Les abilympics

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président Du Conseil Régional, cher Alain
Monsieur le Président du Conseil Général, cher Jean- Luc
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Président des Abilympics, cher Noël ROGER
Monsieur le président de la Chambre des métiers, cher Yves PETITJEAN
Monsieur le Président du COFOM, cher Michel GUISEMBERG
[Monsieur le Président du MEDEF, cher Pierre GATTAZ]
Mesdames et Messieurs,

Je suis très contente, et même un peu émue, d’être parmi vous aujourd’hui : c’est en effet une belle, une très belle cause que celle de ces Abilympics, qui nous réunissent aujourd’hui.

Je suis contente et fière car, en 2014, le Ministère du travail a répondu à la sollicitation de la Fédération Internationale Abilympics pour l’organisation de cette manifestation en France.
Et le Ministère n’a pas ménagé son soutien et son énergie pour aider l’association Abilympics France à financer et à monter cet événement. J’en profite également pour saluer le rôle joué par le Conseil régional d’Aquitaine, l’Association des régions de France, l’Agefiph, les branches et les entreprises partenaires – et je sais qu’elles sont très nombreuses à avoir financé et à avoir apporté un soutien logistique pour l’organisation de cette compétition. [Je salue à ce titre le représentant du MEDEF, Monsieur Gattaz, ici présent.]

Votre engagement collectif a permis à cette idée de devenir réalité : grâce à vous 600 candidats, venus de 35 pays différents, représentants 49 métiers vont faire valoir leurs compétences pendant deux jours, sous les yeux de plusieurs dizaines de milliers de visiteurs.

Avant même la fin de cette compétition et l’heure du bilan, qui sera, j’en suis certaine, positif, je veux dire un grand bravo à tous les participants aujourd’hui présents. Ces Abilympics, ce n’est pas seulement une formidable vitrine pour des talents et des savoir-faire d’excellence, c’est aussi et surtout l’occasion de changer de regard sur le handicap. Quoi de plus utile, de plus efficace, de plus noble pour faire tomber les préjugés ?
Une compétition de haut niveau où chacun, chacune, peut faire la démonstration de ses compétences pour nous montrer qu’une société plus égalitaire, plus juste est non seulement souhaitable, mais possible. Les Abilympics font vivre l’idée selon laquelle le travail et le talent ouvrent les voies de la réussite pour tous, indépendamment de leur condition.

Etre ici, c’est donc affirmer un principe fort : celui de l’égalité sur le terrain professionnel. Cette égalité, inscrite dans la loi, est, nous le savons, encore loin d’être acquise. Elle reste donc un combat permanent, contre les pesanteurs et les discriminations, dont les personnes en situation de handicap, sont encore trop souvent les victimes.

Dans notre pays, 2 millions de personnes en âge de travailler ont une reconnaissance administrative du handicap. Deux millions ! L’équivalent de la population parisienne, plus de deux fois l’agglomération bordelaise… Cette immense population des travailleurs en situation de handicap se caractérise malheureusement par un plus faible niveau d’études que la moyenne.

Parce que, nous le savons aussi, les inégalités se jouent dès l’école, il est donc indispensable de poursuivre nos efforts pour développer la scolarisation en milieu ordinaire des jeunes en situation de handicap. Il faut en effet que tous les jeunes collégiens, tous les jeunes lycéens concernés se projettent avec envie et succès dans l’avenir, sans limitation. Les Abilympics mettent ainsi en valeur de jeunes professionnels talentueux qui peuvent devenir des modèles à suivre, pour tous ceux qui justement ont l’envie et le talent.

