Discours de Myriam El Khomri - Ouverture de la manifestation marquant le lancement de la plateforme CLICNJOB

7 novembre 2016
Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs,
Monsieur le directeur général d’Emmaüs Connect et Directeur de WeTechCare, Monsieur Jean Deydier, dont je salue l’ensemble des équipes
Madame la conseillère de Paris, chère Sandrine Charnoz,
Monsieur le Délégué Ministériel aux Missions locales, cher Jean-Marc Seijo-Lopez,

Vous tous ici réunis, acteurs du numérique et de l’emploi.

Je suis très heureuse de vous recevoir aujourd’hui au ministère du Travail à l’occasion du lancement de la plateforme CLICNJOB, qui est, je crois, un symbole de ce que nous pouvons et voulons faire en matière de numérique dans le domaine de l’emploi.

Ce que nous voulons, c’est que, grâce à un travail collectif ambitieux, rassemblant acteurs publics et acteurs privés autour de projets concrets, le numérique facilite l’insertion professionnelle du plus grand nombre.

Il y a quelques années, pour chercher un emploi, on commençait par consulter les annonces dans le journal, puis celles qui étaient affichées sur les murs de son agence ANPE, ou, pour les jeunes, de la Mission locale. De leur côté, les entreprises passaient elles aussi par un nombre très restreint d’intermédiaires.

C’était au début des années 2000. Depuis cette date, si ces méthodes n’ont pas totalement disparues, Internet est devenu le premier mode de recrutement et de recherche d’emploi. Des acteurs entièrement nouveaux sont apparus, notamment les réseaux sociaux professionnels qui comptent plus de 10 millions d’utilisateurs en France.

C’est une évolution majeure et irréversible. Une évolution qui suppose une transformation du service public de l’emploi, pour qu’il continue d’accompagner efficacement les demandeurs d’emploi, notamment ceux qui en sont le plus éloignés. Conduit cette transformation, c’est l’ambition du Plan « Numérique, emploi, travail » (NET) engagée par le Ministère du Travail avec ses partenaires. L’emploi store en est le navire amiral.

Dans cette démarche, tous les aspects sont concernés : l’emploi, la formation, le travail.

Elle repose sur une méthode ouverte.

Je mentionnerai ici deux des objectifs qui lui sont assignés :

1. Former au numérique et former grâce au numérique
2. Faciliter la rencontre entre l’offre et la demande d’emploi grâce au numérique

Notre premier objectif est de former au numérique.

Nous savons que notre économie a besoin de développeurs, de webdesigners, mais aussi d’ingénieurs du Big data ou de spécialistes de l’Internet des objets. On estime qu’aujourd’hui 50000 postes sont non pourvus dans le secteur du numérique et que 191000 postes seraient à pourvoir d’ici à 2022.

Pour répondre à ce besoin, nous avons créé la Grande École du numérique.

A ce jour, la Grande École du Numérique a déjà labellisé 171 formations au cours de la première vague de labellisation et aura formé plus de 10 000 personnes d’ici à la fin de l’année 2017. La dynamique est bien enclenchée, ce qui a permis le 3 octobre dernier, en présence du Président de la République, de créer une structure pérenne sous la forme d’un groupement d’intérêt public.

Notre objectif est d’intégrer dans ce programme au moins 50% de jeunes peu ou pas qualifiés et également 30% de femmes, qui sont encore trop rarement représentées dans le secteur numérique. En cela, la Grand École du Numérique est un véritable projet inclusif.

Notre deuxième objectif est faciliter la rencontre entre offre et demande d’emploi grâce au numérique

Cette logique, c’est tout l’esprit de l’Emploi store  : aider chaque personne à trouver l’emploi qui lui correspond, grâce notamment à l’analyse et au croisement de données et à l’utilisation de services numériques innovants.

L’Emploi store donne à Pôle emploi une force nouvelle en accueillant une multitude d’applications qui rendent un service pour l’emploi. On comptait 100 en juillet 2015, 260 aujourd’hui pour plus d’un million de visites par mois.

