Intervention de François Rebsamen lors de la conférence de lancement du programme français "Initiative Européenne pour la Jeunesse"

Monsieur le commissaire Andor,
Monsieur le Président de l’Association des régions de France,
Mesdames et messieurs,

L’Europe ne va pas bien.
Les élections européennes l’ont montré.
Le sens du projet européen perd de sa substance.
Unir économiquement les peuples est insuffisant.
Le grand marché, la circulation des marchandises, la monnaie unique… tout cela n’a de sens et d’utilité que si c’est de nature à apporter la prospérité aux peuples d’Europe en organisant leur solidarité.
Et l’un des indicateurs de cette solidarité est la capacité d’aider nos jeunes à trouver un emploi.
Or 1 jeune sur 5 (en France) et jusqu’à 1 jeune sur 2 dans le sud de l’Europe est au chômage.
Et pour ceux qui travaillent, c’est souvent dans la précarité.
C’est inacceptable.
Mais, au-delà du plan humain, c’est également mauvais pour la croissance, pénalisant pour nos économies, dangereux pour la cohésion sociale et à terme porteur de risques politiques.
Il faut en être conscient : L’Europe est menacée si elle est incapable d’améliorer le sort de ceux qui incarnent son avenir.
C’est pour cela que le retour de l’Europe passe par la lutte contre le chômage de ses jeunes, et pour leur insertion dans l’emploi.

A force de détermination, la France et l’Allemagne, rejointes par d’autres pays, dont l’Italie qui occupera la prochaine présidence tournante, ont obtenu que l’Europe prenne une initiative en faveur de la jeunesse.
Pour les étudiants, il y avait déjà le programme Erasmus, mais aujourd’hui cette initiative concerne tous les jeunes, toutes les jeunesses même celles en grande difficulté, avec notamment la garantie européenne et sa déclinaison nationale qui nous mobilise aujourd’hui tous ensemble : services de l’Etat, Régions, missions locales, et réseaux associatifs.

Seules la France et l’Italie ont fait le choix d’un programme opérationnel spécifiquement dédié à l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes.
Le programme français est même le premier programme national opérationnel validé.
Nous pouvons en être fiers, d’autant plus que c’est conforme à la volonté du Président de la République qui a fait de la jeunesse et de l’emploi les priorités du quinquennat.

L’Europe s’est fixé différents objectifs pour 2020 : augmenter le taux d’emploi, réduire le décrochage scolaire, et réduire la pauvreté.
La garantie européenne pour la jeunesse remplit ces trois objectifs et reflète une belle ambition : _ que tous les jeunes jusqu’à 25 ans se voient proposer une solution
- une offre d’emploi de qualité,
- un complément de formation,
- un apprentissage ou un stage, dans les quatre mois qui suivent la sortie de l’école ou la perte d’emploi.
Ce n’est pas utopique, c’est volontariste et c’est la seule politique pour apporter une solution aux jeunes !

Pour y parvenir, l’Europe fait un effort de 8 milliards d’euros, au bénéfice des régions dans lesquelles le taux de chômage excède les 25%. Avec 310 Millions d’euros pour les deux ans, la France est le troisième Etat-membre bénéficiaire de ces financements, derrière l’Espagne et l’Italie.
A l’heure des efforts budgétaires, les crédits supplémentaires sont les bienvenus.
Et nous devons les engager rapidement (2015 au plus tard). Cela tombe bien, le gouvernement a décidé d’accélérer !

La balle est maintenant dans le camp de chaque acteur. Nous avons besoin de travailler ensemble, de faire émerger de nouveaux modes de gestion des projets au niveau local (coordination, guichets uniques…) pour apporter des réponses pertinentes.
D’autant qu’une large place est laissée aux appels à projet et donc aux initiatives du terrain.
J’insiste encore sur un point : le programme opérationnel simplifie l’accès aux crédits européens et recherche la performance dans la dépense engagée.

La cible prioritaire sont les jeunes qui n’ont pas d’emploi et pas de qualification (ce qu’on appelle en bon bruxellois les « NEET’s ») : Il faudra que les solutions partent de leurs besoins spécifiques.
16 régions vont être concernées et vont mener 3 types d’actions prioritaires :
- le Repérage et le suivi des jeunes décrocheurs,
- l’accompagnement personnalisé des jeunes en rupture,
- et l’expérience d’insertion professionnelle, par l’apprentissage, la formation ou l’immersion.

La France a elle-même un dispositif de garantie jeunes. La Commission européenne est allée voir son expérimentation à Carcassonne et elle a été, je crois, impressionnée par l’initiative. C’est ce genre d’actions collectives, pour créer un contact fertile entre entreprises et jeune en grande difficulté, qui est précisément le cœur de l’IEJ.

Voilà l’Europe que nous attendons, et l’Europe que nous voulons : L’Europe de l’emploi, de la jeunesse, une Europe qui sait que le défi de la compétition mondiale réside dans la formation et les compétences de nos jeunes, une Europe de l’innovation et des solutions, une Europe de la proximité et de la solidarité.
Je vous propose d’y travailler ensemble pour y parvenir.