Réunion avec les Direccte et les directeurs régionaux de Pôle Emploi

Mesdames et Messieurs les Directeurs des Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi,
Mesdames et Messieurs les directeurs régionaux de Pole Emploi,
Monsieur le directeur général de Pole Emploi,
Mesdames et Messieurs les directeurs d’administration centrale,

 Merci d’avoir répondu à mon invitation, pour ce temps de travail et d’échanges, que nous poursuivrons par un moment convivial.

 C’est une configuration un peu inédite dans laquelle nous sommes aujourd’hui réunis, puisque c’est la première fois que je vous reçois ensemble, Direccte et Directeurs régionaux Pôle emploi, vous qui êtes les deux piliers incontournables du Service Public de l’Emploi dans les territoires.

 Nous nous rencontrons également à la veille de la création, au 1er janvier prochain, des nouvelles grandes régions.

  C’est donc dans ce contexte particulier que je tenais à échanger avec vous, en commençant par vous remercier. Vous remercier pour l’action qui a été la vôtre, dans chacune de vos régions et que j’ai eu l’occasion d’observer depuis quatre mois que j’ai pris mes nouvelles responsabilités.

  Vous vous êtes mobilisés toute l’année sur le front du développement économique, de l’emploi, de l’apprentissage et je vous en remercie.

  Mais je suis convaincue d’une chose : c’est que nous ne sommes crédibles qu’à partir du moment où les résultats sur le front de l’emploi seront au rendez-vous. C’est la seule manière pour nous de lutter efficacement contre le sentiment d’abandon et la désespérance.

  Mais j’ai une autre conviction : vous travaillez dans la bonne direction. Les résultats par exemple sont durables concernant la baisse du chômage des jeunes et le recul des inégalités. C’est encourageant. Et nous devons aller plus vite et plus loin.

  C’est pour cette raison que j’ai proposé au Président de la République et au Premier ministre de nouvelles pistes pour accélérer notre action en faveur de l’emploi.

  Vous en connaissez les grandes orientations puisque le Premier ministre a déjà dévoilé les axes sur lesquels j’ai proposé que nous accélérions : à savoir la formation des demandeurs d’emploi, l’apprentissage, l’appui aux TPE-PME, le numérique et le développement de nouveaux emplois.

  Cette année a été particulièrement dense sur le plan des politiques de l’emploi, et vous avez su relever des défis importants.

  Tout d’abord, la mobilisation des outils de la politique de l’emploi, avec les contrats aidés : nous l’avons abordé en visio-conférence vendredi dernier, les objectifs annuels ont d’ores et déjà été atteints pour les CAE et les CIE, et vous avez été au rendez-vous de la programmation ambitieuse.

  Vous avez réussi à la concilier avec le respect de nos objectifs de qualité des contrats et de ciblage des publics : l’accès des travailleurs handicapés aux contrats aidés a encore progressé cette année, ils représentent désormais plus de 14 % des bénéficiaires des CAE. La part des seniors est également en forte hausse à plus de 30 % cette année, et la durée des contrats, facteur de meilleure insertion dans l’emploi, a de nouveau progressé.

  Il faut également souligner la poursuite de notre engagement à destination des jeunes : avec notamment la poursuite du déploiement de la garantie jeunes, avec l’entrée de 62 nouveaux départements cette année - ce qui je le sais a beaucoup mobilisé les Direccte - ; ou encore la création du contrat starter, qui a été mis en œuvre avec une réactivité sans faille de la part de tous les acteurs.

  J’ai d’ailleurs signé ce mardi le 13 000ème contrat Starter en présence de Patrick Kanner ; c’est un contrat qui répond à une attente forte du secteur marchand et qui continuera à être ciblé l’année prochaine sur les jeunes les plus en difficultés, tout particulièrement dans les quartiers de la politique de la ville.

  Les nouveaux dispositifs ont été nombreux, notamment à l’issue du Comité Interministériel Egalité Citoyenneté du 6 mars, pour amplifier notre action en faveur du retour à l’emploi des publics qui en sont les plus éloignés. Vous avez répondu présents à nos différents appels, je compte sur vous pour poursuivre cette dynamique.