Le travail des données doit permettre de mettre en place des outils d’aide à la décision pour chacun. Dans quelques années, nous serons capables de modéliser les trajectoires professionnelles en fonction des formations suivies, des emplois recherchés, des territoires prospectés, et d’aider en conséquence les étudiants, les salariés, les chômeurs, à faire les bons choix. Aujourd’hui même, des travaux en ce sens sont engagés et les start-up soutenues par l’Etat dans le cadre du Plan « Numérique, emploi, travail » portent des innovations qui vont dans ce sens.

 Avec MonkeyTie, nous visons l’orientation prédictive pour trouver l’emploi et la carrière qui correspond à chacun, mais également l’environnement de travail dans lequel on se sent bien.

 Avec Multiposting et Cap Digital, nous croiserons les données « emploi » et les données « territoire » pour progresser dans la compréhension du marché du travail, en allant au-delà des offres d’emplois publiées et en cherchant à comprendre le marché caché.

 Avec CLICNJOB, qui est particulièrement à l’honneur aujourd’hui, nous touchons les jeunes des missions locales, qui, même s’ils sont nés dans les années 1990, ne sont pas toujours aussi familiers du numérique qu’on pourrait le penser.

Une enquête menée par Emmaüs Connect en 2015 montrait en effet qu’un jeune sur deux, à la mission locale de Lille, n’avait pas d’adresse mail lors de son inscription et que les compétences que ces jeunes acquièrent dans un contexte récréatif ne sont pas forcément transposées dans le domaine professionnel. Avoir accès au numérique ne signifie pas forcément en faire un usage autonome et efficace. Emmaüs Connect était venu présenter cette étude dans ces murs en juin 2015. Je remercie vivement Jean Deydier qui, à la tête d’Emmaüs Connect et de WeTechCare, a oeuvré depuis plus de deux ans pour que ce projet voie le jour.

Grâce à une interface pédagogique, ergonomique, ludique, la plateforme CLICNJOB dédramatise la recherche d’emploi et apporte à chacun, quel que soit son niveau de départ, des outils pour créer son CV, savoir utiliser les réseaux sociaux professionnels, apprendre à explorer le marché caché, préparer son entretien d’embauche, mieux valoriser ses compétences aux yeux d’un employeur, connaître les possibilités de formation qui s’offrent à chacun grâce au compte personnel de formation.

Je me réjouis de la qualité du partenariat public-privé, qui, au-delà du soutien de l’Etat par le biais du Programme d’Investissements d’Avenir, a permis la création de cette plateforme, et de l’implication des professionnels des missions locales, de l’EPIDE, des écoles de la deuxième chance, qui ont testé cette plateforme avec les jeunes pour construire, pour eux et avec eux, un ensemble d’outils adaptés à leurs besoins.

Je suis confiante et je pense que les initiateurs de ce projet, dont je veux saluer le sens de l’innovation mais aussi de l’intérêt général, atteindront l’objectif ambitieux qu’ils se sont fixés : aider, en cinq ans, un million de jeunes. Le soutien de l’Etat leur est acquis.

Je crois que cette plateforme permettra d’appuyer le travail des conseillers des missions locales, notamment ceux qui interviennent dans le cadre de la Garantie jeunes, en renforçant la dynamique de groupe qui est à l’œuvre.

Vous connaissez notre ambition : permettre à 150 000 jeunes d’être accompagnés en 2017 par le réseau des missions locales dans le cadre de la Garantie jeunes. Vous savez sans doute que nous avons fait le choix d’augmenter de 15 millions d’euros le budget que l’État consacre aux missions locales en 2017, pour leur permettre de se renforcer, et d’augmenter de 144 millions d’euros le budget que l’État verse aux missions locales au titre de l’accompagnement qu’elles dispensent aux jeunes dans le cadre de la Garantie jeunes, afin que cette avancée devienne un droit universel.

Au même moment, le Compte personnel d’activité, qui entre en vigueur le 1er janvier 2017, va garantir l’accès gratuit à une formation qualifiante pour les jeunes décrocheurs. Les jeunes sortis sans diplôme du système éducatif auront droit à autant d’heures que nécessaire sur leur CPA pour suivre une formation qualifiante, sans qu’il y ait de plafond : cela peut être 400 heures, 800 heures voire 1200 heures.

