Hommage à Frédéric Boisseau

Discours de François REBSAMEN

Chers Monsieur et Madame Boisseau,
Chère Madame Catherine Boisseau,
Cher Baptiste, Cher Cédric,
Cher Monsieur Christophe Boisseau,

Merci Monsieur le Président du Conseil Général de Seine-et-Marne, cher Vincent Eblé,

Mesdames et messieurs les parlementaires,
Madame la Maire de Recloses, monsieur le Maire de Villiers-sous-Grez,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Président Directeur général de Sodexo,
Monsieur le représentant du Président de la République,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, messieurs,

Ils n’exerçaient pas le même métier. Pourtant, ils sont douze à avoir perdu la vie sous les balles, le 7 janvier 2015, dans les locaux de Charlie Hebdo.
Ils n’avaient pas la même notoriété : certains étaient connus, d’autres anonymes. Pourtant, ils sont douze à avoir été frappés par l’absurdité du meurtre, par la barbarie terroriste, le 7 janvier 2015.
Ils n’avaient peut-être pas les mêmes opinions, les mêmes origines, la même vie. Pourtant ils sont douze à avoir laissé des proches derrière eux. Des proches qui sont aujourd’hui dans la peine - une peine infinie, dont chacun mesure l’étendue.

Leur mort n’a pas eu le même écho médiatique.
Or, il n’existe aucune hiérarchie des peines, aucune hiérarchie des hommages. C’est là le sens profond du message républicain d’égalité, que je veux faire résonner aujourd’hui avec une force toute particulière.
Ils ne sont pas quatre, cinq ou dix, ils sont douze à être pleurés par la République.
Ils sont douze, car la République n’oublie rien, n’oublie personne, car la République ne distingue pas entre ses enfants.
_ D’enfants, elle n’en a qu’un : c’est le peuple français. Et le peuple français, c’est aussi, bien sûr, Frédéric Boisseau.

Par-delà leurs différences, ils sont douze à avoir été assassinés dans les mêmes circonstances : à leur travail.
Le travail, quel qu’il soit, est ce qui fait la dignité de l’homme, et c’est ce qui rend ce massacre plus odieux encore.
Frédéric Boisseau fut le premier à perdre la vie, lui qui s’était levé dans la nuit, parce qu’il habitait loin, pour être à son poste. Titulaire d’un BEP en équipement technique et d’un CAP en plomberie chauffage, il dirigeait une équipe d’une dizaine de personnes, en tant que responsable d’opération multi-technique chez Sodexo.
Nombreux sont ses collègues qui ont souhaité venir lui rendre hommage aujourd’hui. Nombreux aussi, les clients qui ont appelé pour dire leur tristesse, à l’annonce de son décès.
Frédéric Boisseau était l’un de ceux, qui, courageux, pleins de vie, sont appréciés tant pour leurs qualités professionnelles que pour leurs qualités humaines.
Il était en un mot l’un des visages amicaux, bienveillants, de la France du travail.

Que faire aujourd’hui, alors que la peine et l’indignation nous accablent ?
Communier avec la douleur des proches, car c’est elle qui nous rassemble aujourd’hui à Recloses, et leur témoigner toute notre solidarité.
Nous lever tous les matins sans crainte, confiants en l’avenir, comme le faisait Frédéric Boisseau.
Ne pas oublier, et garder en mémoire les dix-sept noms de ceux qui sont morts, en ces tristes jours de janvier.

Le 11 janvier, la France tout entière s’est rassemblée pour exprimer son attachement aux valeurs de la République. Elle s’est unie pour faire entendre son rejet de la barbarie, de l’injustice. Pour dire « non », mais pour dire aussi que personne ne serait oublié.

C’est cette France que l’épreuve a rendu plus forte, cette France qui aime l’égalité, cette France solidaire, attentive à la douleur de chacun, qui adresse, au nom du Président de la République, au nom du premier Ministre, au nom de tout le gouvernement et en mon nom, ses hommages à la mémoire de Frédéric Boisseau et ses condoléances les plus sincères, les plus émues, à ses collègues, à ses proches et à sa famille.
Je vous remercie.

Frédéric Boisseau, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur.