Plan 500 000 formations supplémentaires : région Nord-Pas-de-Calais Picardie

Monsieur le Préfet de région
Madame la Préfète,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Ministre, Président du conseil régional,
Monsieur le Président du conseil départemental du Pas-de-Calais,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires sociaux,
Monsieur le Directeur Général de Pôle emploi,
Mesdames, Messieurs,

C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui, en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Avec Clotilde VALTER, Secrétaire d’Etat chargée de la formation professionnelle et de l’apprentissage, nous avons entamé un tour de France des signatures des conventions régionales de déploiement du plan 500 000 formations supplémentaires.
Clotilde Valter est en ce moment même à Rennes pour signer également une convention avec la Région Bretagne et les partenaires sociaux. Ce plan, vous le savez, est l’un des volets du plan d’urgence pour l’emploi dont les orientations ont été annoncées par le Président de la République le 18 janvier dernier.

L’autre grand volet du plan d’urgence, qui est le dispositif « embauche PME », rencontre d’ores et déjà un vif succès : nous recevons 5000 demandes par jour et venons de dépasser la barre des 100.000 demandes enregistrées depuis le lancement de cette initiative, qui répond clairement à un besoin de nos entreprises.
Notre volonté est de bien articuler ces deux démarches pour répondre aux besoins de formation des demandeurs d’emploi et faciliter les embauches dans les entreprises. C’est un enjeu majeur pour l’activité économique dans toutes nos régions, et singulièrement dans la grande région Nord Pas-de-Calais Picardie, particulièrement frappée par la crise et le chômage.

Votre territoire compte près de 600.000 chômeurs, dont la moitié sont des chômeurs de longue durée. Ce sont autant de familles qui vivent l’insécurité, la précarité, l’angoisse du lendemain. Il est donc de notre devoir d’agir ensemble, pour leur offrir un autre avenir. Pour ceux de nos concitoyens qui souffrent au quotidien, notre engagement doit être total et désintéressé.

Cette ambition globale, c’est justement celle de la loi que je présenterai demain au Conseil des Ministres.
La concertation menée a permis de trouver le bon équilibre entre les souplesses accordées aux entreprises et la protection due aux salariés, pour nous adapter au monde qui est le nôtre et le traduire en opportunités de progrès économique et social.

La formation est au cœur des avancées qui découleront de cette loi, à travers l’instauration, au-delà de l’actuel compte personnel de formation (CPF), d’un nouveau « Compte Personnel d’Activité ». Il s’agit ni plus ni moins d’un droit universel à la formation pour tous nos concitoyens, quel que soit leur statut.

Dans la mise en œuvre de ces droits nouveaux ou renforcés, le Gouvernement est particulièrement attentif à celles et ceux qui ont le plus besoin d’être soutenus : les salariés les moins qualifiés verront leur compte personnel de formation crédité de 40 heures par an, dans la limite de 400 heures. La « garantie jeune » va dans le même sens. Expérimentée depuis 2015, elle rencontre un succès qui nous a incités à en étendre l’application à tout jeune sans qualification et sans emploi. Nous espérons ainsi toucher 200 000 jeunes d’ici l’année prochaine.
Je tiens ici à saluer l’investissement des Missions Locales et le remarquable travail de leurs équipes en faveur de l’insertion des jeunes. Pour tous, la formation constitue la clé d’un parcours professionnel vecteur d’intégration sociale.

Dans ce contexte, la convention régionale de déploiement du plan 500 000 formations supplémentaires qui nous réunit aujourd’hui est importante. Sa signature est rendue possible grâce à l’implication forte de l’ensemble des acteurs régionaux, au premier rang desquels bien sûr, le conseil régional, Monsieur le Président.

Je veux souligner la qualité du travail des services de l’Etat sous votre autorité, Monsieur le Préfet de région. Ce travail s’est fait avec le concours et l’expertise de Pôle emploi qui sera l’un des principaux artisans de sa mise en œuvre, dans un cadre contractuel avec le conseil régional.

Je tiens également à vous remercier pour votre engagement, Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires sociaux, vous qui avez participé activement aux travaux de préparation du projet de convention et qui en êtes signataires par l’intermédiaire du COPAREF, c’est-à-dire le Comité Paritaire interprofessionnel Régional pour l’Emploi et le Formation Professionnelle.

Je sais, Monsieur le Président et Monsieur le Vice-Président, combien vous êtes mobilisés en région sur les questions d’emploi et de formation et je vous en félicite.

Derrière les chiffres du chômage qu’il me revient d’annoncer chaque mois – je ne l’apprendrai pas à l’ancien ministre du travail que vous êtes, Monsieur le Président du Conseil régional, -, il y a des hommes et des femmes, des vies, des souffrances, de la détresse. Face à cela, il ne faut jamais relâcher nos efforts.

Ensemble, que voulons-nous faire dans le cadre de ce plan « 500 000 formations supplémentaires » ? Nous saisir collectivement de deux constats et agir en conséquence :

  • Il est encore trop difficile pour trop de gens d’entrer en formation dans notre pays, en comparaison à d’autres grands pays européens. Nous devons ensemble simplifier les procédures si nous voulons permettre à plus de personnes d’accéder à la formation ;
  • Nous le savons : pour retrouver un emploi, il faut être bien formé et maîtriser les compétences professionnelle exigées par l’environnement de travail quel que soit le métier.

