Lancement du chantier Eurartisanat - 22 mai 2015

Discours de François Rebsamen, Ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle est du dialogue social à l’occasion du lancement du chantier Eurartisanat à Lille, le 22 mai 2015.

Monsieur le Président de l’assemblée permanente des Chambres des Métiers et de l’Artisanat, cher Alain GRISET,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames, messieurs,

Je suis heureux de participer au lancement du chantier d’Eurartisanat.

Ce site constituera un pôle d’attraction puissant dans un quartier qui se renouvelle. Je tiens d’abord à féliciter ceux qui, aux côtés de l’Etat, ont permis la concrétisation de ce beau projet : le Conseil Régional, le Conseil général, la Caisse des dépôts et bien sûr, la Chambre des métiers et de l’artisanat de région.

Je crois que ce chantier est particulièrement important parce qu’Eurartisanat préfigure l’avenir.

1. L’avenir est en effet à la concentration de nouveaux services en faveur de ceux qui créent de l’emploi.

La philosophie du projet est ambitieuse : rassembler sur un même site plusieurs fonctions qui étaient jusqu’alors éclatées sur le territoire. Très concrètement, les personnes qui pousseront la porte d’Eurartisanat pourront :
  Bénéficier de ressources sur les métiers et les technologies de l’artisanat.
  Etre accompagnées dans leurs projets de créations d’entreprises.
  Avoir des conseils économiques pour un développement efficace de leur entreprise.
  Saisir des opportunités de formation, que ces personnes soient chefs d’entreprise, salariés ou futurs apprentis.

Je sais l’implication des Chambres des Métiers de l’Artisanat pour remplir toutes ces missions. Il n’était plus possible d’accueillir dans des conditions optimales les publics de la CMA. Ce sera désormais différent grâce à ce bâtiment qui offre de nouvelles opportunités et dont les qualités architecturales sont reconnues.

Ce projet sera ainsi une référence pour développer et pérenniser les entreprises artisanales. Or vous savez l’importance stratégique qu’ont aujourd’hui, qu’auront demain, les métiers de l’artisanat.

Dans cette Région, par exemple, l’artisanat est aujourd’hui le premier employeur avec 150 000 actifs, dont 7500 apprentis. Il participe à l’essor économique et social du territoire. Pour autant, cela ne doit pas masquer les difficultés réelles du secteur : chacun doit se mobiliser pour favoriser les opportunités économiques et l’activité. Le projet porté par la CMA relèvera les défis et facilitera la création et le développement des entreprises artisanales.

2. L’avenir est ensuite à la proximité de ces services qui s’inscrivent dans une vraie logique territoriale.

C’est un véritable guichet unique qui sera proposé dans ce bâtiment puisque de nombreux autres partenaires ont rejoint le projet : des banques, des assurances, des entreprises de compatibilité. Vous savez comme moi que ces partenaires sont tout aussi essentiels dans la vie d’une entreprise, et leur présence de proximité constitue un atout indéniable à la création et au développement des entreprises.

Le parcours d’un créateur d’entreprise ou d’une personne souhaitant se former sera ainsi facilité. Les artisans, les jeunes, les demandeurs d’emplois, les salariés porteurs d’une idée : chacun pourra y trouver des réponses spécifiques à ses questions et des modalités pratiques d’action.

3. Eurartisanat préfigure l’avenir car l’avenir est au développement de l’apprentissage pour intégrer pleinement les jeunes sur le marché du travail.

La place de la formation en général, de l’apprentissage en particulier, est centrale dans le campus Eurartisanat.

Nous tous, les acteurs publics, les entreprises, les partenaires sociaux, les centres de formations, nous mobilisons pour développer l’apprentissage. Pourquoi ? Parce que c’est une voie sure vers l’emploi pour les jeunes et un moyen efficace pour les entreprises de répondre à leurs besoins de compétences. Il ne s’agit pas d’une recette miracle mais simplement d’appréhender la formation différemment, d’affirmer que les temps en entreprise sont complémentaires de l’apprentissage théorique, que les jeunes apportent leur dynamisme, leur énergie mais aussi leurs connaissances, que l’entreprise s’engage dans un processus de transmission des savoirs et des techniques, bref de ses métiers.

