Création de la Fondation Innovations Pour les Apprentissages (FIPA)

Discours de François REBSAMEN

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président de FACE, Cher Gérard MESTRALLET,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie d’être venus nombreux participer au lancement de la Fondation Innovations pour les Apprentissages (FIPA).

Gérard MESTRALLET, vous rendiez votre rapport pour la mobilisation des acteurs économiques en faveur de l’emploi et de l’emploi des jeunes en mars 2014. Ce rapport comportait des réflexions et des propositions qui ont largement nourri le débat national.

Vous y préconisiez de redynamiser l’alternance en inventant de nouvelles manières de faire, en valorisant les démarches pédagogiques innovantes et en pensant de nouveaux parcours de professionnalisation. En somme, vous proposez de repenser les façons d’acquérir des compétences, de se former à un métier en articulant davantage le monde académique et le monde économique par exemple, ou en mêlant davantage les expériences professionnelles et les temps de formation.

C’est une philosophie que je partage pleinement et la création de la FIPA concrétise nos ambitions. Quelles sont-elles ?

1. La première est sans nul doute de soutenir l’alternance, comme modalité pédagogique d’apprentissage, dans un cadre qui donne libre cours à l’expérimentation, l’innovation

Suite à la remise de son rapport, Gérard MESTRALLET m’a très vite contacté pour que nous envisagions ensemble les actions à conduire pour valoriser davantage le recours à l’alternance dans notre pays.

Nous avons d’abord partagé un constat :
- l’augmentation du nombre d’alternants ne peut se faire qu’avec une forte mobilisation des entreprises.
- Il existe encore aujourd’hui des freins, notamment psychologiques, que seules l’audace, l’expérimentation peuvent lever.
- Il faut donc penser d’autres façons de faire et tester des solutions innovantes.

C’est sur ces bases que la FIPA a vu le jour. Elle a pour objet de soutenir le développement de l’alternance sous toutes ses formes, en partant des entreprises.

Quelles sont ses missions ?
- Comprendre les besoins des entreprises, identifier les points de difficultés qui peuvent exister, et développer des pratiques innovantes pour y répondre.
- Faire émerger de nouvelles formes d’alternance en direction de tous les publics (pas seulement les jeunes mais aussi les séniors et les demandeurs d’emplois).
- Moderniser l’image de l’alternance.

2. La deuxième ambition, c’est que cette mobilisation des entreprises soutienne fortement les dispositifs favorisant l’emploi : l’apprentissage et les contrats de professionnalisation. Ce sont mes deux priorités d’action dans le cadre de cette fondation

Nous le savons tous : l’apprentissage est un outil de développement des compétences pour les entreprises et d’insertion dans la vie professionnelle pour les jeunes. C’est une voie aujourd’hui reconnue et sollicitée :
- 91% des jeunes de notre pays ont une bonne image de l’alternance
- 80% des professionnels ayant embauché un apprenti sont satisfaits et rembauchent un autre apprenti à la fin du mandat.

C’est aussi une voie d’avenir car c’est un chemin sûr vers l’emploi :
- Dans sept cas sur dix on trouve un emploi dans les six mois après un apprentissage.
- Dans 100% des cas, c’est une main d’œuvre compétente formée par les entreprises elles-mêmes.

L’apprentissage, c’est une arme contre le chômage des jeunes et le point de départ d’une carrière réussie. Mais c’est aussi un dispositif gagnant pour les entreprises. Ces dernières ont plus que jamais besoin d’une main d’œuvre qualifiée qui corresponde réellement à leurs besoins de compétences.