Les Abilympics invitent en effet à lutter contre l’autocensure que s’imposent parfois elles-mêmes les personnes en situation de handicap et leurs proches à l’égard de métiers ou de formations qu’ils jugent parfois inaccessibles. C’est vrai, une personne en situation de handicap trouve sur son chemin plus d’obstacles qu’une personne valide. Et ces obstacles se traduisent encore trop souvent par de la frustration, de l’exclusion, de la souffrance. Trop souvent les personnes concernées et leurs proches doivent subir un véritable parcours du combattant et cela peut-être sans se sentir suffisamment soutenus par les pouvoirs publics. Notre responsabilité collective, c’est bien entendu de rendre ce parcours moins difficile et de lever le maximum de barrières.
Mais cet événement permet aussi de lutter contre le réflexe, encore trop souvent répandu, d’employeurs qui confondent handicap et manque de compétences. Une faute morale et un gâchis social, voilà la conséquence de cette discrimination pour une société qui en vient à se priver de ressources, d’innovation, de dynamisme, de créativité, pour la plus mauvaise raison qui soit.

Il nous faut donc agir encore et toujours pour faire évoluer les mentalités. Il n’y a pas de fatalité. L’Histoire montre que la société change, qu’elle évolue et que lorsque ses a priori sont questionnés régulièrement, comme c’est le cas à l’occasion de ces Abilympics, elle peut progresser.

Le déroulement conjoint des Abilympics et des sélections régionales des Olympiades des métiers est à cet égard significatif. En France, les personnes handicapées qui concourent aux Abilympics sont sélectionnées dans le cadre des épreuves régionales et nationales organisées pour les Olympiades des métiers. Il s’agit d’une spécificité française à laquelle nous tenons : nous voulons montrer que les personnes handicapées ne sont pas à part, qu’elles peuvent travailler comme et avec les autres.

En tant que Ministre du Travail, je suis bien entendu particulièrement attentive à la question de la formation professionnelle, qui est une des clefs d’accès à l’emploi pour les personnes handicapées.

Je rappelle que les ¾ d’entre eux disposent d’un niveau d’études inférieur ou égal au BEP-CAP. Au-delà de la formation initiale, il faut donc renforcer la formation continue et faciliter l’accès à l’apprentissage pour faciliter leur insertion économique et sociale.

Vous le savez, j’ai présenté hier une loi en Conseil des Ministres, qui a suscité beaucoup de commentaires, beaucoup de questions, beaucoup de mouvements. Mais cette loi, je l’assume intégralement. Son ambition est immense puisqu’elle se donne pour objectif de refondre le Code du travail pour adapter notre organisation sociale au monde tel qu’il est. Qu’est-ce à dire ? Donner plus de souplesse à nos entreprises, accorder plus de place aux partenaires sociaux, créer de nouveaux droits pour les actifs de ce pays. En résumé, répondre aux besoins de notre économie et répondre dans le même temps aux attentes et aux aspirations de nos concitoyens.

Cette loi favorisera notamment la sécurisation des parcours professionnels, en dotant chacune et chacun, indépendamment de son statut, d’un Compte personnel d’activité, crédité tout au long de sa vie professionnelle. Un droit universel à la formation. Mais un droit adapté aux besoins de chacun : c’est pourquoi tous ceux qui sont dépourvus de qualification, notamment, auront un véritable droit à la 2ème chance. Je pense donc ici aussi à ceux de nos concitoyens qui ont vu leur parcours professionnel compliqué par un handicap. Eux aussi, eux surtout, seront les grands bénéficiaires de cette avancée majeure qui pose les bases d’une véritable sécurité sociale professionnelle.

Mais c’est vrai également de notre Plan 500.000 formations, déployé dans toutes les régions et que je signerai tout à l’heure avec le Président Rousset. Ce plan permettra d’amplifier les solutions de formations auxquelles les demandeurs d’emploi handicapés peuvent accéder pour mieux s’adapter à leurs besoins, leurs profils et leurs attentes.

C’est bien ainsi que doit se concevoir une société de progrès : accorder des droits à tous, en tenant compte de la situation de chacun.

Pour rendre chacun pleinement acteur de son parcours, de son existence, de son épanouissement, de ses succès.
Je vous félicite et vous remercie de donner aujourd’hui cette image positive de dynamisme, de solidarité, de tolérance, d’ouverture d’esprit et de cohésion.
Je souhaite bonne chance à tous les candidats des sélections régionales des Olympiades des métiers et des Abilympics. J’ai pu en voir à l’œuvre, ils sont impressionnants.