Face à ces constats, le Gouvernement s’attache depuis 2012 à renforcer l’accès à la formation de ceux qui en ont le plus besoin, notamment les demandeurs d’emploi, avec l’exigence de favoriser leur retour et leur maintien dans l’emploi, dans le cadre d’un parcours adapté et pertinent, et en lien avec les besoins des entreprises.

Dans ce contexte, le plan 500 000 formations supplémentaires exprime une volonté politique forte qui s’articule autour de trois objectifs :

  • doubler le nombre annuel de formations à destination des personnes en recherche d’emploi pour le porter à un million ;
  • porter une attention particulière aux besoins des demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et de longue durée, qui sont les plus durement frappés par les incidents qui peuvent intervenir dans leur parcours professionnel ;
  • préparer l’avenir, le Président de la République en a souligné la nécessité, par des formations aux nouveaux métiers liés à la transition énergétique ou à la transformation numérique par exemple.

Deux points de vigilance s’ajoutent à ces trois objectifs :

  • Le premier a trait à la qualité des formations réalisées. Il s’agit d’une condition indispensable de réussite du plan que nous portons ensemble. Il nous faudra être collectivement attentif à la qualité des actions développées.
  • Le second point de vigilance porte sur l’accompagnement des bénéficiaires en sortie de formation, pour favoriser leur accès à l’emploi ou les orienter vers d’autres formations pour compléter un parcours de qualification.

Vous le voyez, il ne s’agit pas de former pour former mais de former utile, pour apporter une double réponse :

  • Satisfaire les besoins de recrutement des entreprises dans un contexte plus favorable ou l’économie française recommence doucement à créer des emplois ;
  • Proposer aux demandeurs d’emploi et surtout à ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi, des parcours de formation adaptés favorisant l’accès à des qualifications utiles. Car rien n’est pire que cet enlisement, cet éloignement progressif et de plus en plus fatal.

Savez-vous que l’on comptabilise aujourd’hui dans notre pays 760.000 personnes prises dans une précarité durable, alternant chômage, interim, CDD et chômage… Ces personnes doivent plus que jamais guider notre action : nous devons les aider à retrouver un horizon digne.

La convention régionale, au premier rang desquelles celle qui va être signée dans quelques instants, ont vocation à définir le nombre d’actions supplémentaires que le conseil régional s’engage à mettre en place au-delà de son effort de 2015 et la compensation financière apportée par l’Etat, qui dégage au total un financement exceptionnel de 1 Md€ pour les actions conduites en région.

Ces conventions expriment également l’engagement des partenaires sociaux, par la mobilisation du fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels et du réseau des opérateurs paritaires (OPCA, OPACIF).
L’addition de toutes les volontés d’agir ensemble, y compris celle de Pôle emploi dont je salue ici le Directeur Général, Jean Basseres, va permettre de proposer cette année en Nord Pas-de-Calais Picardie 88 425 parcours de formation aux personnes en recherche d’emploi.

Le conseil régional, assumant les missions que lui confie la loi, coordonnera la réalisation de 33 033 parcours de formation supplémentaires par rapport à 2015 et l’Etat en compensera le coût à hauteur de près de 100 M€.
Poursuivant dans l’esprit du quadripartisme institué par la loi du 5 mars 2014, la convention confie au CREFOP, c’est-à-dire au Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du plan 500 000 formations supplémentaires dans la région Nord Pas-de-Calais Picardie.

Dès que nous aurons signé la convention, le cadre sera posé.
Dans sa mise en œuvre, nous devons, pour définir les achats de formation, nous appuyer sur l’analyse des besoins en emplois et en compétences, territoire par territoire.

Un important travail a déjà été conduit sur ce sujet, sur une première base élaborée par les services de l’Etat et Pôle emploi, partagée avec le conseil régional et enrichie grâce aux réunions organisées par celui-ci avec les branches professionnelles et les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).
Il nous faut aussi rendre plus lisible l’offre de formation pour les bénéficiaires et être à leurs côtés dans la construction de leur parcours.

Pour cela, nous comptons sur les opérateurs du conseil en évolution professionnelle pour informer les bénéficiaires des actions proposées dans le cadre du plan en lien avec les besoins des entreprises mais également pour les accompagner dans l’élaboration de leur projet et la gestion de leur parcours professionnel.

Enfin, les organismes de formation ont également un rôle essentiel à jouer. C’est sur eux que repose l’ajustement de l’offre de formation aux besoins des personnes qu’ils forment. Il leur faut mettre en œuvre des méthodes pédagogiques adaptées aux publics.

Vous en conviendrez : l’ambition quantitative et qualitative que nous portons ensemble dans ce plan est grande.
Mais j’en suis convaincue, la réalisation des objectifs du plan est indispensable pour répondre à l’urgence économique et sociale évoquée par le Président de la République le 18 janvier dernier.

Je sais pouvoir compter sur l’engagement de tous les acteurs du quadripartisme au niveau régional, sur votre implication personnelle, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les partenaires sociaux, représentants des organisations syndicales et patronales, tout comme sur celle des services de l’Etat.

Je suis également certaine de la pleine mobilisation de Pôle emploi dans la réalisation des actions de formation qui lui seront confiées dans le cadre du plan.

La signature d’aujourd’hui n’est pas uniquement l’aboutissement d’une phase intense d’échanges pour élaborer la convention régionale. Cette signature est, surtout, un élan et un engagement collectif dans un chantier essentiel pour la bonne santé économique et sociale de notre pays.

Je vous remercie.