Lancement de l’Emploi store

Seul le prononcé fait foi

Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Directeur général de Pôle emploi,
Vous tous réunis ici, spécialistes du travail, de l’emploi et du numérique.

Nous voici au NUMA, l’un des lieux parisiens de la nouvelle économie qui se prête si bien au lancement de l’Emploi store, emblème de la transformation numérique de Pôle emploi. J’en salue sa directrice Marie Vorgan le Barzic avec qui nous avons initié une démarche partenariale originale.

Nous savons tous que la transformation numérique de l’économie est engagée. Partout on voit surgir des idées et des applications concrètes, de nouveaux acteurs aussi.

Les opportunités sont immenses – tant pour les entreprises – celles qui existent et celles qui sont encore à créer – que pour les personnes, y compris celles qui sont loin de l’emploi.
Ce qui est fort dans le numérique, c’est qu’il répond à la demande économique et en même temps à la demande sociale.
Il est un fait culturel majeur, qui transforme nos modes d’existence.
Evidemment, tout phénomène de cette ampleur a sa part de risque de déséquilibres, d’iniquités, de dangers. Ces risques, il ne faut pas les craindre, il faut les maîtriser.

Nos politiques doivent se saisir de cela. Et je ne parle pas ici d’une « mesure numérique », ni même d’un « plan d’action numérique ». Nos politiques doivent intégrer le fait numérique comme une donnée essentielle, permanente et structurante.

C’est l’ambition de la démarche « Numérique, emploi, travail » (NET) du ministère que je viens présenter devant vous. Et je n’oublierai pas l’emploi store qui en est le navire amiral.

Dans cette démarche, tous les aspects sont concernés : l’emploi, la formation, le travail, et à travers eux le dialogue social.
Elle repose sur une méthode ouverte, pas sur un énième plan d’action pensé en chambre mais une démarche portée par des entreprises, des startups, des organismes de formation, des associations des organismes publics, autour du ministère du travail.
Elle tient en trois grandes finalités, qui embrassent l’essentiel du champ de compétence du ministère du travail :

1. Faire du numérique un levier d’investissement massif dans le capital humain du pays
2. Faciliter la rencontre entre offre et demande d’emploi grâce au numérique
3. Faire du numérique un moyen d’améliorer la vie au travail

Premier axe : Faire du numérique un levier d’investissement massif dans le capital humain du pays

Notre économie a déjà besoin, mais aura bientôt massivement besoin, de personnes à l’aise avec les outils numériques, avec le codage, avec la logique de réseau. Il y a là un formidable enjeu de compétitivité et de capacité à innover, et des gisements considérables d’emplois de tous niveaux. Mais pour être au rendez-vous de ces opportunités, il nous faut dès à présent investir massivement dans la formation aux compétences du numérique.
- Nous allons donc créer une « école numérique au carré » : j’entends par là une école qui forme AU numérique PAR le numérique. Elle sera une grande plateforme de MOOCs, la plus grande de France même, puisqu’elle rapprochera celles qui existent et qui ont été développées par des acteurs privés ou publics. Elle donnera alors accès à un bouquet de certifications aux métiers et compétences numérique, ouvertes à tous. Et sur cette plateforme, nous penserons un accès spécifique et gratuit pour les demandeurs d’emploi, financé notamment par le compte personnel de formation. Le numérique recrute et les compétences numériques donneront accès à l’emploi à ceux qui les auront. Il y a là de réelles opportunités pour se relancer dans l’emploi.
- Le numérique, c’est aussi un outil pour rendre plus facile l’accès à l’apprentissage. On le sait, c’est encore le parcours du combattant du côté des jeunes, pour trouver des places d’apprentissage, et du côté des employeurs, pour trouver des apprentis. La qualité de l’information est essentielle en la matière, et je crois qu’ici le numérique peut apporter des solutions. Notre projet est de mettre en place une offre complète de services dématérialisés à l’usage d’employeurs d’apprentis et de jeunes apprentis ou futurs apprentis. On y trouvera un outil de géolocalisation intelligente pour identifier les opportunités de chaque territoire, une bourse d’apprentissage, des simulateurs d’aides et de coûts, pour aider l’employeur à prendre sa décision de recrutement. Nous allons également, en partenariat avec les organismes consulaires, dématérialiser l’ensemble des procédures, de la demande d’aide à l’enregistrement des contrats.

Ces deux chantiers nous montrent combien le numérique est un sujet essentiel de formation, mais également un vecteur qui peut permettre de rendre plus accessible la formation et l’alternance.

Deuxième axe : Faciliter la rencontre entre offre et demande d’emploi grâce au numérique

Cet axe porte la conviction que, par l’analyse et le croisement de données, on peut rapprocher le besoin et la demande, le profil d’un tel avec les compétences demandées ici ou là.

Bien évidemment, cette logique, c’est tout l’esprit de l’Emploi store, qui est au cœur de cette présentation. C’est un très grand pas en avant. C’est tout le sens de la convention tripartite que nous avons signée avec les partenaires sociaux et que Jean Bassères met en œuvre avec détermination.
Que va faire l’Emploi store ? Il va donner à Pôle emploi une force nouvelle en accueillant la multitude d’applications qui rendent un service pour l’emploi. 100 aujourd’hui, des centaines ou milliers demain.
Et voilà l’offre de service qui double, triple, quadruple d’un seul coup pour un service toujours plus pertinent et personnalisé.

