Discours de Myriam El Khomri lors du Trophée U-Spring, le 8 septembre 2016

Seul le prononcé fait foi

Trophée Uspring – 8 septembre 2016

Madame la Présidente, Chère Sabine Lochmann
Madame la directrice, chère Carine Chevrier,
Madame Rose-Marie Van Lerberghe,
Mesdames et Messieurs les entrepreneurs,
Mesdames et Messieurs les lauréats,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie d’être venus aujourd’hui au ministère du Travail. Je n’avais pas pu me rendre à la remise officielle des trophées « U-Spring » en avril, mais je tenais malgré tout à en rencontrer les lauréats. C’est désormais chose faite et j’attends avec curiosité de découvrir en détails les projets retenus.

J’attache en effet une importance capitale à la question de la formation professionnelle, comme vecteur de compétitivité pour notre économie bien sûr, mais surtout comme outil de sécurisation des parcours professionnels et comme moyen de réalisation professionnelle et personnelle pour nos concitoyens.

Bien entendu, les entreprises ont un rôle essentiel à jouer si nous voulons répondre collectivement à ces enjeux : elles sont les mieux placées pour investir dans le développement des compétences de leurs collaborateurs et leur offrir des perspectives. Je suis donc attentive à toutes les initiatives privées innovantes qui peuvent émerger, aux côtés des politiques publiques que nous engageons et c’est la raison de mon invitation aujourd’hui.

Les politiques mises en place par le gouvernement, vous les connaissez, elles sont nombreuses :

  • il y a d’abord une réforme créatrice de nouveaux droits pour les individus avec la loi du 5 mars 2014 : je pense bien sûr au conseil en évolution professionnelle et au compte personnel de formation. Cette première brique permet d’améliorer l’accompagnement et l’accès à la formation des actifs. D’ores et déjà le compte personnel de formation est un succès, puisque nous comptons près de 500 000 dossiers validés.
  • il y a ensuite le Plan 500 000 formations engagé depuis janvier 2016. Ce plan massif, qui s’adresse d’abord aux demandeurs d’emplois, a été pensé pour s’adapter aux spécificités et besoins de chaque territoire, de chaque filière, de chaque entreprise, grâce à l’appui des Régions. Il ne s’agit pas de former pour former, mais de former utile. Ceci constitue une véritable révolution qualitative et quantitative pour faire de la formation, qui a longtemps été notre faiblesse, un atout clé de notre développement économique et de notre lutte contre le chômage. Ici aussi la dynamique est très forte et nos objectifs devraient être atteints.
  • et il y a bien sûr la création du Compte personnel d’activité au 1er janvier 2017 grâce à la loi travail. Ce compte, qui intégrera le compte personnel de formation, est la matérialisation d’une nouvelle approche du monde du travail.

C’est lui qui, en instaurant notamment un droit universel à la formation, pose les bases d’une véritable sécurité sociale professionnelle pour les actifs, quelques soient leurs parcours, leurs statuts et leurs choix de carrière.

Ensemble, ces réformes poursuivent les mêmes objectifs : permettre des évolutions professionnelles plus fluides et plus protectrices, former ceux qui en ont le plus besoin, et faire de la formation professionnelle un investissement et non une charge pour les entreprises.

Miser sur la formation est un pari au long cours, mais c’est un pari indispensable. Pourquoi ? Très simplement parce que notre stratégie économique et sociale, au niveau national comme au niveau de chaque entreprise, ne peut pas se résumer à la compétitivité par la réduction des coûts. C’est un effort souvent nécessaire bien sûr, mais toujours insuffisant pour générer durablement de l’activité, pour monter en gamme et tout simplement pour créer des emplois sur notre territoire.

Nous connaissons tous des entreprises ou des filières qui, face à des difficultés, ont cru s’en sortir en réduisant drastiquement leurs coûts et en abandonnant l’innovation et des investissements pourtant cruciaux telle que la formation.

Bien souvent le résultat est sans appel : lorsque la reprise est là, lorsque les commandes reviennent, ces entreprises n’ont plus les capacités et les compétences pour les honorer. C’est un véritable gâchis. Un gâchis économique, mais surtout un gâchis pour ces femmes et ces hommes qui auraient pu évoluer et continuer d’apporter une contribution utile à leur entreprise, à eux-mêmes et à l’ensemble du pays.
Il est donc crucial que des grands groupes tels que ceux qui sont représentés ici, aient fait leur mue culturelle et puissent aujourd’hui montrer l’exemple et se saisir à bras le corps de la problématique de la formation.

C’est en cela qu’une Université d’entreprise entre dans le champ de la RSE : il ne s’agit pas seulement d’améliorer les performances d’une structure ou de renforcer le sentiment d’adhésion de ses collaborateurs, il s’agit de participer à une montée générale des compétences. Il s’agit de considérer que l’intelligence – et j’insiste : l’intelligence et les savoir-faire de tous et non seulement de quelques-uns, car l’entreprise est un collectif – que cette intelligence est au cœur de toute création de valeur

Voilà à mes yeux le sens même d’une Université d’entreprise et je ne peux que me réjouir de constater que, parmi les projets récompensés, existe une volonté commune de dépasser la seule formation des cadres pour mieux s’adresser à tous : salariés, sous-traitants ou encore publics extérieurs présents sur son territoire d’implantation.

Agir efficacement, c’est agir sur tout l’écosystème tant les interactions sont aujourd’hui nombreuses. Je salue également les innovations technologiques et pédagogiques portées par les lauréats : elles contribuent très directement à améliorer la transmission des connaissances au plus grand nombre.

Voici en quelques mots ce que je souhaitais vous dire aujourd’hui avant de vous laisser la parole. U-spring est un jeune rassemblement qui révèle probablement qu’une prise de conscience salvatrice est à l’œuvre. Une prise de conscience par le monde de l’entreprise de la nécessité de faire de la formation une priorité. Dans leur intérêt bien sûr, mais plus largement dans celui de notre économie et de la société. C’est en tout cas ma vision d’un engagement responsable et je pense que vous êtes nombreux à la partager ici, même s’il nous reste encore un long chemin à parcourir.

Je renouvelle mes félicitations aux lauréats et vous remercie tous de votre engagement,