriat en France. L’une de ces raisons, c’est vous, les têtes de réseaux, qui fédérez les énergies au niveau de nos territoires.

Votre rôle est essentiel. Et c’est pour cette raison que l’Etat et le ministère du Travail vous soutiennent, notamment financièrement.

Vous avez su développer, années après années, des démarches partenariales avec les collectivités territoriales, les réseaux associatifs locaux, pour accompagner les créateurs et les repreneurs d’entreprise.
C’est aujourd’hui ce qui fait votre force et ce qui vous place parmi les premières têtes de réseau nationales.

Les créateurs/repreneurs d’entreprises ont besoin de vous.
De la conception d’un projet viable à la mise en œuvre de ce projet, en passant par son financement, les étapes sont nombreuses, parfois complexes. Et les personnes qui se lancent dans cette aventure doivent être épaulées. Dans cette perspective, la proximité que permettent vos plateformes d’accompagnement reparties sur tout le territoire, et les relations que vous avez nouées avec les acteurs locaux depuis trente ans sont un atout de poids.

Même si ce n’est pas la seule, l’une de vos principales missions est de renforcer les fonds propres des créateurs/repreneurs.
C’est une belle mission, puisque ces fonds, prêtés à taux zéro et sans caution, leur permettent bien souvent d’accéder aux financements bancaires. C’est un coup de pouce, une amorce, nécessaire pour que les porteurs de projet puissent sereinement défendre leur projet face à leur banquier.

Vous avez su aussi vous engager aux côtés de l’Etat pour attirer vers la création et la reprise d’entreprises des publics qui, pour des raisons financières, mais aussi sociales, n’osaient pas se lancer.
C’est le sens des conventions successives que vous avez signé avec l’Etat.
Ces conventions formalisent votre engagement en faveur notamment d’une offre de service de qualité, de l’entrepreneuriat des femmes, des demandeurs d’emploi et des personnes résidant dans des quartiers politiques de la ville.
Vous êtes aujourd’hui l’un des relais essentiels du développement et de la performance du dispositif NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprise d’entreprises), qui, au niveau national, permet à 20 000 nouveaux porteurs de projet demandeurs d’emploi ou bénéficiaires du RSA de démarrer un parcours d’accompagnement.

En plus du développement de NACRE, vous vous êtes engagés à définir et à mettre en œuvre une offre de service d’appui pour favoriser la croissance des TPE, et à optimiser l’intervention du réseau dans les zones industrielles qui ont subi des restructurations.

Ce sont des initiatives que je me dois de saluer car elles font de vous l’un des partenaires exemplaires de l’Etat dans la bataille de l’emploi, mais aussi dans la construction de notre nouveau paysage économique.

Mon ministère travaille en ce moment à un plan d’ensemble qui vise à augmenter considérablement le nombre de demandeurs d’emploi créateurs d’entreprise. Il faudra que l’ensemble des dispositifs d’aide à ola création (NACRE et d’autres) accompagnent ce mouvement. Les régions seront à cet égard des acteurs essentiels.

La proposition de transfert du dispositif NACRE aux Régions dans la cadre de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) représenterait selon moi une opportunité pour renforcer le lien entre les acteurs de terrain que vous êtes, et l’ensemble des politiques de développement économique du territoire.

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Un anniversaire, c’est l’occasion de faire un bilan, bien sûr. Mais c’est aussi l’occasion d’évoquer vos projets pour les trente prochaines années. Je voudrais donc profiter de ce temps d’échange pour nous imaginions l’avenir, ensemble.

L’avenir tient selon moi à une question simple : « Pouvez-vous, pouvons-nous faire plus ? ». Vous vous en doutez, ma réponse est oui.

Il faut que nous réfléchissions ensemble aux solutions pour développer toujours plus le goût d’entreprendre, et pour créer toujours plus d’entreprises.
L’offre de service peut et doit être améliorée pour proposer aux porteurs de projets des solutions à la hauteur de leurs besoins et de leur créativité.

L’avenir, c’est aussi que chaque acteur du secteur de l’accompagnement à la création d’entreprise trouve sa place.

Vous êtes de plus en plus nombreux à vous consacrer à cette belle mission et je crois que l’un des enjeux, c’est que vous trouviez une bonne complémentarité entre vous, en fonction, par exemple, du type de public accompagné et du type de projet.

Il est de notre responsabilité commune de veiller à ce que la diversité des modes d’accompagnement ne se traduise pas par une concurrence qui risquerait d’être préjudiciable à la lisibilité globale de l’offre de service.

C’est bien le porteur de projet qui doit être au cœur de toutes vos actions, et c’est de lui, de ses besoins, de son profil, que vous devez partir pour construire votre avenir.

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Ce que je vous souhaite pour les trente prochaines années tient en fait en une phrase, qui résume tout ce que je viens de dire : « Continuez de nous étonner. »

Il y a trente ans, vous avez créé votre métier en partant d’un besoin qu’exprimait notre société. Vous avez créé un service pour y répondre. Vous avez trouvé des solutions pour aider à construire, aider à financer, aider à transformer les idées, les rêves, les envies, les projets de nos concitoyens en réalisations concrètes.

C’est cette créativité, la vôtre et celle des Français, que nous célébrons aujourd’hui.
Alors, continuez d’être des créateurs, continuez d’encourager la création. Notre pays en a besoin.

Je vous remercie.