L’Emploi store, c’est aussi une méthode, avec de nouvelles alliances : le public et le privé, la centralité de l’opérateur historique et l’agilité des jeunes pousses, une expertise affirmée avec une capacité inédite d’innovation.

Cette méthode, j’ai souhaité que mon ministère l’adopte sur l’ensemble de son champ. Ainsi, nous avons, dans le cadre du NUMA, notamment, organisé des séances d’échanges entre les acteurs de nos politiques publiques, et les acteurs du numérique. Je crois que nous sommes les pionniers parmi les ministères d’une telle démarche de haut niveau. Il en est ressorti plusieurs d’initiatives portées par des startups qui vont cheminer avec nous pour développer de nouvelles solutions, et ce n’est que le début.

Les projets en cours couvrent un champ large qui va de la géolocalisation des emplois au moteur de recherche par compétences en passant par le recrutement sans CV ou l’assistant numérique du recruteur.
Le travail des données doit permettre de mettre en place des outils d’aide à la décision pour chacun. Songeons que demain, nous serons capables de modéliser les trajectoires professionnelles en fonction des formations suivies, des emplois recherchés, des territoires prospectés, et d’aider en conséquence les étudiants, les salariés, les chômeurs, à faire les bons choix ! Aujourd’hui même, des travaux en ce sens sont engagés.

Vous l’avez compris, nous nous ouvrons au big data et nous faisons également évoluer nos méthodes, Nous allons accompagner, voire accélérer plusieurs projets développés avec des startups et qui, tous, initient des actions nouvelles autour des données de l’emploi.
Avec MonkeyTie, nous visons l’orientation prédictive pour trouver l’emploi et la carrière qui correspond à chacun, mais également l’environnement de travail dans lequel on se sent bien.

Avec Multiposting et Cap Digital, nous croiserons les données « emploi » et les données « territoire » pour progresser dans la compréhension du marché du travail, en allant au-delà des offres d’emplois publiées et en cherchant à comprendre le marché caché.
Avec Mindmatcher, nous réaliserons une cartographie des compétences, mais aussi de l’ensemble des compétences sociales que chacun possède.
Voilà trois actions innovantes et issues d’un exercice ouvert qui a pris naissance au NUMA.

Dans un autre domaine, l’orientation, nous allons faire un pas décisif et créer un objet nouveau, ouvert : un Wikipédia des métiers, des compétences et des diplômes, non pas à la place du ROME mais en plus, afin de permettre aux professionnels de décrire eux-mêmes les compétences et les métiers qu’ils exercent et qui évoluent sans cesse.

Enfin, le numérique permet de toucher des publics autrefois peu accessibles au service public de l’emploi.
C’est le sens du projet Connect Emploi qui est développé par Emmaüs Connect. Nous constituerons avec eux l’assistant personnel du jeune en situation de fragilité et qui cherche à s’insérer dans l’emploi.
Au même endroit seront regroupées toutes les informations sur l’orientation, la formation, l’accès à l’emploi – et non à de multiples endroits et dans un langage dans lequel les plus fragiles ne se retrouvent pas.
Non seulement ConnectEmploi rassemblera les informations, mais en plus les rendra accessibles, les retraduira en des termes et selon une présentation qui ont été travaillés avec des jeunes en difficulté et avec des experts.

Troisième et dernier axe : Faire du numérique le moyen de mieux travailler

Avec l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail –et la Fédération Internet Nouvelle Génération, nous allons construire un transformateur numérique, qui accompagnera des expérimentations en milieu de travail portant sur des nouvelles organisations du travail, liées au numérique.

Que sera-t-il ? Un accélérateur de projets qui changent les conditions de travail grâce au numérique. L’endroit, aussi, où nous pourrons travailler sur les nouvelles formes de travail, poser des sujets de droit (le travail à l’ère des plateformes, le droit à la déconnexion…) et immédiatement expérimenter !

J’ai également chargé Bruno Mettling, DRH d’Orange, d’une mission sur les impacts de l’essor du numérique sur la vie au travail qui me remettra son rapport à la rentrée. J’en attends des propositions stimulantes tant le numérique peut remettre en cause les modes de régulation issus du passé.
J’ai enfin chargé le Conseil National du Numérique d’une mission de réflexion à plus long cours sur l’avenir du travail.

Voilà la démarche, l’ambition, le plan NET. Elle met sur la table de nouveaux sujets de travail, mais aussi une nouvelle manière de travailler pour les responsables de politiques publiques que nous sommes. Car le numérique, ce sont des technologies, mais plus encore une méthode, une manière de penser.
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Cette nouvelle manière de penser, elle peut servir les politiques dont j’ai la responsabilité, et je compte sur vous tous pour nous aider à la développer.

A vous de jouer, désormais. Et c’est à Jean Bassères qu’il revient de présenter cette formidable initiative qu’est l’Emploi store auquel j’apporte mon soutien total.