  Cette année a également été marquée par de profondes évolutions de la gouvernance du service public de l’emploi : vous avez œuvré pour l’installation des CREFOP (les comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle), qui sont aujourd’hui un outil central de coordination de tous les acteurs de l’emploi et de la formation, bien qu’il doive devenir plus opérationnel, j’aurai l’occasion d’y revenir.

  Je salue également les évolutions majeures actuellement en cours à Pôle emploi, et qui répondent à une réelle attente : la mise en place de l’accompagnement renforcé pour près de 400 000 personnes dès cette année ; le nouveau parcours du demandeur d’emploi ; l’investissement sur la relation entreprises avec 4000 conseillers dédiés, ou le développement de l’accompagnement global, avec plus de 80 départements couverts aujourd’hui.

  Mais aussi le virage numérique. Il est temps, maintenant, d’aller beaucoup plus loin dans la transformation numérique de l’emploi et de la formation : de prendre clairement et sans retour ce virage numérique. Depuis mon arrivée, j’ai fait du numérique une de mes priorités et je compte bien « booster » l’ensemble du champ couvert par mon ministère. C’est là que sont une partie des solutions. Parce que le numérique est une chance pour l’emploi.

  L’ensemble des pratiques et usages permis par les nouvelles technologies sont des outils efficaces dans la bataille de l’emploi. Trouver un emploi, rechercher par compétences, par affinité, par cooptation, se former, simuler l’entretien, mettre en relation, individualiser, comprendre les réalités des métiers, ouvrent bel et bien de nouvelles opportunités.

  2015 a marqué également le déploiement de la réforme de l’inspection du travail : le projet « Ministère fort » porte une ambition majeure pour une inspection du travail plus efficace, adaptée aux nouveaux enjeux du monde du travail.
  Je sais l’implication qui est la vôtre pour porter ce changement au sein de vos équipes et dans les pratiques professionnelles. Je sais que cette tâche n’est pas facile, et vous avez, ainsi que vos cadres, toute ma confiance pour la mener.

  Les résultats sont d’ores et déjà importants : je tiens à souligner la mobilisation remarquable de l’inspection du travail sur le contrôle de la prestation de service internationale : l’objectif de 1000 contrôles par mois a été dépassé, avec 1 800 contrôles en septembre et 1 400 en octobre. L’application des amendes administratives progresse rapidement.

  Vous avez donc mené l’ensemble des chantiers que le gouvernement a impulsé tout en conduisant, dans des délais très serrés, la réorganisation de vos services dans le cadre de la fusion des Régions.

  Je tiens donc à vous remercier encore une fois pour votre action et votre mobilisation au service de l’emploi.

  Je souhaitais également vous réunir aujourd’hui pour que nous puissions travailler, travailler efficacement pour tracer notre feuille de route commune pour 2016.

  Ce sera, vous le savez, une année déterminante. Car si la croissance est au rendez-vous en 2015, elle est encore insuffisante pour faire reculer le chômage et créer de l’emploi en nombre suffisant. Il y a des signes encourageants, comme la création nette d’emploi sur cette dernière année – + 40 000 – après plusieurs années de destruction. Mais ceci est totalement insuffisant face à la réalité sociale et humaine que rencontrent bon nombre de nos concitoyens en recherche active d’emploi.

  Cela ne fait que quelques mois que nous nous rencontrons régulièrement, mais vous l’avez je crois déjà compris : pour moi la réalité des politiques que nous conduisons s’éprouve sur le terrain, via des actions concrètes, qui nous permettent de répondre directement aux attentes de ceux qui ont besoin de nous, c’est-à-dire avant tout les demandeurs d’emploi et les petites entreprises.

  Nous avons devant nous, trois défis majeurs : 1) d’abord, nous devons accélérer la mise en œuvre de nos actions, 2) nous devons également les rendre plus lisibles et accessibles, 3) enfin, il nous faut innover, car il y a encore des choses à inventer pour combattre le chômage. Et je crois, je suis convaincue, que nous n’avons pas encore tout essayé sur le terrain de l’emploi.