Dans ce contexte, l’existence d’outils comme CLICNJOB est capitale pour faciliter l’accès effectif à ces nouveaux droits, à la formation et à l’emploi.

Au même endroit seront regroupées toutes les informations sur l’orientation, la formation, l’accès à l’emploi – et non manière éclatée et dans un langage que les jeunes les moins formés comprennent mal.

CLICNJOB rassemble ces informations, et en plus, les rend accessibles. C’est pour moi un premier pas dans la transition numérique dont les missions locales doivent pleinement s’emparer.

En effet, le service public de l’emploi n’est pas en situation de monopole. Si le service public de l’emploi, dans toutes ses dimensions – Pôle Emploi, bien entendu, mais aussi les Missions locales et Cap Emploi - ne s’empare pas pleinement de la transformation numérique, alors il sera tout simplement dépassé par la concurrence, il ne sera plus utile, et les valeurs dont il est porteur seront battues en brèche.

Depuis quelques années, Pôle emploi a su prendre un virage numérique que je n’hésiterai pas à qualifier d’exemplaire.

Les missions locales doivent également prendre ce virage.
Je sais que l’UNML, chère Sandrine Charnoz, en est pleinement consciente et pleinement convaincue. Le délégué ministériel aux missions locales, Jean-Marc Seijo-Lopez, appuiera vos efforts, avec le soutien de l’ensemble des services de l’Etat.

C’est une des principales missions que je lui ai donné. Le programme national d’animation des missions locales qu’il élaborera avec les présidents des unions régionales doit réserver une place majeure à cette thématique.

Il faut renforcer, au sein des missions locales, l’utilisation de l’ensemble des services numériques soutenus dans le cadre du plan NET et notamment de l’Emploi store de Pôle emploi.

Je serai très favorable, j’ai eu l’occasion de le dire au directeur général de Pôle emploi, Jean Bassères, à ce que les projets locaux de partenariats renforcés entre Pôle emploi et les missions locales soient construits autour de cette thématique transversale qu’est le numérique.

A ce titre, la plateforme de l’ONG Bayes Impact fondée par Paul Duan et également soutenue dans le cadre du Plan NET, peut jouer un rôle décisif. Le but que cette plateforme qui sera lancée très prochainement vous le connaissez certainement : doter chaque demandeur d’emploi d’un outil puissant et simple d’utilisation, qui exploite toutes les données sur le parcours des demandeurs d’emploi pour aider la personne à définir son projet professionnel et la « coacher » dans sa recherche.

Ce projet est développé à l’initiative de l’ONG Bayes Impact, en open source et il pourra être réutilisé et amélioré par tout un chacun. J’ai souhaité qu’il reçoive le plein soutien des pouvoirs publics, non seulement un soutien financier mais aussi un soutien en termes d’accès aux données détenues par Pôle emploi, ainsi qu’à son réseau d’agences et de conseillers auprès desquels il a pu tester son outil.

Je l’ai souhaité parce que je crois que l’innovation doit être au service de tous.

Mettre la puissance du numérique, du big data, au service de la résolution de nos problèmes sociaux, de la lutte contre le chômage, c’est une magnifique ambition. Je suis convaincue qu’il va très vite transformer l’expérience de centaines de milliers de demandeurs d’emploi.

Je crois qu’il faudra également mettre la puissance du numérique, du big data des données du système d’information des missions locales, au service de la résolution des jeunes des missions locales.

Vous le voyez, l’ensemble du service public de l’emploi, grâce à l’action résolue que mène le gouvernement, se transforme et il le fait en s’ouvrant sur l’extérieur. C’est une dynamique positive, innovante, au service de l’intérêt général et je veux remercier l’ensemble des acteurs qui la rendent possible.

Je veux féliciter de nouveau CLICNJOB et ses équipes pour le lancement de leur plateforme et vous souhaiter à tous de réussir pour un monde du travail inclusif, notamment grâce au numérique.

Je vous remercie.

Lancement du projet ClicnJob, dans le cadre du Plan NET - 7 novembre 2016