L’évolution des entrées en apprentissage s’explique aujourd’hui par plusieurs facteurs :
  la conjoncture économique qui, en particulier, induit une baisse du nombre d’apprentis dans le secteur du bâtiment,
  l’évolution du cadre réglementaire qui peut, j’en suis conscient, déstabiliser les entreprises mais comme vous le savez nous avons fait évoluer ce cadre,
  mais aussi des freins de nature psychologique : une certaine réserve des employeurs à recruter des jeunes peu expérimentés, une mauvaise expérience passée, des problèmes de comportements.
Ce sont sur ces freins, identifiés collectivement dans le cadre du plan de relance adopté le 19 septembre dernier sous l’égide du Président de la République, qu’il nous faut travailler.
J’ai présidé le 7 mai dernier une réunion de suivi de ce plan. Je souhaite évoquer devant vous les grandes actions à venir, que nous avons identifiées avec l’ensemble des partenaires, dont les chambres consulaires. Trois chantiers structurants, prioritaires, seront lancés pour :
  Améliorer le statut de l’apprenti, dans le cadre de concertations avec les partenaires sociaux lancées prochainement. Dans certains secteurs qui peinent à recruter des apprentis avec le profil recherché, c’est un véritable enjeu d’attractivité ;
  Définir une offre de services numériques complète pour aider les employeurs et les apprentis dans leurs démarches. A ce titre, l’enjeu est aussi d’accompagner ce mouvement de fond que suivent les organismes consulaires, et qui vise à redéployer leurs activités vers plus d’appui, vers plus de conseil, en se libérant autant que possible des tâches administratives. Nous sommes prêts à de forts partenariats en ce sens avec les réseaux consulaires. ;
  Mettre en place une démarche nationale d’engagements de service dans les CFA. Car il nous faut viser partout à la mise en place d’une offre de services complète et de bon niveau pour les employeurs et les jeunes sur l’apprentissage. Eurartisanat s’inscrit clairement dans ce type de démarche.
Ces chantiers s’accompagneront d’une augmentation des ressources sans précédent :
  202 M€ supplémentaires dont 77 M€ affectés aux Région leur permettant d’exercer pleinement leurs responsabilités.
Pour soutenir la rentrée 2015, deux nouvelles mesures en faveur des employeurs ont été décidées :
  La création d’une aide « TPE jeune apprenti », qui traduit l’annonce récente du Président de la République, où toute entreprise de moins de 11 salariés employant un apprenti percevra 368 euros par mois pour compenser les cotisations sociales restant à payer et la rémunération légale. Ce dispositif entre en vigueur dès les premiers recrutements d’apprentis en juillet prochain ;
  la prestation « réussite apprentissage », ciblée sur des territoires prioritaires, permettra à 10 000 jeunes de se préparer à l’apprentissage, et à l’employeur de les aider à s’intégrer durablement dans leur milieu de travail.
Ces mesures doivent permettre aux entreprises de s’engager immédiatement et collectivement pour soutenir le développement de l’apprentissage. Les artisans sont appelés à se mobiliser et profiter de ce nouveau cadre, très incitateur, pour concrétiser leurs valeurs : le partage, la transmission, la solidarité, voilà ce qu’on porte lorsqu’on embauche un apprenti.

4. Mais l’avenir est aussi à la formation tout au long de la vie pour que chacun ait entre ses mains les cartes de son destin professionnel

Vous le savez : le Gouvernement est engagé dans une réforme profonde de la formation professionnelle pour qu’elle soit désormais orientée vers les personnes qui en ont réellement besoin. Or votre projet améliorera considérablement les conditions d’accueil et d’information sur les formations existantes.

Il proposera même des innovations dans les formations dispensées. Comment ? En individualisant les cursus et en offrant une plus grande diversité pédagogique grâce à des cours modulaires, à la mobilisation des nouvelles technologiques ou encore, à des formations ouvertes et à distance.

Par exemple, le pôle d’excellence Cuisine Restauration sera créé au sein d’Eurastisanat : il offrira un environnement pédagogique renouvelé grâce à de nouveaux diplômes et répondra mieux aux besoins de compétences et d’effectifs de la filière.

Autre exemple de formation, la licence professionnelle gestion et reprise de PME sera un élément fort pour susciter l’esprit entrepreneurial et faciliter l’installation ou la reprise d’entreprises.

***

Mesdames et messieurs,

Eurartisanat réunit les énergies. Il réunit les énergies pour plus de créations d’entreprises, pour offrir plus de formations de qualité, pour doper le nombre d’entrées en apprentissage.

Vous portez collectivement de grandes ambitions et je souhaite la réussite pleine et entière de ce beau projet.

Je suis convaincu que l’implantation d’Eurastisanat participera au dynamisme de ce quartier et plus globalement, au rayonnement du territoire.

Je vous remercie.