  Aucune piste ne doit être exclue et je me réjouis à ce titre que la représentation nationale ait voté à l’unanimité en faveur de la proposition de loi portée par le député Grandguillaume. Elle doit nous conduire à une expérimentation innovante pour faire reculer le chômage de longue durée dans dix territoires test.

  Il y a de nombreuses autres initiatives sur le terrain, que nous accompagnons, à travers des démarches expérimentales, portées souvent par le tissu associatif – dont il faut saluer l’esprit d’innovation – et qui produisent des effets encourageants dans les territoires. Ces initiatives complémentaires viennent renforcer votre action au service de l’emploi. Nous ne devons pas les sous-estimer et faciliter leur développement. C’est à l’Etat de s’adapter aux exigences du terrain, et non aux acteurs locaux de s’inscrire dans nos cadres parfois trop rigides.

  Vraiment, j’insiste, nous avons besoin d’accélérer, d’innover, et de faire de la pédagogie pour que toutes les initiatives territoriales positives soient mieux connues et accessibles pour les bénéficiaires, et non pour les seuls partenaires institutionnels.

  Nous avons un arsenal à notre disposition, notamment sur l’emploi des jeunes. Notre enjeu prioritaire est que les premiers intéressés voient un réel pas franchi A cet égard, la formation et la sortie des jeunes en emploi d’avenir sont un enjeu crucial de l’année 2016.

  Par ailleurs, je tenais à vous rappeler les trois chantiers qui me paraissent absolument prioritaires pour 2016 : 1)la formation des demandeurs d’emploi sur les secteurs d’avenir, les métiers en tension et les besoins des territoires, 2)le développement de l’apprentissage et 3)le soutien à la création d’emplois.

  J’ai conscience des prérogatives des uns et des autres sur ce champ, et évidemment celles de Régions. Je souhaite être très claire : l’emploi c’est un défi collectif. Tout le monde détient un bout de la réponse au chômage. Et l’Etat ne pourra rien faire sans ses partenaires : sans les partenaires sociaux, sans les entreprises, sans les associations, sans vos services et sans les Régions.

  Il s’agit donc pour vous d’aller proposer à votre Région une collaboration fructueuse, concrète, étroite pour l’année à venir. Et j’ai confiance dans la capacité de tous les Présidents de région à travailler dans un esprit républicain, pour faire reculer durablement le chômage.

  Cette bataille de l’emploi doit dépasser les clivages politiques traditionnels. Nous aurons avec le Président de la République et e Premier ministre des échanges avec l’ensemble des présidents de Région dès le début de l’année prochaine pour co-contruire des réponses adéquates.

  Nous avons des objectifs précis : faire émerger sur les bassins d’emploi des plans de formation adaptés favorisant le retour à l’emploi des chômeurs, mobiliser l’ensemble des acteurs pour changer les représentations sur l’apprentissage et améliorer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins économiques, mobiliser l’ensemble des leviers du service public de l’emploi pour appuyer la création d’entreprises.

  Sur l’ensemble de ces sujets, nous devons construire des stratégies communes avec les Régions, et c’est bien le rôle de l’Etat de les impulser. Je connais les questionnements et les inquiétudes autour de la mise en œuvre de la loi NOTRe. C’est dans le cadre d’objectifs communs et cohérents qu’une délégation pourra être envisagée sur la coordination du service public de l’emploi, dans le cadre fixé par la loi, c’est-à-dire hors Pôle Emploi et dispositifs nationaux..

 Vous pratiquez les politiques de l’emploi depuis de nombreuses années, vous êtes en première ligne pour identifier les blocages pour mieux lutter contre le chômage.

 Je souhaite que nous échangions sur les pistes que vous envisagez pour vos Régions en 2016, les actions concrètes que vous allez conduire pour faire reculer le chômage, et pour améliorer encore la qualité du service public que nous rendons.

 Sur l’ensemble de ces points, je suis maintenant à l’écoute de vos avis et de vos propositions.