Pour développer l’apprentissage et atteindre l’objectif de 500 000 apprentis en 2017 fixé par le Président de la République, il faut rapidement faire bouger les lignes. Je suis convaincu que la FIPA permettra de proposer des réponses nouvelles à des vraies problématiques. Par exemple :
- Comment amener à davantage de mixité en matière d’apprentissage ?
- Quels outils devons-nous mettre en place pour favoriser la mobilité des apprentis ?
- Comment faire du numérique un levier positif pour l’alternance ?
- Comment développer l’apprentissage dans des métiers peu ouverts au sujet ?
Sur ce dernier point, la DARES et France Stratégie me remettaient hier le rapport « Les métiers en 2022 ». Il dresse une liste des métiers peu concernés par l’apprentissage où il existe de fortes possibilités de développement. La Fondation pourrait justement reprendre cette liste de métiers identifiés et mobiliser les entreprises de ces secteurs pour qu’elles recrutent des apprentis.

Par ailleurs, vous l’avez clairement défini parmi les futures missions de la fondation : la FIPA doit favoriser l’innovation pour développer la professionnalisation alternée. J’ai présenté le 9 février dernier un plan pour lutter contre le chômage de longue durée. Deux contrats de professionnalisation ont dans ce cadre été mis en place :
- Le contrat de professionnalisation « nouvelle carrière » est adapté aux demandeurs d’emploi ayant bénéficié d’une longue expérience professionnelle, mais ayant subi une rupture du contrat de travail à l’âge de 50 ans ou plus.
- Le contrat de professionnalisation « nouvelle chance » est quant à lui adapté aux demandeurs d’emploi de longue durée peu ou pas qualifiés.

Leur objectif est simple : permettre aux personnes éloignées de l’emploi d’acquérir une qualification professionnelle pour compléter leur formation initiale et ainsi, mieux les armer sur le marché du travail.

Le contrat « nouvelle carrière » peut déjà être proposé. Il faut que les entreprises s’en saisissent et qu’elles s’engagent à accueillir des jeunes mais aussi des demandeurs d’emploi en leur permettant de se former notamment en entreprise. Voilà le sens de la deuxième ambition.

3. La troisième ambition, c’est que la FIPA soit le catalyseur de l’engagement rapide des entreprises

Les entreprises reconnaissent les apports formidables de l’apprentissage pour les jeunes et pour leur activité économique. Les entreprises reconnaissent l’utilité de toutes le formes de professionnalisation et notamment, des contrats de professionnalisation. Les entreprises ont à cœur d’innover et d’expérimenter de nouvelles démarches d’orientation, de formation et d’insertion alternées.

Il faut maintenant qu’elles s’engagent. Et je crois que la FIPA constitue un cadre privilégié d’investissement. Cet investissement pourra se faire sous deux formes :
- Faire de votre entreprise un soutien financier privilégié de la fondation. Participer financièrement aux actions de la FIPA, c’est bénéficier de ses actions et de ses outils pour développer une politique d’apprentissage nouvelle et ambitieuse. C’est aussi être valorisé parmi les acteurs économiques et participer à une mission d’intérêt général.
- Tester des innovations en faveur de l’alternance, c’est faire de votre entreprise un véritable laboratoire d’idées pour inventer de nouveaux modes de formation.

***

Mesdames et Messieurs,

Les acteurs publics ne sonnent pas seuls la mobilisation pour l’apprentissage. Les entreprises se joignent à la dynamique pour apporter leurs savoir-faire, leurs méthodes, leurs techniques, leurs manières d’appréhender les questions de formation et d’insertion.

C’est ce qui fera la réussite de la Fondation Innovations Pour les Apprentissages : elle permet une réunion d’énergies pour penser l’alternance de demain. Parce que ses vocations sont très concrètes, elle favorisera l’engagement rapide des entreprises, elle leur permettra de témoigner de l’intérêt pour d’autres entreprises de soutenir ces voies de formations.

La FIPA est une marche de plus dans cette grande mobilisation. Elle s’inscrit dans la continuité du plan de relance de l’apprentissage présenté par le Président de la République en septembre dernier et dans la campagne de communication que mène en ce moment mon ministère.

Je sais pouvoir compter sur vous et votre engagement parce qu’un investir dans la formation de la jeunesse, c’est investir dans l’avenir de votre entreprise.

Je vous remercie.